Vidéo "Cannes, ça n'est pas que le strass et les paillettes" : "Affaires sensibles" revient sur le rôle clé de la CGT dans l'histoire du Festival

Publié le 18/05/2025 11:43 Mis à jour le 18/05/2025 13:15

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C'est un rôle dans lequel on n'aurait pas forcément attendu le premier syndicat ouvrier de France : comment, grâce à la CGT, le Festival de Cannes, mort-né en 1939, a pu renaître des décombres de la guerre et s'ancrer dans la ville, après une première édition plutôt acrobatique... Retour en 1946 dans cet extrait d'"Affaires sensibles".

"Ça a vraiment été quelque chose d'extraordinaire (...). Et il y a eu une quantité de films… on ne reverra jamais ça. Tout le cinéma contemporain est né de ce premier festival". Ce Festival de Cannes, c'était son idée, au départ (en 1938, pour contrer la Mostra de Venise dans l'Italie de Mussolini), alors Philippe Erlanger savourait encore des décennies plus tard le succès de sa première édition. En 1939, la guerre l'avait empêchée ; en 1946, elle apparaît comme une victoire du monde libre.

Pourtant, rien n'est gagné, car au vu des incidents qui l'ont émaillée (coupures de courant, bobines perdues, inversées…), l'Etat hésite à prolonger l'expérience...

Une mobilisation massive pour relever "un défi fou"

Pour garantir à son festival des conditions qui permettront de le pérenniser, la ville de Cannes doit lui offrir un lieu dédié : il faut donc construire un Palais des festivals… en quatre mois. "C'est un défi fou", souligne l'historien Tangui Perron. Et c'est un acteur inattendu dans ce rôle qui va lui permettre de se réaliser : le premier syndicat ouvrier de France, la CGT.

Dans un pays en ruines au sortir de la guerre, où la population manque de tout, relancer un festival de cinéma pourrait paraître secondaire... Loin de là, souligne Sophie Binet, l'actuelle secrétaire générale de la GGT, car il faut aussi "du sens, des perspectives collectives, et une société plus juste, qui va permettre à chacun d'accéder à l'éducation, à la culture, aux loisirs".

Tous les corps de métier répondent à l'appel de la CGT. Massive, la mobilisation est souvent bénévole. Venus de toute la région, des milliers d'ouvriers se relaient jour et nuit sur le chantier. "C'était peut-être fou, mais quand les gens veulent s'y mettre, quand il y a de la volonté, de la classe ouvrière surtout, on y arrive", témoigne l'un d'eux avec émotion dans les archives du syndicat.

Une histoire qui "s'écrit toujours au présent"

En 1947, ce palais à construire a donné du travail à toute la ville. Les fauteuils ont été livrés dans l'urgence, "il y avait des chantiers partout, les techniciens, les ouvriers qui continuaient les peintures, etc. C'était le bazar total… la veille d'ouvrir le festival !" raconte Dominique Santin, dont le père et le grand-père, transporteurs, ont participé à cette course contre la montre.

Le jour J, le toit est provisoire, les chantiers sont camouflés par des rideaux et des fleurs… mais le festival est inauguré à la date prévue, le 12 septembre 1947, au Palais Croisette. Le maire, Raymond Picaud, fait monter les ouvriers sur scène. "La salle se lève, applaudit et chante La Marseillaise", raconte l'historien Tangui Perron.

Malgré l'affection que lui portent les Cannois, le Palais Croisette sera rasé dans les années 1980 pour faire place à un hôtel de luxe... Depuis 1983, le Festival a son nouveau palais. La mémoire de ses origines s'est estompée, mais elle reste gravée dans son ADN, rappelle Sophie Binet : "Ce sont toujours les cheminots qui, aujourd'hui, participent à la sécurité du Festival de Cannes. C'est au nom du rôle que la CGT a joué après la guerre que la CGT est membre, toujours aujourd'hui, du conseil d'administration du Festival. Donc cette histoire, elle s'écrit toujours au présent."

Extrait de "Naissance du Festival de Cannes : le combat du monde libre", à voir dans "Affaires sensibles" le 18 mai 2025.

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