A l'ONU, Donald Trump et Emmanuel Macron défendent deux visions opposées des institutions internationales

L'Assemblée générale des Nations unies a été le théâtre d'un affrontement entre deux visions divergentes de ces instances, mais, au-delà des discours, les efforts diplomatiques battent leur plein.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le président français Emmanuel Macron et son homologue américain, Donald Trump, le 23 septembre 2025, à New York (Etats-Unis). (LUDOVIC MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron et son homologue américain, Donald Trump, le 23 septembre 2025, à New York (Etats-Unis). (LUDOVIC MARIN / AFP)

"Quel est le but des Nations unies ?" Face aux délégués réunis à New York pour l'Assemblée générale de l'ONU, mardi 23 septembre, Donald Trump s'est payé l'organisation octogénaire. "Les deux choses que j'ai eues des Nations unies, c'est un escalier mécanique et un téléprompteur défaillant", a moqué le président américain, en référence à des problèmes techniques lors de son arrivée. Mais derrière l'ironie et les questions provocatrices, le milliardaire a délivré sa vision sévère des instances internationales, fustigeant notamment la décision de la France et de plusieurs autres pays occidentaux de reconnaître l'Etat de Palestine

Ces piques n'ont pas manqué de faire réagir le président français. Dans une prise de parole en forme de réponse aux reproches formulés par son homologue américain, Emmanuel Macron a défendu, à la tribune, un "multilatéralisme efficace", face aux assauts protectionnistes et postures nationalistes provenant des "pires critiques" de l'ONU. "[Ils sont] aussi ceux qui veulent changer les règles du jeu, sûrs qu'ils sont de leur domination et plus intéressés à se partager le monde qu'à dégager les compromis nécessaires au bien commun", a-t-il poursuivi, sans nommer Donald Trump.

Emmanuel Macron a également mis en garde, mardi, contre "le risque de voir [l'emporter] la loi du plus fort l'emporter" et "l'égoïsme de quelques-uns". "Nous vivons un moment paradoxal où nous avons besoin plus que jamais de restaurer l'esprit de coopération qui a prévalu il y a quatre-vingts ans", lors de la naissance de l'organisation mondiale, a encore relevé le président français. "Et où, pour autant, nous sommes en train de nous diviser et où les divisions au sommet de l'ordre mondial, la fracturation du monde, nous freinent dans notre capacité collective à régler les grands conflits du moment ou à relever les défis qui supposent de nous entendre". "Cette Assemblée, c'est nous", a encore lancé le chef de l'Etat. "Si elle est inefficace, c'est que quelques-uns la bloquent. Et souvent les plus puissants".

Des "réunions fructueuses" en marge de l'Assemblée générale

Ces divergences de fond n'ont en tout cas pas empêché Emmanuel Macron et Donald Trump d'avoir un peu plus tard une discussion bilatérale dans une "atmosphère chaleureuse et constructive", selon les termes de l'Elysée. "C'est un bon ami à moi", a lancé le président américain à l'égard de son homologue français. "Il fait un super boulot. Il se bat bien et sur plusieurs fronts", a-t-il ajouté, louant "son aide sur la question de la catastrophe entre la Russie et l'Ukraine". 

Donald Trump a en revanche de nouveau déploré la reconnaissance par la France de la Palestine, qui constitue selon lui "une récompense pour le Hamas." Des propos auxquels Emmanuel Macron s'est aussitôt opposé, notant toutefois que Paris et Washington s'entendaient sur la nécessité de mettre un terme au conflit et de voir le retour des otages israéliens détenus dans la bande de Gaza. "Le président Trump a tout à fait raison : personne n'oublie le 7-Octobre (…). Mais après presque deux ans de guerre, quels résultats ? Il y a aujourd'hui autant de membres du Hamas qu'au premier jour du conflit. Donc [la stratégie pour démanteler l'organisation islamiste] ne fonctionne pas", a répondu le chef de l'Etat, cette fois assis à côté de Donald Trump. 

Finalement, les deux hommes ont noté que ce sujet ferait encore l'objet de réunions entre dirigeants rassemblés en marge de cette Assemblée générale. Après avoir déclaré à la tribune "avoir mis un terme à des guerres à la place des Nations unis", le président américain s'est notamment entretenu avec les dirigeants de plusieurs pays musulmans (Qatar, Arabie saoudite, Indonésie, Turquie, Pakistan, Egypte, Emirats arabes unis et Jordanie) sur la crise en cours au Proche-Orient. "Ce fut une réunion très fructueuse avec tous les grands acteurs, à l'exception d'Israël. Mais cela viendra ensuite", a-t-il déclaré, enclin, malgré les discours virulents, à jouer le jeu de la diplomatie onusienne. 

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