"Si je n'ai pas cette consultation, je te ferai la peau" : les violences contre les médecins en pleine explosion, certains pensent à fermer leur cabinet

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Article rédigé par franceinfo - M. Martel, Y. Glemarec, B. Sidibé, S. Guibout, M.-P. Cassignard, M. Laurent, A. Da Silva. Édité par l'agence 6Medias
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Près de 2 000 agressions de médecins ont eu lieu en 2024, soit une hausse de 24 % en un an. Un fléau qui touche de plus en plus les généralistes. Ils sont de plus en plus à penser à fermer leur cabinet.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.


Derrière le sourire d'une médecin, l'inquiétude à chaque consultation. Car le souvenir de son agression est encore vif. En avril dernier, en plein rendez-vous, quelqu'un tambourine à sa porte. "On a cogné violemment à la porte, à plusieurs reprises. Je me suis dit qu'en fait, ça n'allait pas s'arrêter. Donc j'ai ouvert la porte", se souvient le docteur Nathalie Legras, médecin généraliste.

Face à elle, un jeune homme agressif. Il exige une consultation immédiate. "J'ai regardé sa main, je lui ai dit que ça ne relevait pas de l'urgence", raconte encore la praticienne. Mais l'homme s'emporte : "Il m'a dit : 'Espèce de sale pute, moi je veux une consultation tout de suite. Si je n'ai pas cette consultation, je te ferai la peau'", cite-t-elle.

Nathalie Legras a depuis porté plainte contre son agresseur. Même s'il a été interpellé, elle dit rester sur ses gardes en permanence dans son cabinet. "Il y a de la peur, il y a de l'appréhension, bien sûr. Surtout sur les patients qu'on ne connaît pas. Et d'ailleurs, quand un nouveau patient vient, vraiment, je fais très attention. Je le regarde déjà dans la salle d'attente pour appréhender la situation.", admet-elle.

Vers un durcissement des sanctions ?

Après 30 ans de métier, elle réfléchit à fermer son cabinet et à s'expatrier en Suisse, lassée des violences de plus en plus fréquentes. L'année dernière, près de 2 000 incidents ont été signalés par des médecins, soit plus de 26 % en un an. Ces agressions ont presque doublé depuis les années Covid. Le Conseil de l'Ordre des médecins demande donc plus de fermeté.

"La solution, c'est d'une part de durcir les peines et de considérer qu'il s'agit vraiment d'un délit. Aussi de mettre en place des systèmes permettant aux médecins de signaler l'agression en temps réel, d'avoir des petits boutons permettant d'alerter dès qu'il y a agression", estime le Dr Jean-Jacques Avrane, médecin coordonnateur de l'Observatoire de la sécurité des médecins au Conseil de l'Ordre.

Les agresseurs risquent jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende pour les violences les plus graves.

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