: Reportage "C'est comme si on attendait notre fin" : dans la banlieue sud de Beyrouth, entre angoisse et résignation, ces habitants sont contraints de rester
Malgré les bombardements de l'aviation israélienne, certains habitants de la banlieue sud de Beyrouth n'ont pas quitté leur quartier.
C’est une question qui hante les Libanais : combien de temps la guerre va-t-elle durer ? Alors que le Hezbollah menace d’attaquer "partout" en Israël, alors que l’Etat hébreu promet de frapper "sans pitié" le Hezbollah libanais, ce conflit ouvert semble parti pour durer. Dans la banlieue sud de Beyrouth, faubourg à majorité chiite pilonné par l’aviation israélienne, certains habitants ne peuvent ou ne veulent pas abandonner leur quartier et survivent, entre angoisse et résignation.
À l’entrée du quartier de Dahieh, des checkpoints abandonnés par l’armée, des boulevards déserts, des boutiques fermées, des immeubles éventrés par les frappes israéliennes. "Vous voyez, là, il y a des effondrements d’immeubles…" Plus loin, une échoppe reste ouverte mais parmi les hommes attablés, le micro de franceinfo n’est pas toléré.
"C'est la sueur de notre front, donc on reste"
Signe d’une angoisse latente dans cette banlieue fantôme où seuls quelques irréductibles commerçants restent ouverts comme Hassan qui vend des jeux vidéo : "Il n’y a pas un jour où j’ai baissé le rideau. Grâce à Dieu, on n’a pas eu de vitres brisées, juste quelques petits dégâts. Je ne vais pas rester à la maison, j’ai quand même décidé de travailler. C’est notre commerce, la sueur de notre front, donc on reste !"
Même si les clients sont rares et sa deuxième boutique détruite, Hassan n’entend pas fuir le quartier, sa terre, son pays. Hamad, lui, n’a pas d’autre choix que de rester. Ce Syrien de 44 ans travaille et dort dans sa minuscule épicerie : "J’ai quitté une guerre pour une autre. J’ai été déplacé 16 fois. Ma femme et quatre de mes enfants sont en Syrie sous les bombes, et je dois travailler pour subvenir à leurs besoins. Je suis obligé de rester dans cette situation difficile en espérant que les choses s’améliorent."
"Je m'attends toujours au pire"
L’espoir, un concept plutôt rare dans les conversations. Mohamad Rayes, 62 ans, est torréfacteur : "C’est comme si on attendait notre fin. Où va-t-on ? Est-ce que je serai en vie demain ? Est-ce que ce sera mon tour ? Est-ce qu’ils vont taper mon immeuble ? C’est notre inquiétude à tous." Mohamad s’excuse de ne pas pouvoir offrir de café.
Pas d’électricité, pas de clients mais pas de frappes non plus depuis quelques jours, alors il ouvre boutique : "Moi je m’attends toujours au pire. Je me suis marié dans l’instabilité. J’ai eu mes fils dans l’instabilité. Mes enfants ont grandi dans l’instabilité. Nous, notre seule préoccupation, c’est de savoir comment les faire sortir du pays. Ma belle-fille est enceinte, on essaie par tous les moyens de la faire accoucher à l’étranger. C’est ma seule source d’espoir." Et dans ces rues que les femmes semblent avoir désertées, les hommes qui restent misent sur le système D pour tenir, disent-ils, le temps qu’il faudra.
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