"L’extrême droite, qu'est-ce qu'on peut leur reprocher ?" : après la chute du gouvernement Bayrou, certains habitants d'Évreux tentés par le RN

En 2024, cette circonscription de l'Eure a élu pour la première fois un député du Rassemblement national. En cas de dissolution, ils sont nombreux à se projeter avec un gouvernement d'extrême droite.

Article rédigé par Agathe Mahuet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Évreux, dans l'Eure, le 15 juin 2024 (AGATHE MAHUET / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Évreux, dans l'Eure, le 15 juin 2024 (AGATHE MAHUET / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Alors que François Bayrou vient d'être renversé, après l'échec du vote de confiance lundi 8 septembre, Emmanuel Macron a désormais les cartes en main. Le Premier ministre est attendu à l'Elysée mardi matin pour remettre sa démission. Quant au président de la République, il souhaite lui trouver un successeur "dans les tout prochains jours". En cas de dissolution de l'Assemblée nationale, certains citoyens ne seraient pas contre un gouvernement d'extrême droite, comme à Évreux, où un député RN a été élu pour la première fois l'an dernier.

Réunis à la terrasse d'un bar en centre-ville, des étudiants en master de management, ont suivi le vote de confiance d'un œil sur leurs smartphones. "Le résultat vient de tomber et effectivement [le gouvernement] est renversé, constate l'un d'eux. Pour notre plus grand bonheur je pense."

"On se demande surtout s'il va y avoir une dissolution ou pas", renchérit l'un de ses camarades. "Si c'est dissoudre pour revenir dans la situation dans laquelle on est, ça ne sert à rien, poursuit l'étudiant. Tout ce qui est RN etc..., ce n'est pas quelque chose qui me fait peur."

"On n'a pas essayé"

La chute du gouvernement n’effraie pas non plus Sylviane, une pharmacienne à la retraite. "À la limite, je préfère que c'en soit un du Front national que Bayrou", avoue-t-elle. Habitante d'Évreux depuis l'âge de 16 ans, elle affirme avoir vu "un tel changement, qu'on n'est plus chez nous". Elle nuance : "Je ne suis pas contre le fait qu'il y ait des immigrés, mais qu'ils puissent obéir aux règles".

Quant à trouver des solutions sur la dette, le RN en est-il capable ? "Ça, malheureusement, on ne le saura que quand ils seront au pouvoir", estime Sylviane. Dans une rue plus loin, Alain ne s'oppose pas à une éventuelle arrivée au pouvoir du Rassemblement national. Mais cet ancien syndicaliste Force ouvrière ne croit pas tout à fait que ce soit possible. "Ça fait 40 ans qu’on est gouvernés par les socialistes et LR. Si on est dans cette situation-là, c'est de leur faute, ce sont eux qui ont eu le pouvoir ! Le chômage, c'est de leur faute", fustige-t-il.

"On va remettre les mêmes. Comme disait Coluche, c'est la continuité dans le changement."

Alain, ancien syndicaliste

à franceinfo

L'ancien syndicaliste poursuit : "L’extrême droite, ils n’ont jamais eu le pouvoir, qu'est-ce qu'on peut leur reprocher ? À chaque fois on les remet au niveau des nazis, c’est saoulant !". "On n'a pas essayé", c’est ce que disent aussi beaucoup d’habitants d'Evreux, en se félicitant de la fin de la séquence François Bayrou à Matignon.

Le reportage d'Agathe Mahuet à Evreux, dans l'Eure

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