À Gaza, le Hamas sonne l'heure des règlements de comptes face à des clans rivaux

Alors que le mouvement islamiste est appelé à rendre les armes dans le cadre du cessez-le-feu conclu avec Israël, le Hamas s'est déjà lancé dans une chasse aux clans adverses dans la bande de Gaza.

Article rédigé par Thibault Lefèvre
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des membres des forces de sécurité intérieure fidèles au Hamas, gardent un point de contrôle dans le camp de réfugiés de Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 12 octobre 2025. (EYAD BABA / AFP)
Des membres des forces de sécurité intérieure fidèles au Hamas, gardent un point de contrôle dans le camp de réfugiés de Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 12 octobre 2025. (EYAD BABA / AFP)

"Je déciderai de ce que je crois juste", pour l'avenir de Gaza et des Palestiniens, a affirmé Donald Trump, mardi 14 octobre, après un sommet en Egypte censé consolider le cessez-le-feu obtenu entre Israël et le Hamas. "Beaucoup de gens sont favorables à la solution à un État, d'autres à celle à deux États. Il faudra voir", a déclaré le chef de l'Etat dans l'avion le ramenant à Washington. "Nous avons la paix au Moyen-Orient", a asséné Donald Trump. En réalité, de très nombreux écueils demeurent avant de parvenir à une paix réelle.

Le Hamas ne s'est par exemple toujours pas prononcé sur son désarmement. Le mouvement islamiste a même désormais enclenché une période de règlements de comptes en lançant ses forces contre des milices accusées de collaboration avec Israël.

Exécutions sommaires

Les mots d'Anwar Rajab, porte-parole des forces de sécurité de l'Autorité palestinienne, laissent peu de place au doute. Sur la chaîne arabe Al Arabiya, il a affirmé que le Hamas était en train de créer les conditions d'une "guerre civile".

Depuis le cessez-le-feu, les affrontements et les règlements de comptes se multiplient. Sur une vidéo qui circule, on peut voit huit hommes les mains liées dans le dos et les yeux ou la tête bandés, être traînés sur une place, être mis à genoux, et alignés avant de se faire abattre, chacun d'une rafale par des hommes armés postés derrière eux alors que la lumière du jour décroît. 

Des "collaborateurs" et "hors-la-loi"

La vidéo a été publiée lundi soir sur le canal Telegram d'Al-Aqsa TV accompagnée de cette légende : "La résistance [à Israël] exécute la peine de mort contre un certain nombre de collaborateurs et de hors-la-loi dans la ville de Gaza". L'agence de vérification de Radio France n'est pas en mesure, à ce stade, de garantir à 100% l'authenticité de cette vidéo, mais des éléments visuels et contextuels présents sur les images laissent en effet à penser qu'elle a bien été tournée ce lundi à Gaza-ville.

L'organisation islamiste passe ainsi des messages aux clans bédouins du sud, comme les forces populaires de Yasser Abu Shabab - qui a ouvertement reçu des armes des Israéliens - mais aussi à destination de grandes familles très influentes à Gaza, proches pour certaines d'autres factions. "Le Hamas se bat avec une famille importante de la ville, les Doghmoush. Vingt personnes sont déjà mortes des deux côtés", explique le journaliste palestinien Rami Al-Baghari.

"Le Hamas est en train de déployer ses hommes dans la bande de Gaza."

Rami Al-Baghari

à franceinfo

La nouveauté réside toutefois dans le fait que les dirigeants du Hamas ont désormais le soutien des Etats-Unis. Dans l'avion qui le ramenait d'Israël, Donald Trump a affirmé que les islamistes avaient obtenu l'accord des Américains pour maintenir l'ordre pendant une période déterminée. 

La Commission indépendante pour les droits de l'homme (ICHR), organisme créé par l'Autorité palestinienne en 1993, a exigé pour sa part "la fin des exécutions extrajudiciaires et arbitraires dans la bande de Gaza". "La vague d'exécutions extrajudiciaires et de tirs dans les jambes survenue après le cessez-le-feu dans la bande de Gaza ne peut être justifiée en aucune circonstance", a ajouté la Commission, dénonçant "un crime légal et moral" et appelant à ce que les coupables soient traduits en justice et condamnés. 

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