Budget, "stratégie de la terre brûlée"... Comment la guerre Retailleau-Wauquiez chez LR fragilise le gouvernement

Laurent Wauquiez multiplie les critiques contre le gouvernement, alors que le parti doit élire son nouveau président les 18 et 19 mai.

Article rédigé par franceinfo
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Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau, lors d'une réunion à Matignon, en septembre 2024. (LUDOVIC MARIN / AFP)
Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau, lors d'une réunion à Matignon, en septembre 2024. (LUDOVIC MARIN / AFP)

À 15 jours de l'élection pour la présidence des Républicains, la bataille entre Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez complique la tâche du gouvernement. Le chef des députés LR est déterminé à prouver qu'on ne peut pas être à la fois ministre et chef de parti indépendant. Depuis le début de la campagne, il enchaîne les piques, les critiques, les attaques, quitte à déstabiliser cette fragile alliance de circonstance.

Laurent Wauquiez n'ira pas jusqu'à faire exploser la cocotte gouvernementale en votant une censure, mais il ne rate pas une occasion de faire monter la pression et gêner son rival. Le chantier du scrutin proportionnel est le dernier épisode en date. "Ils ont une étonnante hiérarchie des priorités, comme s'il n'y avait rien de plus urgent que de faire la proportionnelle dans notre pays. Cela me laisse songeur", disait-il, lors d’une conférence de presse à l’Assemblée nationale mardi dernier.

Wauquiez cherche à entraîner tous les ministres LR avec lui

Laurent Wauquiez demande à Bruno Retailleau "d'imposer" à François Bayrou de "renoncer". L'entourage du ministre de l'Intérieur a conscience que cela le mettra en porte-à-faux, parce qu'il faudra sans doute engager le bras de fer avec le Premier ministre. Mais, un proche du patron de la place Beauvau renvoie la balle et fait malicieusement remarquer que Laurent Wauquiez ne "fait pas de leçons" au ministre de la Santé, Yannick Neuder, l'un de ses soutiens. "On aimerait bien savoir ce qu'il fait de l'Aide médicale d'État (AME)" pour les sans-papiers que les LR veulent restreindre.

Le budget est en effet l’élément déclencheur de la crise. François Bayrou a beau répéter qu'il n'y aura pas de hausse d'impôts, Laurent Wauquiez attend de voir et agite toujours le chiffon rouge, "je le redis, le gouvernement a intérêt à entendre le message qu'on envoie". François Bayrou ne se laisse pas intimider, "il a le cuir épais", jure un de ses conseillers. Le Premier ministre est résigné à faire avec les coups de boutoir du chef des députés LR. "N'imaginez pas qu'il nous lâchera la grappe, même si Bruno Retailleau gagne l'élection des LR", prédit un conseiller gouvernemental.

La position de François Bayrou est claire : "Pour ceux qui veulent partir, la porte est ouverte !". Serein, un de ses proches, lance même "demandez aux ministres LR s'ils veulent démissionner ?".

"La campagne lui monte à la tête"

En effet, aucun ministre LR ne reprend, publiquement en tout cas, les menaces de Laurent Wauquiez. En coulisses, un conseiller confirme : la question de la démission ne se pose pas, "aucune raison pour l'instant de quitter le navire". Au contraire, ils y voient un intérêt. Grâce à la présence des Républicains au gouvernement, "la droite est revenue des enfers", insiste cette source. Le parti a triplé son nombre d'adhérents en trois mois, près de 122 000 appelés à départager Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez pour la présidence des Républicains.

Mais ce dernier crispe : "la campagne lui monte à la tête, il est dans la posture, dans la stratégie de la terre brûlée, quitte à ce que le parti y perde", s'énerve un conseiller gouvernemental. Chez les LR, la crainte est bien là de voir le château de cartes s'effondrer.

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