Comment le fragile cessez-le-feu entre Israël et le Hamas est déjà mis à mal dans la bande de Gaza
Dimanche, l'Etat hébreu et le mouvement islamiste se sont mutuellement accusés de violer l'accord de cessez-le-feu. En parallèle, le Hamas doit encore remettre à Israël 16 corps d'otages toujours dans la bande de Gaza.
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Un arrêt des combats particulièrement précaire. Le président américain, Donald Trump, a assuré que le cessez-le-feu qu'il a contribué à négocier entre Israël et le Hamas était toujours en vigueur, dimanche 19 octobre, après que des frappes israéliennes ont fait au moins 45 morts dans la bande de Gaza. D'après l'Etat hébreu, ces frappes ont été menées en réponse à des attaques du mouvement islamiste, qui dément toute attaque.
Dimanche soir, les autorités israéliennes ont confirmé l'arrêt de leurs frappes, en application du cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre. Il s'agit des premières violences d'une telle ampleur depuis le début de la trêve dans le territoire palestinien, dévasté par deux ans de guerre en représailles aux attentats du 7-Octobre. "Le cessez-le-feu a toutes les chances d'offrir une paix durable. Mais même s'il y parvient, il y aura des hauts et des bas, et nous devrons surveiller la situation", a déclaré à des journalistes le vice-président américain, J.D. Vance.
Accusations de violations du cessez-le-feu, corps d'otages encore retenus à Gaza... Ces derniers jours, plusieurs atteintes à la trêve sont venues menacer sa pérennité.
Des accusations mutuelles de violations du cessez-le-feu
L'armée israélienne a déclaré dimanche soir avoir frappé "des dizaines de cibles terroristes du Hamas", parmi lesquelles des stocks d'armes et des tunnels, "en réponse à la violation flagrante du cessez-le-feu". Tsahal a diffusé des images montrant, selon elle, des combattants palestiniens s'approchant de forces israéliennes à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza. Ces derniers ont été éliminés "lors d'une frappe", d'après un responsable israélien qui accuse également le Hamas d'avoir tiré sur des troupes à Rafah, dans le sud de l'enclave.
Le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a ordonné d'agir "avec force" contre le Hamas. Israël Katz, son ministre de la Défense, a averti que le mouvement islamiste paierait "un lourd tribut" pour "chaque tir" visant les soldats israéliens et "chaque violation du cessez-le-feu à Gaza".
En réponse, le Hamas a assuré n'avoir "aucune connaissance d'incidents ou d'affrontements" à Rafah et a réaffirmé son "engagement total à mettre en œuvre tout ce qui a été convenu, en premier lieu le cessez-le-feu". Le mouvement palestinien a accusé Israël "d'inventer ses prétextes pour justifier ses crimes". D'après un témoin, des combattants du Hamas ont ciblé un groupe rival dans un secteur de Rafah, près duquel des chars israéliens étaient déployés.
Les frappes israéliennes ont fait au moins 45 morts dimanche, d'après Mahmoud Bassal, le porte-parole de la défense civile dans la bande de Gaza. Ce service de secours opère sous l'autorité du Hamas. Quatre hôpitaux de l'enclave palestinienne ont confirmé ce bilan. En parallèle, l'armée israélienne a annoncé la mort de deux soldats tués au combat à Rafah.
Des corps d'otages israéliens toujours retenus à Gaza
En vertu de la première phase de l'accord de cessez-le-feu, le Hamas a remis, le 13 octobre, les 20 otages vivants encore retenus dans la bande de Gaza depuis le 7-Octobre, en échange de près de 2 000 prisonniers palestiniens. Le mouvement islamiste a également rendu à Israël 12 corps d'otages morts, sur 28 dépouilles retenues dans l'enclave palestinienne. La branche armée du Hamas a annoncé dimanche avoir trouvé une 13e dépouille d'otage et s'est engagée "si les conditions le permettent" à la restituer dans la journée à Israël. Selon son communiqué, "toute escalade" israélienne "entravera les opérations de recherche, d'excavation et de récupération, ce qui retardera la récupération des corps".
D'après les termes de l'accord de cessez-le-feu, le Hamas devait libérer tous les otages qu'il détenait encore, vivants et morts, au plus tard le 13 octobre. Le mouvement islamiste, pour justifier ces retards, affirme que la fermeture du point de passage de Rafah, entre la bande de Gaza et l'Egypte, "bloque l'entrée des équipements spécialisés nécessaires" pour rechercher les corps sous les décombres, et "entraînera des retards importants dans la récupération et la remise des dépouilles".
Dimanche, Israël a affirmé de nouveau qu'il ne ferait "aucun compromis" tant que tous les otages morts et toujours retenus à Gaza ne seraient pas rapatriés.
L'arrivée de l'aide humanitaire en suspens
Dimanche, Israël a suspendu "jusqu'à nouvel ordre" l'entrée de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza, après ses accusations de violation de l'accord de cessez-le-feu visant le Hamas. Le point de passage de Kerem Shalom, entre Israël et la bande de Gaza, a finalement rouvert lundi matin, selon un responsable de la sécurité israélien. Kerem Shalom a rouvert "en pleine conformité avec l'accord" de cessez-le-feu, a-t-il assuré.
Cet accord prévoit l'afflux d'aide humanitaire pour la population gazaouie, privée de tout après deux ans de guerre. Fin août, le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) avait confirmé qu'une famine était en cours dans le gouvernorat de Gaza. Israël conditionne néanmoins la réouverture du poste-frontière de Rafah, crucial pour l'entrée des aides, à la remise de tous les otages morts.
Tom Fletcher, responsable des opérations humanitaires de l'ONU, s'est rendu samedi dans la ville de Gaza, où il a noté la tâche "énorme" qui attend les organisations humanitaires sur place. "Nous avons maintenant un plan massif de 60 jours pour intensifier l'approvisionnement alimentaire, distribuer un million de repas par jour, commencer à reconstruire le secteur de la santé, installer des tentes pour l'hiver, remettre des centaines de milliers d'enfants à l'école", a-t-il déclaré.
Le ministre de la Sécurité israélien prône la reprise de la guerre
Le ministre de la Sécurité nationale israélien, Itamar Ben-Gvir, a déclaré dimanche que l'armée israélienne devait "reprendre les combats à Gaza avec toute sa force" et "anéantir totalement le Hamas", après les accusations israéliennes de violation du cessez-le-feu par le mouvement islamiste. "Les illusions selon lesquelles le Hamas changerait de comportement, voire respecterait l'accord qu'il a signé, se révèlent être un danger pour notre sécurité", a insisté le ministre, figure de l'extrême droite israélienne. "Ce groupe terroriste nazi doit être anéanti au plus vite", a-t-il ajouté.
Samedi, Itamar Ben-Gvir a affirmé à la chaîne israélienne Channel 12 qu'il avait donné un ultimatum à Benyamin Nétanyahou pour le démantèlement du Hamas. "Ce que je veux, et c'est aussi ce que Nétanyahou m'a promis, c'est le démantèlement du Hamas. S'il ne le démantèle pas, il sait très bien ce qui va se passer", a-t-il déclaré lors de cet entretien, rapporte Times of Israel. D'après le site d'information israélien, le responsable d'extrême droite menace le Premier ministre de quitter le gouvernement avec d'autres ministres de son parti.
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