: Reportage "On a besoin de respect" : à Kiev, des Ukrainiens décidés à ne faire aucune concession à la Russie avant la réunion à Washington
Le président américain reçoit Volodymyr Zelensky ainsi que plusieurs autres dirigeants européens, lundi, à la Maison Blanche, pour parler des propositions russes sur un éventuel accord de paix. Dans la capitale ukrainienne, des habitants se montrent fermes sur les conditions d'un tel accord.
/2023/07/07/64a7df4c5fe71_placeholder-36b69ec8.png)
/2025/08/18/000-69lr8g3-68a2c158168f1701949454.jpg)
Après trois ans et demi de guerre, s’approche-t-on de la paix entre la Russie et l’Ukraine ? Le président américain est à la manœuvre. Il recevra lundi 18 août son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, qui ne sera pas seul, puisqu’il sera accompagné notamment du président Macron, du chancelier allemand Friedrich Merz, du Premier ministre britannique Keir Starmer ou encore de la cheffe de la commission européenne Ursula von der Leyen. Au menu des discussions, les propositions russes pour arriver à un accord de paix, dont Donald Trump se fera le relais.
En Ukraine, les habitants attendent fébrilement cette nouvelle réunion. Personne n’a oublié la précédente rencontre entre Zelensky et Trump, qui avait tourné au fiasco, en février dernier, avec le président ukrainien sermonné comme un petit garçon. La séquence avait été vécue comme une humiliation pour des Ukrainiens qui ont tant souffert, tant perdu dans cette guerre.
Comme Nina, rencontrée dans les rues de Kiev, et mère de Maxime, un soldat de 30 ans, mort au combat en 2024. "La dernière fois, dans le Bureau ovale, ce n’était pas seulement méprisant pour notre président, c’était méprisant pour tout notre peuple, fustige Nina. Tous les Ukrainiens l’ont ressenti ainsi. Vous ne pouvez pas imaginer toutes les insultes que les Ukrainiens ont proférées devant leurs écrans à l’encontre du président américain. Alors désormais, on exige que l’on nous respecte. On a besoin de respect !"
Des conditions "inacceptables" proposées par la Russie
Du respect, on verra lundi soir s’il y en a. De la tension, assurément, il y en aura, puisqu’il sera question, lors de la réunion, des conditions proposées par la Russie pour parvenir à un accord de paix. Ces conditions sont connues : l'assouplissement des sanctions contre la Russie, l'impossibilité pour l’Ukraine d’adhérer à l’Otan et surtout l'abandon par Kiev des régions en partie occupées du Donbass, Lougansk, Donetsk, ces oblasts pour lesquelles les Ukrainiens se battent depuis 2014.
Inconcevable pour de nombreux habitants. Sur la place Maïdan, Irina marche avec des béquilles. Cette militaire a été blessée deux fois sur le front. "Pour moi, c’est inacceptable, tranche-t-elle. Pourquoi on a tenu cette ligne de front de Donetsk ? Pourquoi on a défendu ces territoires ? Pourquoi on a fait tout ça ? On a perdu tellement de gars."
"Tous les jours, des mères enterrent leurs enfants. C'est injuste. Selon moi, il faut faire le maximum pour ne pas abandonner ces territoires."
Irina, militaire ukrainienneà franceinfo
Pas de retrait ukrainien du Donbass, c’est la position majoritaire au sein de la population. Et vu de Kiev, on imagine mal Volodymyr Zelensky faire marche arrière sur cette question. "Si notre président accorde ces concessions à Trump, l’Ukraine va se révolter, pronostique-t-elle. Ce sera le chaos dans le pays. Et croyez-moi, tous les militaires sur le front, ils vont faire demi-tour, ils vont arriver ici, à Kiev, et ce sera le chaos total !"
Donald Trump "n'est plus notre allié"
Le président Zelensky s’est montré ferme dimanche sur cette question. "Il est impossible de donner des territoires à la Russie", a-t-il affirmé. Mais si le président ukrainien refuse de reculer sur cette question des territoires, la réunion de lundi soir pourrait tourner court, puisque Donald Trump a répété ces derniers jours que l’Ukraine devait faire des concessions pour obtenir un accord. C’est peut-être en cela que la présence des leaders européens à cette réunion est capitale, connaissant le peu de crédit que Donald Trump accorde à Volodymyr Zelensky. Un nouveau tête-à-tête était d’ailleurs redouté par Kiev. Mais désormais, on espère en Ukraine que l’Europe va parvenir à convaincre le président américain du caractère excessif des propositions russes.
C’est en tout cas ce que dit Yaroslav, qui travaille dans l’industrie de l’armement. "C’est super que les pays européens essaient d’aider l’Ukraine, grâce à leur présence à cette rencontre, mais aussi grâce à l’influence qu’ils ont sur l’administration américaine. Parce qu’aujourd’hui, malheureusement, Trump n’est plus notre allié, déplore-t-il. Et ce n’est qu’avec l’aide des leaders européens qu’on pourra défendre notre position face à lui."
"Ce que propose Poutine, c'est une capitulation de l'Ukraine. On ne peut pas l'accepter. Et j'espère qu'à cette réunion les Européens vont nous aider à ramener Trump dans le camp ukrainien."
Yaroslav, Ukrainien qui travaille dans l'industrie de l'armementà franceinfo
Yaroslav sera devant sa télévision, comme des millions d’Ukrainiens, pour regarder les images de cette réunion qui pourrait être décisive pour l’avenir de son pays.
À regarder
-
Le discours de Robert Badinter pour l’abolition de la peine de mort en 1981
-
Oui, en trois ans, le coût de la vie a bien augmenté !
-
Pas de Pronote dans ce collège
-
Robert Badinter : une vie de combats
-
Disparition dans l'Orne : la petite fille retrouvée saine et sauve
-
"L’antisémitisme est devenu une mode", déplore Delphine Horvilleur
-
Ils ont le droit à l’IA en classe
-
"Il y a un monde politique qui est devenu dingue. Il est temps que ça s’arrête. Ça va rendre fou tout le monde"
-
Pouvoir d'achat : les conséquences d'une France sans budget
-
Emmanuel Macron : le président lâché par les siens
-
Sébastien Lecornu : "Les ministres (...) n'auront pas le droit à des indemnités"
-
7-octobre : la douleur des Israéliens
-
Élection presidentielle anticipée ? La réponse de B. Retailleau
-
Tirs de kalachnikov : la balle frôle la tête d'une fillette
-
La dépénalisation de l'homosexualité, l'autre combat de Robert Badinter
-
Des mineures pr*stituées issues de l’ASE
-
Mistral AI : la pépite française qui défie les géants de l'IA
-
Il part à la chasse aux polluants
-
Dissolution, cohabitation... 5 scénarios pour sortir de la crise politique
-
Goncourt des lycéens : et toi, tu lis quoi ?
-
Bernard Pivot à Robert Badinter : "Si Dieu existe, qu'aimeriez-vous qu'il vous dise ?"
-
Exclusif : à bord du premier cargo à voile
-
Instabilité politique : du jamais vu sous la Vè République
-
Soldats ukrainiens : 12 points par Russe abattu
-
Comment Amazon veut distancer Temu et Shein
-
"Rentrer dans un gouvernement ? Un gouvernement de qui ?"
-
Procès Jubillar : l'alibi de l'amant en question
-
Vols d'or : la psychose des bijoutiers
-
7-Octobre : deux ans après, l'hommage aux victimes
-
Crise politique : l'Europe redoute le chaos en France
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter