Budget 2025 : le ministre de l'Économie, Eric Lombard, poursuit son opération déminage auprès des socialistes

Le gouvernement veut convaincre le PS de ne pas voter une nouvelle motion de censure, alors que le Sénat a adopté le budget jeudi après-midi.

Article rédigé par Elie Abergel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le ministre français de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, Eric Lombard, à l'Elysée, à Paris, le 22 janvier 2025. (LUDOVIC MARIN / AFP)
Le ministre français de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, Eric Lombard, à l'Elysée, à Paris, le 22 janvier 2025. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Le vote solennel au Sénat sur le budget 2025 se tient jeudi 23 janvier. Le projet de loi de finances, qui a été suspendu à cause de la motion de censure et est de retour dans le circuit parlementaire, a été adopté sans surprise par 217 voix pour et 105 contre. Mais pour le gouvernement, l'enjeu est surtout de ne pas se faire censurer à l'Assemblée nationale, où le projet de loi de finances sera étudié dans les prochains jours. L'exécutif doit, pour arriver à ses fins, convaincre le PS de ne pas voter une nouvelle motion. Eric Lombard, le ministre de l'Économie, a continué jeudi son opération déminage.

Bercy a déjà refusé une nouvelle taxe sur certains retraités, qui gagnent à partir de 2 000 ou 2 500 euros net mensuels. Une hausse de la fiscalité pour la classe moyenne est également exclue, a promis jeudi matin sur France 2 le ministre de l'Économie. "On ne va pas augmenter les impôts des familles et des ménages. On va s'en tenir là", assure-t-il. Mais Eric Lombard prévient que le gouvernement n'a pas de baguette magique et qu'il y a un déficit à combler : "Il faut baisser les dépenses de l'État et de la Sécurité sociale, car c'est ce qui a beaucoup augmenté. Donc il faut bien augmenter les ressources pour les financer." 

Les socialistes réclament davantage

Eric Lombard avance sur un fil pour l'élaboration de ce budget : un pas de trop vers la gauche, et l'élastique pourrait casser à droite. Dans cette quête pour l'élaboration d'un budget, le gouvernement fait cette fois le pari de s'appuyer sur le PS. Après la déclaration de politique générale de François Bayrou, le PS n'a pas voté la motion de censure avec le reste de la gauche, pour laisser sa chance à la négociation.

Mais à l'heure actuelle, le texte ne convient pas aux socialistes. Les sénateurs PS ont voté contre jeudi après-midi, tout comme les écologistes et les communistes. "Le gouvernement s'obstine dans sa stratégie qui favorise les uns et défavorise tous les autres", dénonce la sénatrice socialiste du Val-de-Marne, Laurence Rossignol, invitée de franceinfo jeudi"Ce budget, en l'état des discussions, fera l'objet d'une censure", avertit un cadre socialiste.

"Un espace de négociations réduit"

Le PS veut désormais obtenir davantage du gouvernement. Une délégation est allée négocier mercredi soir avec la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin. "Nous attendons les propositions", martèle un participant, notamment que le gouvernement revienne sur les coupes de dépenses publiques dans le sport, la culture, l'enseignement. Eric Lombard jure vouloir négocier, mais la marge de manœuvre est limitée. "En tout état de cause, nous allons dialoguer, mais dans un espace de négociations extrêmement réduit", prévient-il sur France 2.

Malgré cet espace restreint, le ministre de l'Économie met en scène sa volonté de trouver un accord avec le PS. "Le coût d'une censure" serait "plus élevé encore" que celui des concessions accordées aux socialistes, a dit Eric Lombard. Laurence Rossignol, elle, ajoute que les socialistes avaient "jusqu'à la commission mixte paritaire (CMP)" du 30 janvier "pour discuter" avec le gouvernement.

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