: Vidéo "Envoyé spécial" sur le ring avec des "cholitas luchadoras", ces catcheuses symboles d'émancipation féminine en Bolivie
"Envoyé spécial" vous emmène dans la métropole la plus haute de la planète : El Alto, près d'un million d'habitants à 4 100 mètres d'altitude. La grande fierté de la ville andine, ce sont les combats de "cholitas", ces catcheuses boliviennes d'origine indigène qui combattent en robes traditionnelles. Images décoiffantes dans cet extrait.
Un dimanche soir, à 500 mètres au-dessus de La Paz, la capitale bolivienne, l'ancienne banlieue d'El Alto est devenue une ville à part entière. Dans cette cité majoritairement peuplée d'Aymaras, une ethnie autochtone andine, le match de "lucha libre" va bientôt commencer, et le public commence à affluer. Si le prix d'entrée est modique pour les Boliviens, les touristes, eux, paieront leur place 20 euros. Et ils sont nombreux, car le spectacle vaut le détour...
Sur le ring, des catcheuses en jupons traditionnels, des "cholitas luchadoras" ("cholita" désigne une femme indigène d'origine campagnarde, "luchadora" signifiant "lutteuse"). Elles gagneront entre 20 et 50 euros la soirée, en fonction de leur ancienneté et de leur statut. Pour Benjamin Napoleón Simeoni, organisateur et père d'une des catcheuses, c'est un bon business. Ce soir, il s'agit du combat le plus important de la semaine, car il va compter pour le championnat national. Les vainqueures ne sont pas programmées à l'avance, jure-t-il, même s'il est vrai que "parfois, on s'arrange avant".
Pas de règles, mais une bonne dose de comédie
Il y a pourtant une chose qui est programmée à chaque match : faire monter un membre du public sur le ring. Et ce soir-là, l'équipe d'"Envoyé spécial" est la proie idéale. Le journaliste Loïc de La Mornais se retrouve ainsi au centre d'un vaudeville qui va servir de prétexte au combat.
Sur le ring, "Elisabeth la Voleuse de cœurs" et "Nelly la Douce", en jupon vert. Ce sont leurs noms de scène, la première s'appelle en réalité Verónica. Au quotidien, elle est fonctionnaire, un emploi aujourd'hui accessible aux femmes quechuas et aymaras longtemps marginalisées, confinées au foyer et souvent victimes de violences domestiques. "Elisabeth-Verónica", qui catche pour arrondir ses fins de mois, est une pionnière de ce sport symbole d'émancipation des femmes indigènes.
"Elisabeth" entame d'abord une danse de séduction avec Loïc de La Mornais, puis son adversaire fait mine de lui chiper son "fiancé" dans son dos. Mais la volée de coups (claque et coups de pied) qu'essuie le journaliste n'est pas simulée… Malgré les protestations (pour la forme) de l'organisateur, il est violemment jeté sur le plancher. "Elle m'a démonté. C'était hyper fort", confie-t-il en se relevant.
Dans le public, des touristes et des Boliviens de tous âges
Après cette scène d'introduction, le match peut commencer pour de bon. Sur le même plancher, "Nelly" s'écrase lourdement, projetée à bout de bras par son adversaire. Loin de s'avouer vaincue, elle grimpe aussitôt sur les cordes pour s'élancer, en bonne "cholita volante", de tout son poids sur les épaules d'"Elisabeth"… Les deux séductrices règlent leurs comptes sans pitié, s'éjectant du ring à tour de rôle dans des glissades effrénées qui font la joie du public, notamment bolivien, de toutes les générations.
Il y a des habitués, comme cette maman et sa petite fille – peut-être une future catcheuse cholita ? – qui viennent "tous les dimanches, depuis qu'elle est toute petite". Dans les gradins, une femme plus âgée, chapeau melon sur la tête, se dit "très fière que ce soit des femmes indigènes qui luttent. Avant, nous, les femmes, on ne nous voyait pas. Grâce à ça, maintenant, on existe !"
Vingt ans après leur naissance dans le sillage de l'élection d'Evo Morales, premier président indigène de la Bolivie, les cholitas ont gagné le plus important des combats. Hier, les jupons et les chapeaux melons étaient des symboles campagnards, soumis au racisme et à la moquerie. Aujourd'hui, ils inspirent le respect.
Extrait de "Les madones du ring", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 27 mars 2025.
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