"Sans intervention immédiate, les derniers reporters vont mourir" : les journalistes de l'Agence France-Presse alertent sur l'état de santé de leurs collègues dans la bande de Gaza

"Nous risquons d'apprendre leur mort à tout moment et cela nous est insupportable", peut-on lire dans le communiqué de la Société des journalistes.

Article rédigé par franceinfo
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Des journalistes manifestent contre le manque de nourriture qui les touche, dans la bande de Gaza, 19 juillet 2025. (OMAR AL-QATTAA / AFP)
Des journalistes manifestent contre le manque de nourriture qui les touche, dans la bande de Gaza, 19 juillet 2025. (OMAR AL-QATTAA / AFP)

Il y a Bachar, qui vit "dans les ruines de sa maison avec sa mère, ses quatre frères et sœurs et la famille d'un de ses frères". Il y a Ahlam, qui "tient à témoigner le plus longtemps possible" mais qui "manque de nourriture et d'eau". Dans un message relayé sur X, lundi 21 juillet, la Société des journalistes (SDJ) de l'Agence France-Presse (AFP) alerte sur l'état de santé de ses reporters actuellement dans la bande de Gaza. "Sans intervention immédiate", "nous risquons d'apprendre leur mort à tout moment et cela nous est insupportable". 

Depuis le début de la guerre en octobre 2023, Israël interdit l'accès de l'enclave à tous les journalistes étrangers, à l'exception de visites ponctuelles accompagnées et dirigées par l'armée israélienne. 

Depuis le départ forcé de ses équipes habituelles sur place, l'AFP travaille avec une équipe d'une dizaine de pigistes dans l'enclave palestinienne. "Avec quelques autres, ils sont aujourd'hui les seuls à rapporter ce qu'il se passe dans la bande de Gaza, rappelle le communiqué. Nous voyons leur situation empirer. Ils sont jeunes et leurs forces les quittent."

"Depuis quelques jours, nous avons compris de leurs brefs messages que leur vie ne tenait plus à grand-chose et que leur courage, consacré depuis de longs mois à informer le monde entier, ne les aidera pas à survivre."

la SDJ de l'AFP

dans un communiqué

"Depuis que l'AFP a été fondée en août 1944, nous avons perdu des journalistes dans des conflits, nous avons eu des blessés et des prisonniers dans nos rangs, mais aucun de nous n'a le souvenir d'avoir vu un collaborateur mourir de faim", conclut la SDJ.

Elle a depuis reçu le soutien de sa hiérarchie. "La Direction de l'AFP partage l’angoisse exprimée quant à la situation effroyable de ses collaborateurs dans la bande de Gaza, écrit-elle dans un message posté sur XDepuis des mois, nous assistons, impuissants, à la détérioration dramatique de leurs conditions de vie. Leur situation est aujourd’hui intenable, malgré un courage, un engagement professionnel et une résilience exemplaires."

D'après un décompte de Reporters sans frontières (RSF), plus de 200 journalistes ont été tués par l'armée israélienne dans la bande de Gaza depuis octobre 2023, dont au moins 46 ciblés pour leurs activités journalistiques.

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