Au Japon, les voitures vont-elles bientôt carburer à... la bouse de vache ?

Des exploitants agricoles testent la production d’électricité à partir de fumier de vache pour alimenter des véhicules sur l’île d’Hokkaido. Ce projet va peut-être bientôt s’étendre à d’autres déchets

Article rédigé par Yann Rousseau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Les vaches de l’île d’Hokkaido, produisent, à elles seules, la moitié du lait consommé au Japon (photo d'illustration, le 8 octobre 2010). (IMAGE HOUSE/A.COLLECTIONRF / AMANA IMAGES RF)
Les vaches de l’île d’Hokkaido, produisent, à elles seules, la moitié du lait consommé au Japon (photo d'illustration, le 8 octobre 2010). (IMAGE HOUSE/A.COLLECTIONRF / AMANA IMAGES RF)

Des éleveurs japonais participent, en cet été 2025, à un grand projet expérimental de production d’électricité à partir de fumier. Ce courant vert sert à alimenter des voitures, mais aussi des véhicules agricoles. Cette expérience se déroule tout au nord du Japon, sur l’île d’Hokkaido, une région assez agricole, qui abrite un million de vaches. Elles produisent, à elles seules, la moitié du lait consommé au Japon, mais elles génèrent aussi beaucoup de fumier : chaque animal produit en moyenne 60 kilos de fumier par jour (bouse et urine comprises).

Les fermiers cherchaient donc un moyen de revaloriser ces déchets. Il est toujours possible de les composter pour en faire de l’engrais, mais ils voulaient aller plus loin. Avec l’aide de scientifiques, ils se sont donc lancés dans la production d’électricité.

Ce projet repose sur le fait de transformer le fumier en hydrogène. Plusieurs fermes amènent leurs déchets dans un grand centre de collecte situé dans la ville de Shikaoi. Là, le fumier est traité par une bactérie qui le digère et le transforme. Le centre récupère ainsi une sorte d’engrais liquide, mais aussi du gaz. Le méthane, le même que celui que l’on extrait habituellement des puits de gaz naturel ou des mines de charbon, est, dans le cas présent,  généré naturellement à partir du fumier, puis traité avec de la vapeur d’eau pour être transformé en hydrogène. Cet hydrogène est utilisé dans une station-service juste à côté. Il sert à remplir les réservoirs des voitures électriques de la mairie, mais aussi des tracteurs qui travaillent dans les champs de la région.

L'objectif de produire de l'hydrogène avec de l'urine

Il existe de plus en plus de voitures électriques qui ne fonctionnent pas avec de grosses batteries que l’on recharge, mais avec un réservoir d’hydrogène. Lorsque vous roulez, la voiture mélange de l’hydrogène avec l’oxygène de l’air. Cela produit de l’électricité,  sans émettre de CO2. Le seul résidu qui sort du pot d’échappement : c’est de l’eau.

Cette technique ne fonctionne, pour l'instant qu’avec le fumier de vache qui est la principale source de déchets utilisée. Mais, les chercheurs pensent que l’on peut aller plus loin. Ils étudient la possibilité de produire de l’hydrogène, et donc de l’électricité, à partir de l’urine humaine, car elle contient beaucoup d’urée, et l’urée peut générer de l’hydrogène grâce à une technique d’électrolyse. Des essais sont en cours dans plusieurs pays, mais il n’existe pas encore de projet à grande échelle permettant de faire fonctionner tout un parc automobile avec l’urine de la population.

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