"Ils ne veulent pas couler avec le bateau" : avant le vote de confiance, Les Républicains mettent la pression sur François Bayrou et Emmanuel Macron
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Certains députés du parti de droite menacent de ne pas voter la confiance au Premier ministre, alors que leur camp participe au gouvernement. Ils ont reçu mardi le soutien de Nicolas Sarkozy.
A quoi jouent Les Républicains ? Le bloc central s'interroge alors que les principaux responsables du parti de droite ont été reçus par François Bayrou, mardi 2 septembre, dans le cadre des concertations que le Premier ministre mène avant sa déclaration de la politique générale, lundi 8 septembre, à l'Assemblée nationale. A l'issue de ce discours, le centriste soumettra son gouvernement à un vote de confiance des députés.
Or, des élus LR ont annoncé qu'ils allaient voter contre lui, quand bien même plusieurs des ministres sont issus de leur famille politique. C'est le cas par exemple du député mosellan Fabien di Filippo. "La question du 8 septembre est de savoir si François Bayrou est la bonne personne pour organiser le redressement du pays et la réponse est non", cingle-t-il. "Ce n'est pas la question de Bruno Retailleau ou d'Annie Genevard qui portent nos valeurs au gouvernement", ajoute-t-il, à propos des ministres de l'Intérieur et de l'Agriculture.
Ces députés récalcitrants ont reçu un soutien de poids en la personne de Nicolas Sarkozy. Dans Le Figaro, l'ancien président de la République estime que de nouvelles élections législatives sont possibles et s'interroge alors sur "comment Les Républicains pourraient-ils faire campagne sans être assimilés à un gouvernement auquel ils auront voté la confiance". "Le risque de confusion m'apparaît sérieux", conclut-il, "persuadé qu'il n'y aura pas d'autre solution que la dissolution".
"On ne peut pas le sauver"
Pourtant, au lendemain de la conférence de presse de rentrée de François Bayrou, à la fin du mois d'août Bruno Retailleau, en tant que président du parti appelait par communiqué à voter, sans grand enthousiasme, cette confiance. Laurent Wauquiez, en tant que président du groupe LR à l'Assemblée natinonale, dans son communiqué, réclamait, lui, "des clarifications sur les orientations budgétaires" mais promettait "dans un esprit de responsabilité" de refuser "de se faire complice des artisans du chaos". Qu'est-ce qui a pu changer en une semaine ?
"Il y a eu les retours de circonscriptions du week-end, explique un cadre du parti. Pas mal de députés LR ont été élus sur des terres où le Rassemblement national progresse. Ils ont échappé à la vague RN grâce à leur ancrage, parce que ce sont des stars locales, mais leur électorat est 'dégagiste'." Cette impression est confirmée par les enquêtes d'opinion. Au lendemain de l'annonce de l'organisation d'un vote de confiance, plus d'un électeur LR sur deux (58%) ne souhaitait pas que l'Assemblée lui accorde, selon un sondage pour BFMTV.
"Ils anticipent une possible dissolution et ne veulent pas couler avec le bateau macroniste."
Un cadre des Républicainsà franceinfo
Chacun a aussi acté que François Bayrou ne parviendra pas à inverser la tendance et qu'il sera mis en minorité, à cause du vote de défiance des députés de gauche et d'extrême droite. Sa chute ou son maintien ne reposent donc pas sur les épaules des députés LR. De quoi libérer les humeurs. Ce que Pierre Cordier, député des Ardennes, résume d'une image cruelle, mais efficace : "Avec nos 49 députés, on ne peut pas le sauver. Pourquoi faire du bouche-à-bouche à quelqu'un qui est déjà mort", ironise-t-il dans Le Parisien.
Les abstentionnistes ou ceux qui comptent voter la défiance sont pour l'heure minoritaires dans le groupe de droite. La plupart des députés LR devraient voter la confiance par devoir. "Ceux qui vont voter oui ont du mérite", commente un membre du groupe, qui s'apprête à voter la confiance, "sauf s'il y a de nouvelles conneries cette semaine", pointant les "errances de communication" du Premier ministre. "Le vote de confiance n'est pas un vote pour Bayrou, c'est un vote contre La France insoumise", poursuit-il, jugeant que le mouvement de Jean-Luc Mélenchon serait le mieux à même de profiter d'une instabilité politique durable.
Reste que ces menaces prennent de l'ampleur au sein du parti et ont obligé Bruno Retailleau, invité de TF1 lundi, à lancer un appel aux députés LR, leur demandant "de ne pas rejoindre les incendiaires qui voudraient allumer la mèche de ce qui pourrait être demain une explosion financière et budgétaire". De son côté, Laurent Wauquiez réclame une consultation des militants du parti. Une façon de mettre la pression sur le président des Républicains, qui a été élu sur la promesse de redonner la parole aux adhérents.
"Le vrai sujet, c'est le 9 septembre"
François Bayrou peut-il être la victime collatérale d'un nouvel affrontement entre Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau ? Les deux hommes se sont rendus à Matignon pour fixer leurs lignes rouges budgétaires. "La peur des LR, c'est qu'ils se rendent compte que ce budget n'est pas de droite, car il ne s'attaque pas aux dépenses et qu'il envoie des mauvais signaux à notre électorat", juge une grande élue locale du parti.
"Pour le prochain gouvernement, il ne faut pas se faire avoir à nouveau. Il faut fixer nos conditions."
Une élue locale des Républicainsà franceinfo
Au-delà du vote de confiance du 8 septembre, ce sont les règles de la participation des Républicains à un futur gouvernement qu'ils sont venus établir. La chute de François Bayrou, avec des voix LR, signifierait-elle la fin du socle commun (cette alliance entre Renaissance, le MoDem, Horizons, Les Républicains et l'UDI) qui tente de gouverner la France depuis les législatives anticipées de 2024 ?
"Tout dépend pour quoi faire", interroge Jean-Didier Berger, député LR des Hauts-de-Seine. "Il faut qu'on exige un calendrier législatif dans le cadre d'un éventuel pacte gouvernemental. Concrètement, quelles sont les réformes structurelles sur la table ? Si on ne sait pas pourquoi, si on ne sait pas comment, si on ne sait pas quand, ça ne peut pas marcher, analyse-t-il. La question du 'qui' n'est pas la plus intéressante."
Du côté du camp macroniste, on essaye de se rassurer. "Ce n'est pas la fin du socle commun. Les LR doivent être vachement emmerdés. Il y a eu toujours des électrons libres et ils ont toujours eu des problèmes de positionnement", juge un député macroniste, fataliste, évoquant le précédent vote sur la réforme des retraites. Agnès Evren, porte-parole du parti, douche ses espoirs : "Le socle commun est en sursis. Il peut disparaître. C'est ce que j'ai senti à la réunion de groupe du Sénat, mardi, avec Bruno Retailleau et Gérard Larcher", explique-t-elle.
"Notre sujet, ce n'est plus le vote de confiance. Bayrou va tomber. Le vrai sujet, c'est le 9 septembre. On n'entrera pas dans un gouvernement pour appliquer une politique de gauche", conclut la sénatrice LR de Paris. Elle adresse un signal clair au président de la République alors que celui-ci pourrait être tenté de nommer une personnalité de centre-gauche pour remplacer François Bayrou, et aussi un message à l'électorat LR montrant que Bruno Retailleau n'est pas prêt à tous les compromis pour rester au gouvernement.
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