Donald Trump envisage désormais des frappes terrestres sur le Venezuela

Donald Trump qualifie déjà régulièrement le Venezuela d'Etat "narco-terroriste". En assumant mercredi d'y avoir autorisé des actions clandestines de la CIA, le président américain laisse entendre qu'il n'exclut pas, désormais, des frappes sur le territoire vénézuélien.

Article rédigé par franceinfo
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Donald Trump, le 15 octobre 2025. (ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP)
Donald Trump, le 15 octobre 2025. (ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP)

Le président américain a confirmé mercredi 15 octobre avec une certaine désinvolture les révélations du New York Times concernant des opérations clandestines de la CIA au Venezuela, autorisées par Donald Trump. Il les justifie en expliquant une nouvelle fois qu'il s'agit d'un régime "narco-terroriste" et qu'il veut libérer des prisonniers pour les envoyer aux Etats-Unis.

Jusqu'ici, officiellement, il s'agit donc toujours d'une opération américaine de lutte contre le trafic de drogue. C'est dans ce cadre que plusieurs frappes ont récemment visé des embarcations en mer, présentées comme celles de narcotrafiquants. Des opérations qui ont fait au moins 27 morts. Depuis août, Washington déploie au large du Venezuela des navires de guerre et un sous-marin à propulsion nucléaire au large des côtes du Venezuela. "Je ne veux pas vous en dire plus, mais nous regardons du côté du sol à présent, car nous contrôlons très bien la mer", a ajouté Donald Trump.

La plus grande réserve prouvée de pétrole au monde

Mais la lutte contre le narcotrafic est le prétexte "acceptable" pour justifier des opérations qui rappellent celles menées dans les années 80, une époque chère à Donald Trump et à laquelle il fait référence quand il parle de rendre sa grandeur à l'Amérique.

Nicolas Maduro, au pouvoir depuis 2013, après des élections très contestées, est la bête noire de Donald Trump. Ce dernier a d'ailleurs reconnu son opposant, Juan Guaido, comme président par intérim après la crise électorale en 2019. Accusé de corruption, de répression, Nicolas Maduro est quasiment devenu un paria sur la scène internationale.

Mais si le Venezuela intéresse autant, c'est surtout parce qu'il possède la plus grande réserve prouvée de pétrole au monde. Or les sanctions mises en place par les Etats-Unis bloquent l’accès à ces ressources pour les compagnies américaines. Un changement de régime permettrait sans doute de rouvrir le marché aux intérêts de Washington.

L'influence de Pékin et de Moscou

Ces dernières années, la Chine et la Russie ont étoffé leurs relations avec le Venezuela. En vingt ans, Pékin a prêté plus de 60 milliards de dollars à Caracas en échange de pétrole. La Chine y contrôle une part importante du secteur pétrolier et investit aussi dans les infrastructures. La Russie, elle, via sa compagnie pétrolière Rosneft, exploite également le pétrole vénézuélien et soutient militairement Maduro. Non seulement elle lui fournit des armes, mais la milice Wagner a par exemple été repérée dans le pays il y a deux ans.

Depuis dix ans, le Venezuela traverse une crise vertigineuse : son économie, qui dépend presque uniquement du pétrole, s’est totalement effondrée avec la chute du brut et les sanctions. La pauvreté a poussé plus de sept millions de Vénézuéliens à fuir, notamment vers la Colombie.

Dans ce contexte, Donald Trump veut contrer cette double influence de Pékin et Moscou aux portes des Etats-Unis. D'autant que l'Amérique latine est historiquement un pré carré américain.

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