"Problème de méthode" et froideur : le recadrage d'Emmanuel Macron à plusieurs ministres après le rapport sur les Frères musulmans

Mercredi, le chef de l'Etat a sèchement recadré ses ministres, Bruno Retailleau en tête, lors d'un conseil de défense consacré à l'entrisme islamiste en France, jugeant que les propositions faites n'étaient pas à la hauteur de la "gravité des faits".

Article rédigé par franceinfo
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Emmanuel Macron à l'Élysée, en janvier 2025. (SAMI BELLOUMI LA VOIX DU NORD / MAXPPP)
Emmanuel Macron à l'Élysée, en janvier 2025. (SAMI BELLOUMI LA VOIX DU NORD / MAXPPP)

Peut mieux faire. C'est avec froideur qu'Emmanuel Macron a pris connaissance du rapport consacré aux Frères musulmans et à l'islamisme politique. Le président avait convoqué autour de lui le Premier ministre François Bayrou et les ministres concernés, de l'Intérieur à ceux en charge des Affaires étrangères, des Finances, ainsi que de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et des Sports.

"Compte tenu de l'importance du sujet et de la gravité des faits établis, il a demandé au gouvernement de formuler de nouvelles propositions qui seront examinées lors d'un prochain Conseil de défense au début du mois de juin", a résumé l'Elysée dans un communiqué laconique. Entre les lignes, le chef de l'Etat juge les mesures proposées insuffisantes, voire "pas sérieuses", dit même une source.

Fuites dans la presse et proposition non concertée

Le chef de l'Etat n'a toutefois pas seulement son mécontentement aux ministres présents : il s'est aussi agacé d'un "problème de méthode" et des "fuites" dans la presse de ce rapport qu'il avait lui-même demandé en 2024, en recadrant sèchement les cadres présents, Bruno Retailleau en tête. "L'ambiance était pesante et il s'est énervé contre quelques-uns de ses ministres sur la préparation de la réunion et sur les fuites en amont", confirme une source ministérielle. "Il y a eu un moment un peu sec, mais il ne visait pas particulièrement Retailleau", tempère une autre.

Au passage, en effet, Gérald Darmanin a été repris : le garde des Sceaux s'est fait épingler sur sa proposition non concertée de prison haute sécurité en Guyane, qui pourrait accueillir un quartier de haute sécurité dédié à la lutte contre le narcotrafic. "Entre un rapport classifié qui fuite opportunément et une proposition de prison de haute sécurité sortie de nulle part (...), franchement ce n'est pas sérieux", a pointé une source au sein du camp présidentiel à l'AFP.

Loin de subir la situation, le ministre de l'Intérieur a contre-attaqué et poussé ses propres propositions devant le Sénat : Bruno Retailleau assure qu'il veut un "véritable chef de file du renseignement", ainsi qu'un "parquet administratif" au sein du ministère de l'Interieur pour faciliter les dissolutions de structures à caractère islamiste.

Les oppositions, elles, sont rapidement montées au créneau dénonçant un rapport "contreproductif", "pas sincère", voire "islamophobe".

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