Guerre dans la bande de Gaza : vers une nouvelle impasse politique pour Benyamin Nétanyahou ?
Une partie de l'opinion reproche au Premier ministre israélien de mener une tactique politicienne aux dépens des intérêts nationaux, de l'image du pays et de la libération des otages selon un spécialiste des relations internationales.
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Le président américain Joe Biden a présenté vendredi 31 mai une feuille de route afin d'arriver à un accord de cessez-le-feu dans la bande de Gaza, après presque huit mois de guerre et une offensive toujours en cours à Rafah. Ce plan a été présenté par Joe Biden comme une initiative israélienne.
Pourtant, il a divisé la classe politique de l'État hébreu et met en péril la survie de la coalition gouvernementale de Benyamin Nétanyahou. Deux ministres d'extrême droite appartenant à la coalition ont menacé de démissionner si Benyamin Nétanyahou approuvait la trêve. Frédéric Charillon, professeur de relations internationales à l’université de Paris Cité et à l’Essec a répondu aux questions de franceinfo dimanche 2 juin.
franceinfo : Le Premier ministre israélien va-t-il forcément perdre une partie de ses soutiens ou existe-t-il encore une troisième voie qui maintiendrait son alliance gouvernementale ?
Frédéric Charillon : D'abord, tout le monde est un peu sous pression dans cette affaire. Et le président américain n'est pas le moindre parce que lui aussi, est pris entre un soutien à un allié d'un côté, et une base de la gauche du Parti démocrate qui fait pression sur lui à quelques mois de la présidentielle américaine. Il y a donc une sorte d'escalade entre les différents acteurs qui sont tous sous pression.
Ensuite, est-ce que Nétanyahou peut encore s'en sortir ? C'est toujours possible, mais en même temps, c'est ce qu'on lui reproche de plus en plus en Israël, de sacrifier des intérêts nationaux, y compris l'image du pays. Surtout, une partie de l'opinion l'accuse de tirer un trait sur les otages pour privilégier sa survie politique. D'une certaine manière, là aussi, c'est un dilemme insoluble pour lui : même s'il trouvait encore un moyen de s'en sortir et de rebâtir une coalition ou préserver une coalition, cela lui serait encore reproché à cause de cette image qu'il a d'un tacticien politique pour sa propre survie politique, aux dépens peut-être des intérêts nationaux.
Cela signifie que ces deux ministres d'extrême droite, Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale et Bezalel Smotrich, ministre des Finances, qui font pression ces jours-ci, dictent la politique israélienne ?
Ils ne la dictent pas parce que cela fait très longtemps que Benyamin Nétanyahou lui-même est hostile à tout accord de paix. Cela fait presque une trentaine d'années qu'il est hostile à toute reconnaissance d'un État palestinien. Il n'a pas eu besoin de ces ministres-là pour être lui-même sur cette ligne. Néanmoins, le système électoral israélien est un système de proportionnelle extrêmement poussé où l'on est obligé de composer avec plusieurs partis pour avoir une majorité. Donc évidemment, plus la coalition est composite, plus elle est fragile. Nous sommes dans un moment de grande tension nationale et internationale donc c'est encore plus difficile.
Si ces deux ministres s'en vont, des élections anticipées seront-elles déclenchées ?
Pas s'ils sont remplacés car c'est moins une question de personnes qu'une question de partis au gouvernement et au Parlement. On peut imaginer que s'ils s'en vont, cela entraînera un soutien qui peut faire tomber la coalition effectivement.
Cependant, Benyamin Nétanyahou est quand même très fortement sous pression pour accepter cet accord. Même si ce n'est pas public, on imagine l'insistance des États-Unis. Joe Biden, lui aussi, joue en quelque sorte son avenir politique. De plus, vous avez maintenant d'autres pays de la région ainsi que des pays européens qui soutiennent l'accord. Enfin, le chef de l'opposition israélienne Yaïr Lapid et une autre partie de l'échiquier politique israélien acceptent également cet accord. C'est donc une position plutôt inconfortable pour le premier ministre israélien.
Benyamin Nétanyahou est invité à moyen terme à Washington pour parler devant le Congrès américain. Peut-il se priver du soutien de la Maison-Blanche ?
C'est effectivement très difficile pour Israël de se priver du soutien du monde occidental en général. Le Premier ministre israélien a essayé de jouer la carte de l'homme qui, envers et contre tout, veut continuer de frapper le Hamas, et continuer seul s'il le faut. Il n’est pas sûr que ce soit tout à fait réaliste. Des négociateurs israéliens qui suivent le dossier sur le terrain pour essayer de libérer les otages sembleraient un peu désespérés par l'attitude du Premier ministre selon des fuites que l'on a pu lire dans la presse. Ils accuseraient Benyamin Nétanyahou de saboter les négociations. Ainsi, cela donne l'impression que même dans la société israélienne, le mécontentement et la pression se font de plus en plus forts.
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