Pourquoi la pétition réclamant un référendum sur l'immigration lancée par Philippe de Villiers ne peut pas être comparée à celle contre la loi Duplomb

L'ancien candidat à l'élection présidentielle et fondateur du parc du Puy du Fou a mis en ligne une pétition demandant à Emmanuel Macron un référendum sur l'immigration, qui revendiquait vendredi après-midi près de 635 000 signatures en moins d'une semaine.

Article rédigé par franceinfo
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Philippe de Villiers, fondateur du Puy du Fou et auteur conservateur, lors d'une manifestation contre l'avortement et la légalisation de l'aide à mourir, à Paris, le 19 janvier 2025. (SERGE TENANI / HANS LUCAS / AFP)
Philippe de Villiers, fondateur du Puy du Fou et auteur conservateur, lors d'une manifestation contre l'avortement et la légalisation de l'aide à mourir, à Paris, le 19 janvier 2025. (SERGE TENANI / HANS LUCAS / AFP)

Le mot d'ordre est clair : "Exigeons un référendum sur l'immigration", est-il écrit en lettres capitales à côté du visage de Philippe de Villiers, sur le site referendum-immigration.com. Le fondateur du parc du Puy du Fou a lancé, samedi 6 septembre, une pétition pour demander à Emmanuel Macron de consulter les Français à propos de la politique migratoire nationale, à l'heure où il faut selon lui "sauver la France". Vendredi après-midi, vers 16 heures, le site affichait près de 635 000 signatures. Ce succès revendiqué est le symbole que cet appel "séduit de plus en plus de Français", selon le Journal du Dimanche, détenu par le milliardaire conservateur Vincent Bolloré.

Une capture d'écran du site referendum-immigration.com, effectuée vers 16 heures, le 12 septembre 2025. (CAPTURE D'ECRAN DU SITE REFERENDUM-IMMIGRATION.COM)
Une capture d'écran du site referendum-immigration.com, effectuée vers 16 heures, le 12 septembre 2025. (CAPTURE D'ECRAN DU SITE REFERENDUM-IMMIGRATION.COM)

Jeudi soir, un journaliste du média s'est plaint de la couverture médiatique d'après lui insuffisante de cette pétition. "Près de 600 000 signatures en cinq jours pour la pétition de Philippe de Villiers réclamant un référendum sur l'immigration. Silence des médias et de l'audiovisuel public… alors qu'ils commentaient heure par heure celle contre la loi Duplomb (qui avait mis dix jours à atteindre ce score)", a commenté Jules Torres sur le réseau social X.

Si la comparaison des courbes de progression des deux pétitions est correcte – la pétition contre la loi Duplomb a mis trois jours de plus à dépasser les 600 000 signatures –, elle occulte une différence de taille : la pétition contre la réintroduction d'un néonicotinoïde, qui dépasse les 2,1 millions de signatures deux mois après son lancement le 10 juillet, a été déposée sur le site consacré de l'Assemblée nationale, et non sur un site hébergé par un particulier. Par conséquent, toutes les signatures de la pétition contre la loi Duplomb ont été vérifiées via le dispositif France Connect et le risque de fraude est donc réduit au maximum, car une personne ne peut pas signer plusieurs fois.

Aucune vérification des adresses mail renseignées

En revanche, le procédé est différent sur le site lancé par Philippe de Villiers et ses équipes, édité par le héraut de la droite conservatrice, dont l'adresse correspond pour ce site à l'adresse parisienne du JDD et de CNews, deux médias dans lesquels il est régulièrement invité. Le prénom, le nom de famille, l'adresse mail et le code postal sont demandés pour signer la pétition. Dans la première version du site, mis en ligne samedi, le code postal n'était pas demandé. 

Pourtant, aucune vérification n'est effectuée sur ces informations personnelles. Ainsi, comme l'a fait le HuffPost, franceinfo a pu signer plusieurs fois la pétition à l'aide de fausses adresses, sans même avoir besoin de créer préalablement l'adresse mail renseignée. Il n'est pas non plus nécessaire d'aller vérifier le mail reçu à l'adresse renseignée pour confirmer cette signature, comme l'explique un journaliste de BFMTV sur X.

Comme le permet une case à cocher, Philippe de Villiers a en outre pu utiliser cette initiative pour collecter des abonnés supplémentaires à sa lettre d'actualités par courrier électronique. Des informations qui peuvent se révéler utiles au chroniqueur au JDD, qui publie le 8 octobre son nouveau livre, intitulé Populicide.

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