Vidéo "Je ne veux pas que ce soit triste" : Odette, qui a décidé de mourir dans un éclat de rire plutôt que de dépérir, témoigne dans "Envoyé spécial"

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Article rédigé par France 2
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Alors qu'en France, le débat sur la fin de vie a été reporté après la dissolution de l'Assemblée, au Québec, l'aide médicale à mourir est légale depuis 2015, sous certaines conditions. Odette, une Québécoise atteinte d'un cancer désormais incurable, a choisi de mettre un terme à sa vie entourée de ses proches, avant que la maladie ne l’emporte. Elle a voulu raconter son histoire à "Envoyé spécial", jusqu'au dernier chapitre.

Quand l’équipe d’"Envoyé spécial" rejoint Odette chez elle, près de Montréal, cette pétillante Québécoise de 64 ans n’a plus que quelques jours à vivre. Le dimanche suivant, elle recevra l'aide médicale à mourir qu'elle a demandée.

Considérée comme un soin médical au Québec, l’aide à mourir est administrée par des médecins volontaires. Seuls les patients remplissant les critères d’admissibilité établis par la loi peuvent y avoir recours. L’un des principaux critères : souffrir d’une maladie grave et incurable. C’est le cas d’Odette. Le cancer des poumons contre lequel elle s'est battue pendant huit ans ne lui laisse plus que trois mois à vivre, elle refuse que ce soit la maladie qui la tue.

Des blagues sur ses propres funérailles

L'équipe du magazine a suivi Odette et ses proches durant les cinq derniers jours de sa vie. Au téléphone avec ses amies, la sexagénaire se dit apaisée ("zéro stress"). Ni l'échéance, ni la fatigue accrue, ni les métastases qui "s'en donnent à cœur joie" depuis l'arrêt de la chimiothérapie n'empêcheront la conversation d'être joyeuse, ponctuée de plaisanteries et d'éclats de rire. Odette raconte qu'à une amie qui lui conseillait de se reposer, elle a répondu : "Je n’ai pas envie de me reposer ! Je vais me reposer dimanche, pour l'éternité."

"Moi, je ne veux pas que ce soit tabou, je ne veux pas que ce soit triste. C'est une réalité. C'est un combat que j'ai mené, et on arrive à la fin. Il faut démystifier ça, la mort." 

Odette Morency

dans "Envoyé spécial"

Reporter la date fatidique ? Ce serait possible, tout comme renoncer à recevoir l'aide à mourir, jusqu'à la dernière seconde, mais ce serait "juste retarder la peine de tout le monde", estime Odette. A ses côtés, l'un de ses enfants lui tient la main. Il a pris des congés pour rester avec elle jusqu'à la fin.

Une chambre installée spécialement 

Odette ne voulait pas mourir à l'hôpital, ni chez elle, comme la loi québécoise le permet. Une chambre dédiée, confortable et chaleureuse, a été mise à disposition dans une maison pour personnes âgées. Le jour J, tous ceux qui lui sont chers sont réunis à ses côtés pour un dernier adieu. Seuls les plus proches vont rester auprès d'elle jusqu'aux derniers moments.

Avant de lui injecter le produit qui va mettre fin à son existence, le médecin demande encore une fois : "C'est bien votre décision ? C'est bien maintenant que vous voulez le faire ?" Après un ultime trait d'humour, voici les derniers mots d'Odette, qui a tenu à ce qu'ils soient enregistrés : "Je suis contente de mon départ, avec tous les gens que j'aime."

Extrait de "Le choix d'Odette", un reportage, réalisé par Anaïs Bard, Juliette Jonas, Marion Gualandi, Baptiste Blanc et Benoît Sauvage, à voir dans "Envoyé spécial" le 30 janvier 2025.

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