"Oleg Sentsov devient une figure dissidente du XXIe siècle" : des intellectuels français se lancent à leur tour dans une grève de la faim tournante
Plusieurs personnalités du monde culturel se relaient devant l'ambassade de Russie à Paris pour soutenir le cinéaste ukrainien Oleg Sentsov, qui a arrêté de s'alimenter depuis quatre mois.
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La mobilisation se poursuit à Paris pour soutenir Oleg Sentsov, ce réalisateur ukrainien emprisonné depuis quatre ans en Sibérie pour avoir dénoncé l'annexion de la Crimée par la Russie. Il purge une peine de 20 ans et a commencé une grève de la faim, le 14 mai dernier. Il exige la libération de "tous les prisonniers politiques" ukrainiens emprisonnés en Russie. Depuis vendredi 14 septembre, des cinéastes et intellectuels français ont entamé, eux aussi, une grève de la faim en relais devant l'ambassade de Russie à Paris.
Une mobilisation contre le silence
C'est dans un petit square, au milieu des jeux pour enfants, que la tente est installée. Le cinéaste Emmanuel Finkiel prend ses quartiers : "C'est là que je dors", raconte-t-il. Il est de permanence en quelque sorte et va passer la nuit sur place, avec un matelas, un sac de couchage et un peu d'eau, avant de laisser la place à un autre. Un engagement à petite échelle, reconnaît-il : "Au fond, n'est-ce pas un coup d'épée dans l'eau ? Est-ce que ça ne frôle pas le ridicule, n'est-ce pas une pantomime cette grève de la faim de 24 heures seulement, nous qui sommes repus par rapport à Oleg Sentsov ? Mais à un moment donné, je ne vois pas ce qui est plus ridicule et insupportable que le silence."
L'objectif de ces intellectuels français, c'est de se faire entendre des autorités russes et françaises, pour qu'elles interviennent dans la libération du cinéaste et des 70 autres prisonniers ukrainiens. Mais la réalisatrice Julie Bertuccelli n'y croit pas vraiment : "J'espère que ça fera quelque chose auprès de monsieur Macron, qu'il se bouge un peu plus que ce qu'il a déjà fait, c'est-à-dire très peu. Je pense qu'il a vraiment loupé le coche avec la Coupe du monde", déplore-t-elle.
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Mais "c'est vrai qu'on peut toujours se poser la question, surtout avec quelqu'un comme Poutine, de l'intérêt d'en parler, reconnaît Julie Bertuccelli. Et que parfois même il vaut mieux se taire dans ces moments-là, surtout avec ce genre de personnalités. Parce que plus on en parle, plus il sera mis en porte-à-faux et risque de ne pas vouloir perdre la face et de ne pas vouloir le libérer."
Soutenir une "figure dissidente"
Il est vrai que les nombreuses pétitions, tribunes dans les journaux ou lettres au Kremlin sont toutes restées vaines depuis quatre ans. En réalité, Christophe Ruggia, à l'initiative du mouvement en France, veut juste qu'Oleg Sentsov se sente soutenu, lui dont l'état se dégrade de jour en jour. Le réalisateur français refuse de croire que cette action sera vaine : "Sentsov n'est pas loin de devenir aujourd'hui la figure dissidente du XXIe siècle, comme il y a eu des figures dissidentes au XXe siècle, qui se sont battues pour défendre des idéaux démocratiques de liberté et de justice."
Si jamais Sentsov meurt, il faut qu'on soit derrière pour accompagner le combat qu'il n'aura pas pu mener jusqu'au bout, de manière à ce qu'il le gagne, y compris après sa mort.
Christophe Ruggiaà franceinfo
En attendant, le cinéaste français négocie avec la mairie de Paris pour déplacer sa tente devant le parvis de l'hôtel de ville, histoire que cette grève de la fin ait plus de résonance.
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