Désalinisation, acheminement via l'Egypte : ce que l’on sait du projet émirati pour amener de l'eau potable à 600 000 Palestiniens de Gaza
Les Emirats arabes unis ont obtenu l'autorisation de construire un nouveau circuit pour apporter de l'eau à plusieurs centaines de milliers de Palestiniens déplacés par la guerre.
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Une ligne de vie pour le sud de Gaza. Les Emirats arabes unis ont débuté, mercredi 30 juillet, la construction d'un réseau d'acheminement d'eau depuis l'Egypte vers l'enclave palestinienne, ravagée par vingt-et-un mois de guerre avec Israël.
Face à la crise humanitaire qui s'intensifie tant sur le plan de la famine que de l'accès aux soins, Abou Dabi a obtenu l'autorisation du gouvernement israélien de relancer un chantier de pipeline d'eau douce. Le tout, en parallèle du réseau préexistant, a détaillé sur X le Cogat, un organisme du ministère israélien de la Défense en charge des affaires civiles dans les Territoires palestiniens. Voici ce que l'on sait de ce projet vital.
De l'eau de mer dessalée sera envoyée depuis l'Egypte
Le projet s'inscrit dans le cadre de l'opération "Chevalier Galant 3", qui désigne l'action humanitaire des Emirats arabes unis pour la population de Gaza depuis l'éclatement de la guerre dans l'enclave le 7 octobre 2023. Ce pipeline doit permettre d'apporter de l'eau douce rapidement dans le sud du territoire palestinien.
Comme l'expliquait l'agence officielle Wam mi-juillet, cette installation reliera une usine de désalinisation d'eau de mer en Egypte (construite par les Emirats arabes unis) à une "zone de déplacement" proche des villes de Rafah et de Khan Younès. A terme, le réseau devrait comprendre plusieurs réservoirs et stations de surpression, précise l'agence émiratie.
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La première partie de ce chantier repose sur la construction d'"une nouvelle conduite de transport d'eau de 315 mm [de diamètre], s'étendant sur 6,7 kilomètres", ont détaillé les autorités émiraties ainsi que les responsables du traitement de l'eau dans l'enclave palestinienne, lors d'une conférence de presse à Deir el-Balah, le 15 juillet. Ces travaux, placés sous étroite surveillance de l'armée israélienne, "devraient prendre plusieurs semaines", a fait savoir le Cogat.
Le projet vise à apporter de l'eau à "600 000 habitants" du sud de l'enclave
Toujours selon le Cogat, l'eau douce sera distribuée aux environs d'al-Mawasi. Cette localité côtière est désignée comme "zone humanitaire sûre" par Israël depuis mai 2024, époque à laquelle l'armée israélienne a lancé une offensive terrestre sur la ville de Rafah, toute proche. Mais cela n'a pas empêché Tsahal de bombarder le secteur à plusieurs reprises, malgré la présence de campements de réfugiés. Al-Mawasi figure toujours dans la liste des endroits où il n'y a "pas d'opérations militaires", comme l'a rappelé l'armée israélienne le 26 juillet lors de l'annonce de ses "pauses tactiques".
Avec ce pipeline, les Emirats arabes unis espèrent en tout cas fournir "15 litres d'eau dessalée par personne et par jour", pour aider "environ 600 000 habitants du sud de Gaza", où plus de 80% des infrastructures hydrauliques ont été détruites, selon leurs estimations. Depuis le début de la guerre dans l'enclave palestinienne, les Emirats sont intervenus à plusieurs reprises pour rétablir l'accès à l'eau, avec l'installation d'un premier pipeline à Rafah en décembre 2023, ou encore des forages de puits en mai à Khan Younès et Deir el-Balah, comme l'a rapporté l'agence Wam.
La soif reste un enjeu majeur dans la bande de Gaza
Ces chantiers constituent une première réponse aux besoins en eau douce des Palestiniens de l'enclave. Mais les ONG internationales ainsi que l'ONU réclament davantage d'efforts. "Pour le dire simplement : Gaza est confrontée (…) à une sécheresse provoquée par l'homme", alertait le 20 juin le porte-parole de l'Unicef, l'agence des Nations unies pour l'enfance. Pour assurer un approvisionnement suffisant en eau, les acteurs humanitaires appellent le gouvernement israélien à laisser entrer plus d'aide et de carburant dans la bande de Gaza. Ces livraisons, qui ont repris le 26 juillet après un blocus de quatre mois, se font toujours au compte-gouttes.
"Le retour, même limité, d'une eau saine pour les déplacés de guerre est une bonne nouvelle bien sûr", concède à franceinfo un responsable humanitaire français, réagissant depuis le sud la bande de Gaza sous couvert d'anonymat. "Mais cela ne doit pas nous faire oublier que si les Gazaouis ont soif, c'est parce que le réseau d'eau a été anéanti, qu'Israël ne laisse entrer que très peu de camions citernes, et qu'il n'y pas de carburant pour alimenter les sites de traitement et les véhicules de transport", souligne-t-il.
Dimanche 27 juillet, l'armée israélienne a déclaré avoir rétabli le courant dans la principale usine de désalinisation d'eau du sud de la bande de Gaza, plus de quatre mois après l'avoir déconnectée du réseau, comme l'avait dénoncé Amnesty International. L'installation devrait permettre de produire près de 20 000 m3 d'eau potable par jour. Un signal "positif" selon le cadre humanitaire interrogé par franceinfo, qui reste toutefois sceptique. "Au moindre incident, l'alimentation de cette usine peut être à nouveau coupée, prévient-il. Et avec elle, c'est la survie de milliers de personnes qui est en jeu."
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