Adepte du terrain, proche de Donald Trump, ambigu sur l'Ukraine… Qui est Steve Witkoff, l'envoyé spécial américain qui multiplie les visites en Russie ?
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L'émissaire de la Maison Blanche est attendu à Moscou mercredi, à deux jours de la fin de l'ultimatum fixé par le président américain à la Russie pour faire cesser les hostilités en Ukraine.
Un milliardaire devenu diplomate. En route pour Moscou, où il est attendu mercredi 6 août pour faire avancer les pourparlers sur un cessez-le-feu en Ukraine, Steve Witkoff, 68 ans, confirme son importance dans la politique étrangère américaine. Ancien avocat, intime de Donald Trump depuis quarante ans, cet homme d'affaires est actuellement chargé de deux dossiers brûlants : régler le conflit entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, mais aussi négocier la fin de la guerre à grande échelle en Ukraine.
Pour mener à bien ces missions, Steve Witkoff a été nommé "envoyé spécial" par Donald Trump. Malgré son manque d'expérience en négociation de paix, l'ex-avocat a toute la confiance de la Maison Blanche et a déjà rencontré le président russe Vladimir Poutine plusieurs fois depuis le début de l'année. De quoi intriguer dans les cercles diplomatiques, surtout que sa méthode est loin d'être conventionnelle. Portrait de cet émissaire qui semble toujours avoir les faveurs du Kremlin, malgré un contexte tendu.
Un ami et fervent soutien de Donald Trump
Il faut remonter au milieu des années 1980 pour voir naître la relation entre Steve Witkoff et Donald Trump. Le premier était alors associé dans la firme d'avocats qui représentait le second, pour tout ce qui concernait les transactions immobilières. A l'époque, Steve Witkoff est tombé en admiration face à l'entrepreneur. "Je voulais être lui. Tout le monde voulait être lui. (…) Il avait ce style chevaleresque et intrépide", confiait-il début mars, lors d'un rare entretien avec l'animateur conservateur Tucker Carlson, ancien de Fox News. Steve Witkoff est par la suite devenu, lui aussi, un magnat de l'immobilier, et sa fortune est actuellement estimée à deux milliards de dollars, selon un classement du magazine Forbes.
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Comme le souligne The Atlantic, à qui Steve Witkoff a donné une interview mi-mai, l'homme d'affaires s'est inséré dans le cercle le plus proche de celui qui est devenu le 45e, puis 47e président des Etats-Unis. "Il a été aux côtés de Trump pendant sa faillite, ses deux divorces, ses deux procédures de destitution, ses deux tentatives d'assassinat et ses deux investitures", résume le magazine américain. Après les émeutes meurtrières du 6 janvier 2021 au Capitole de Washington, qui ont été largement imputées à Donald Trump, Steve Witkoff a soutenu le président sortant coûte que coûte, alors que de nombreux républicains prenaient leurs distances.
Cette loyauté lui a permis de garder l'oreille du locataire de la Maison Blanche, avec qui il joue régulièrement au golf. Mais aussi de compter parmi les premières nominations annoncées par le républicain, quelques jours après sa victoire à l'élection présidentielle de novembre 2024. D'abord désigné par Donald Trump comme envoyé spécial pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff a aidé le chef d'Etat sortant Joe Biden à décrocher en janvier un cessez-le-feu et la libération d'otages dans la bande de Gaza. Quelques semaines plus tard, il a reçu une seconde casquette : celle de négociateur en chef concernant la guerre en Ukraine, que Donald Trump avait promis de régler "en 24 heures".
Quatre tête-à-tête avec Vladimir Poutine au compteur
L'objectif n'a pas été atteint. Mais en l'espace de quelques mois, le nouvel envoyé spécial s'est taillé une place de plus en plus importante dans la gestion américaine du conflit ukrainien. Au point d'évincer le général Keith Kellogg, un temps émissaire pour l'Ukraine et la Russie, qui conserve uniquement sa mission auprès de Kiev. Steve Witkoff, lui, n'a jamais mis les pieds dans le pays en guerre, mais multiplie les déplacements en Russie.
Le 11 février, il s'y est rendu une première fois de façon officielle, après avoir négocié la libération de Marc Fogel, un citoyen américain détenu dans une prison russe pour possession de drogue. Et c'est à bord de son propre jet privé (qu'il utilise pour tous ses déplacements d'envoyé spécial) que Steve Witkoff a ramené l'ex-prisonnier aux Etats-Unis. Cet épisode, qu'il a décrit à The Atlantic comme "l'une des plus grandes bénédictions de [sa] vie", le place alors au premier rang des photos, où il savoure visiblement son succès.
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Début mars, au retour de l'un de ses tête-à-tête avec Vladimir Poutine, ses propos sur la guerre en Ukraine font polémique, car jugés très proches de la ligne du Kremlin. "Je ne considère pas Poutine comme un méchant", confie-t-il alors à Tucker Carlson. Au passage, il donne du crédit aux référendums illégaux dans les territoires ukrainiens envahis par la Russie, critique la légitimité du président ukrainien pour négocier, et estime que "s'il doit y avoir un accord de paix, l'Ukraine ne peut pas être membre de l'Otan".
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Le 25 avril, c'est simplement accompagné d'une traductrice qu'il s'assoit pour la quatrième fois face à une délégation russe plus importante, composée de Vladimir Poutine, de deux conseillers expérimentés et d'un interprète, rapporte la BBC. Des conditions que Steve Witkoff assume, afin d'être le seul à pouvoir livrer ensuite à Donald Trump "un bon compte rendu, ni teinté, ni altéré" de ses rencontres avec le maître du Kremlin, s'est-il justifié auprès de The Atlantic. De quoi pousser le magazine à présenter le milliardaire comme le "vrai secrétaire d'Etat" de Donald Trump, en lieu et place du chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio. Les deux hommes ont toutefois rejeté toute rivalité, répétant à la presse qu'ils entretenaient des relations de travail "fortes", voire "excellentes".
Le sens des affaires avant tout
Comme Donald Trump, qu'il appelle fréquemment son "boss", Steve Witkoff base son approche des relations internationales sur les transactions, les investissements et les gains. Au sujet de la guerre en Ukraine, il réclamait par exemple en mars "certaines conditions" avant d'aider le pays à se défendre, puis à se reconstruire. "Si nous devons donner beaucoup d'argent à l'Ukraine, nous voulons entendre le business plan qui explique comment [le conflit] va être résolu", assurait-il face à Tucker Carlson. Depuis son retour au pouvoir, Donald Trump a plusieurs fois réclamé des contreparties à l'aide militaire américaine, comme l'exploitation de minerais et de terres rares en Ukraine.
Adepte de l'art du "deal", Steve Witkoff assume de transplanter ses méthodes d'investisseur dans une sphère qu'il ne maîtrise pas. "Les affaires, ça consiste à trouver un moyen de mettre tout le monde d'accord", a-t-il expliqué à The Atlantic. "Il s'agit (…) de comprendre les deux parties et ce dont vous avez besoin pour les amener à la table des négociations. Ensuite, il faut trouver comment réduire les divergences (…). J'ai passé toute ma vie à faire ça." Et pour négocier efficacement, l'envoyé spécial n'hésite pas à passer par d'autres hommes d'affaires, des financiers, des personnalités… Mais aussi des dirigeants du Qatar, pays dont il est soupçonné d'être un peu trop proche, depuis que l'émirat gazier lui a racheté un hôtel à New York en 2023, souligne le New York Times.
Malgré l'accroissement des tensions entre les Etats-Unis et la Russie, et l'ultimatum fixé par Donald Trump à Vladimir Poutine pour faire cesser les combats en Ukraine au plus tard vendredi 8 août, la nouvelle visite de Steve Witkoff est accueillie positivement par le Kremlin. "Nous sommes toujours heureux de voir monsieur Witkoff à Moscou et toujours ravis d'être en contact avec lui", a assuré la présidence russe lundi. Elle a même ajouté qu'une nouvelle rencontre avec Vladimir Poutine n'était "pas exclue".
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