Guerre à Gaza : ce que l'on sait de la reprise des largages d'aide humanitaire, critiquée mais annoncée alors que la famine s'aggrave
Alors que le Royaume-Uni et la Belgique se disent prêts à participer, les Emirats arabes unis ont annoncé samedi soir la reprise immédiate de ces largages d'aide. "C'est une distraction et un écran de fumée", juge le directeur de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens.
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Une aide bienvenue, mais qui ne suffira pas à mettre fin à la famine dans la bande de Gaza. Le Royaume-Uni se prépare à larguer de l'aide humanitaire à la population de l'enclave, ainsi qu'à évacuer des "enfants ayant besoin d'une assistance médicale", a déclaré le Premier ministre britannique, Keir Starmer, sur X, vendredi 25 juillet.
Dans la soirée, samedi, les Emirats arabes unis ont annoncé qu'ils allaient reprendre "immédiatement" les largages d'aide. Israël leur a emboîté le pas en annonçant une reprise des largages le soir même. Franceinfo vous explique ce que l'on sait de ces mesures et des critiques dont elles font l'objet.
Israël ouvre la voie à de nouveaux largages
Il a fallut attendre samedi 26 juillet dans la soirée pour qu'Israël confirme la reprise des largages d'aide humanitaires organisés par des pays étrangers, sans doute les Emirats arabes unis et la Jordanie, qui ont fait savoir qu'ils étaient prêts à opérer de premiers largages, mais un haut responsable jordanien a fait savoir à la BBC que son armée n'avait pas encore reçu le feu vert d'Israël pour le faire. Selon l'armée israélienne, ces premiers largages comprendront sept palettes de farine, de sucre et de conserves fournies par des organisations internationales.
De premiers largages aériens au-dessus de la bande de Gaza avaient été menés début 2024, et s'étaient poursuivis plusieurs mois. Depuis le 2 mars dernier, Israël impose un blocus de l'aide humanitaire, très partiellement assoupli fin mai, qui a entraîné de très graves pénuries de nourriture, médicaments et autres biens de première nécessité.
Le Royaume-Uni et la Belgique se disent prêts à participer
Le Royaume-Uni "travaille déjà de toute urgence avec les autorités jordaniennes pour acheminer l'aide britannique par avion et à Gaza", a déclaré vendredi le Premier ministre britannique, Keir Starmer. "Cette catastrophe humanitaire doit prendre fin", a-t-il affirmé.
"Il semblerait que la Jordanie ait été autorisée à reprendre les largages humanitaires. Nous sommes en contact avec les autorités jordaniennes pour concrétiser notre proposition, si cette ouverture par Israël se confirmait", a écrit pour sa part sur X le ministre des Affaires étrangères belge, Maxime Prévot, vendredi soir.
Les Emirats arabes unis annoncent la reprise immédiate des largages d'aide
Sans attendre, les Emirats arabes unis ont annoncé samedi soir qu'ils allaient reprendre "immédiatement" les largages d'aide humanitaire sur Gaza, selon le ministre des Affaires étrangères émirati. "La situation humanitaire à Gaza a atteint un niveau critique et sans précédent. Les Emirats arabes unis demeurent à l'avant-garde des efforts visant à fournir une aide vitale au peuple palestinien. Nous veillerons à ce que l'aide essentielle parvienne à ceux qui en ont le plus besoin, que ce soit par voie terrestre, aérienne ou maritime", a déclaré Abdallah ben Zayed Al-Nahyane sur le réseau X.
La France reste discrète
"Avec nos partenaires, nous nous coordonnons face aux grandes crises", a écrit Emmanuel Macron sur X, samedi matin, à l'issue d'un échange téléphonique avec Keir Starmer et le chancelier allemand Friedrich Merz. "Ensemble, nous sommes déterminés à faire avancer la paix et la sécurité, avec unité, constance et responsabilité", a-t-il ajouté.
Le chef de l'Etat ne mentionne pas, en revanche, d'éventuelle participation tricolore aux opérations voulues par le Royaume-Uni, alors que la France avait participé à plusieurs largages en 2024. Ceux-ci avaient permis de faire parvenir "plus 100 000 repas aux Gazaouis", avait affirmé le ministère des Affaires étrangères français en mars 2024.
Une pratique sévèrement critiquée
Ces largages, difficiles à organiser et potentiellement dangereux, sont loin de faire l'unanimité. "Ce sont des avions qui vont lâcher, un peu n'importe, où des colis. Et les colis vont arriver écrasés par terre, s'ils ne s'écrasent pas sur des gens", a déclaré Elsa Softic, ajointe au directeur des opérations de l'ONG Première Urgence Internationale, sur RFI vendredi. En mars 2024, des habitants de la bande de Gaza étaient morts en tentant de récupérer des denrées tombées en mer, et d'autres percutés par des colis au parachute défaillant.
Nombre d'ONG pointent aussi les limites d'acheminer de l'aide par les airs. "Les largages aériens ne peuvent fournir les mêmes volumes d'aide humanitaire que le transport par voie terrestre", écrivait Médecins du monde en mars 2024. "Alors qu'un convoi de cinq camions peut transporter environ 100 tonnes de nourriture et de matériel indispensable à la survie des populations, les derniers largages aériens n'ont pu livrer que quelques tonnes chacun."
"Les largages ne permettront pas d'inverser la tendance à la famine", a jugé Philippe Lazzarini, le directeur de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), sur X. "Ils sont coûteux, inefficaces et peuvent même tuer des civils affamés", ajoute-t-il, y voyant "une distraction et un écran de fumée".
Ils sont une "initiative ridicule", tranche aussi Jean-Guy Vataux, chef de mission de Médecins sans frontières pour la Palestine, samedi sur franceinfo. "Le largage d'aide humanitaire par avion, cela se fait quand on n'a pas d'accès terrestre à des populations", critiquant le "cynisme" du gouvernement israélien, qui entrave l'acheminement d'aide au sol : "Les routes sont là, les camions sont là, la nourriture est là, tout est prêt pour amener l'aide humanitaire à Gaza."
Même les pays qui envisagent de reprendre les largages partagent ces réserves. "Nous ne pouvons désormais cacher notre scepticisme sur cette option aérienne au vu des risques sécuritaires (risque de provoquer des émeutes ou que les colis largués s'écrasent sur des enfants…) depuis qu'Israël a forcé le déplacement des populations vers des zones limitées", a écrit le chef de la diplomatie belge sur X. Keir Starmer, lui, a accompagné son annonce d'un appel au gouvernement de Benyamin Nétanyahou : "Israël doit autoriser l'acheminement de l'aide par voie terrestre pour mettre fin à la famine qui se déroule à Gaza. La situation est désespérée."
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