La commissaire aux droits de l'enfant russe se vante d'avoir corrigé les penchants pro-ukrainiens de son fils adoptif, originaire de Marioupol
Dans un entretien à un influenceur russe, Maria Lvova-Belova, visée par un mandat d'arrêt depuis 2023 en raison du transfert forcé de mineurs en Russie, raconte avoir rééduqué l'adolescent.
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Pour la presse ukrainienne, il s'agit d'une forme d'aveu. Dans une entrevue accordée à l'influenceur russe Viatcheslav Manucharov, Maria Lvova-Belova, commissaire aux droits de l'enfant, placée sous l'autorité directe de Vladimir Poutine, est revenue sur les accusations d'enlèvements d'enfants ukrainiens qui la visent. Un passage spécifique de cet entretien d'une heure, publié début octobre sur le réseau Vkontakte, a retenu l'attention du journaliste ukrainien Denis Kazanskyi, qui l'a ensuite isolé et commenté sur YouTube, mardi 21 octobre.
La femme politique de 40 ans y raconte avoir forcé un adolescent originaire de Marioupol à renoncer à son attachement pour l'Ukraine. Selon elle, l'équilibre de sa famille a été perturbé par l'arrivée à Moscou de Philip en 2022, un jeune de 15 ans, après une procédure d'adoption. "Il souffrait d'un stress post-traumatique important après tous les bombardements, et il entretenait une relation particulière avec la Russie", euphémise-t-elle, alors que Marioupol a été détruite à la suite de l'invasion ordonnée par le Kremlin. L'enfant, qui "ne voulait pas vivre en Russie", "consultait des sites pro-ukrainiens", "chantait en permanence des chansons en langue ukrainienne", et martelait "aimer l'Ukraine". "Tu es en Russie maintenant, il faut changer d'attitude", affirme lui avoir répondu Maria Lvova-Belova.
"Ce n'est pas la première fois que la responsable raconte avoir kidnappé un enfant à Marioupol, explique à franceinfo Denis Kazanskyi, mais cette fois-ci, elle admet qu'il était ukrainien, qu'il aimait et soutenait l'Ukraine, et qu'elle a essayé de changer son identité, de le forcer à être russe tout en le détruisant pour le rééduquer." Ces propos illustrent le phénomène plus large lancé depuis 2014 dans les territoires ukrainiens occupés, poursuit-il, afin de russifier les enfants.
De très rares retours d'enfants en Ukraine
Maria Lvova-Belova et Vladimir Poutine font l'objet d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) émis en mars 2023, pour crime de guerre, en raison des déportations d'enfants ukrainiens vers la Russie. "L'histoire avec Philip est en partie à l'origine de ces accusations", déclare-t-elle dans la vidéo tournée avec Viatcheslav Manucharov. En mars, Maria Lvova-Belova vantait, dans une interview accordée à la youtubeuse Lilia Abramova et mise en ligne sur YouTube, le patriotisme de son fils adoptif, assurant qu'il rêvait désormais de rejoindre les forces de sécurité russe.
Il y a deux ans, Maria Lvova-Belova avait évoqué, auprès du média Vice, que Marioupol abritait des "enfants russophones qui voulaient faire partie de la Grande Russie". Elle niait alors les accusations de déportation dont elle faisait l'objet, assurant que ces mineurs avaient été placés en sécurité. L'article 24 de la Convention IV de Genève établit toutefois que les mineurs de moins de 15 ans ne peuvent être déplacés que temporairement, et pour des raisons humanitaires, quand ils sont orphelins ou qu'ils ont été séparés de leur famille par la guerre. Le cas échéant, ils doivent rejoindre un pays tiers, et jamais le pays agresseur.
Le nombre précis de mineurs transférés en Russie depuis les territoires occupés reste à ce jour inconnu. Kiev réclame le retour de près de 20 000 mineurs "déportés ou déplacés de force" en Russie depuis le début de son assaut le 24 février 2022, un chiffre que nombre d'observateurs jugent sous-estimé. Les autorités russes, de leur côté, assurent protéger les enfants des combats et disent être prêtes à remettre les enfants à leurs proches en Ukraine si ceux-ci en font la demande. Selon Kiev, quelques centaines d'entre eux ont pour l'instant été rapatriés, au prix de négociations complexes.
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