: Témoignages "Émus", "honteux" ou "en colère" : les Français venus rendre hommage à Robert Badinter consternés par la profanation de sa tombe
À quelques heures de l'entrée de l'ancien ministre de la Justice au Panthéon jeudi, sa tombe a été vandalisée au cimetière de Bagneux, près de Paris.
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Une profanation clairement en lien avec l'entrée de l'ancien ministre de la Justice parmi les grands hommes. Alors qu'il fait son entrée au Panthéon jeudi 9 octobre, la sépulture de Robert Badinter a été vandalisée au cimetière de Bagneux, dans les Hauts-de-Seine. Des inscriptions à l'encre noire qui entendent singer la formule gravée sur le frontispice du Panthéon, "Aux grands hommes la patrie reconnaissante", ont été découvertes dans la matinée de jeudi : "Éternelle est leur reconnaissance, les assassins, les pédos, les violeurs, la République les sanctifient".
Après la découverte de la profanation par un promeneur, la police est rapidement arrivée sur place pour procéder aux relevés d'indices et le parquet a ouvert une enquête. Après avoir protégé la tombe des regards avec une bâche verte, les services de la ville de Paris, dont dépend le cimetière de Bagneux, ont nettoyé la pierre tombale. "Je suis ému et je suis choqué, témoigne Olivier, un autre promeneur matinal qui habite à côté. C'est minable d'agir comme ça. Je juge que c'est quelqu'un d'important des années Mitterrand. Je pense, comme beaucoup de gens, que ces combats sont intéressants et passionnés."
"Il ne mérite pas ça et personne ne mérite ça."
Olivier, habitant de Bagneux (Hauts-de-Seine)à franceinfo
En début d'après-midi jeudi, la tombe a retrouvé son aspect normal : un marbre gris foncé et une simple inscription dorée sur le côté "Robert Badinter 1928-2024". Avant d'aller assister aux cérémonies près du Panthéon, Gisèle a voulu venir lui rendre hommage. Elle se souvient de sa fierté quand la peine de mort a été abolie et se demande ce que l'ancien ministre de la Justice penserait de ses profanateurs. "Je pense qu'il avait de la hauteur, il ne donnerait pas sa haine à ces gens-là. Je pense que ce n'était pas un homme haineux de toute façon, juge-t-elle. Et peut-être que si on arrêtait d'en parler de ces gens-là, eh bien ils feraient autre chose. Enfin, il faut les mépriser." Un peu plus tard, une jeune femme vient simplement déposer une fleur blanche sur la tombe.
Le public venu lui rendre hommage au Conseil constitutionnel sous le choc
En plein cœur de Paris, au Conseil constitutionnel, dont Robert Badinter avait été le président entre 1986 et 1995, plusieurs centaines de Français se rendent à la veillée funèbre en son honneur. Ce devait être un moment de recueillement pour se souvenir des combats de l'ancien garde des Sceaux, mais devant son cénotaphe, ce cercueil recouvert du drapeau français, l’actualité est venue tout gâcher et la solennité a laissé place à la colère. "J'ai honte, réagit Anne, écrivaine en apprenant que la tombe de Robert Badinter a été profanée. Honte d'être française, d'être dans toute cette violence actuelle. Et je ne comprends pas un truc : pourquoi la tombe n'était pas gardée ? Je ne comprends pas pourquoi l'État est aussi naïf."
"J'étais très en colère, très très en colère en me disant 'mais on ne va jamais s'en sortir de toute cette violence'."
Anne, écrivaineà franceinfo
À côté d’Anne, Catherine a les larmes aux yeux. "C'est épouvantable, articule-t-elle abasourdie. Ça aurait dû être un jour de grâce et ce n'est pas le cas. On est dans une tempête où l'État de droit, les libertés publiques sont menacées. Et je suis consternée. Il y a quelque temps, je pensais que bon lui était parti mais que son travail restait. Et là je crains que son travail soit plus que grignoté."
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Devant le Conseil constitutionnel, la nouvelle de cette profanation a laissé bon nombre de personnes sans voix. Certains préfèrent même ne pas en parler. L’important, c’est de célébrer les combats de Robert Badinter. Valentin, 19 ans, vient de laisser un mot sur le livre d’or ouvert au public : "J'ai écrit 'Aux grands hommes la patrie reconnaissante, jamais ce slogan n'a aussi bien porté son nom'. Je l'ai écrit parce que moi, je suis assez jeune, donc c'est une des premières panthéonisations à laquelle je vais pouvoir assister. Et je suis étudiant en droit et ça me porte. Ça me semblait important de rendre hommage à Robert Badinter qui, comme il le disait, a mis fin à la vengeance dans la justice française. Et aujourd'hui, quand on entend certains qui veulent remettre [la peine de mort], je trouve que ça fait mal à son héritage." Un héritage porté notamment par les plus jeunes, comme Valentin, en effet, de nombreux étudiants ont rendu hommage à Robert Badinter.
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