Chine : les cinq dossiers brûlants qui attendent le président Xi Jinping pour son troisième mandat après le congrès du parti communiste
Le dirigeant communiste entretient notamment des relations tendues aves les Etats-Unis à propos de Taïwan, et est très attendu dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Le 20e congrès du Parti communiste chinois, qui se tient actuellement à Pékin, doit mener le président Xi Jinping vers un troisième mandat, dimanche 23 octobre. Le dirigeant, qui fait face à la colère grandissante de la population en raison de sa politique "zéro covid" répressive, retrouvera sur son bureau d'autres dossiers aussi épineux que familiers.
1Le statut de Taïwan
Le président chinois a fait de la réunification avec Taïwan une priorité depuis plusieurs années, multipliant les menaces de recourir à la force si nécessaire. La dernière date du 16 octobre, lors de son discours en ouverture du congrès du parti communiste. Xi Jinping a déclaré que la Chine œuvrait "avec la plus grande sincérité et les plus grands efforts pour une réunification pacifique [de Taïwan]" mais qu'elle ne renoncerait "jamais au recours à la force" et se réservait "la possibilité de prendre toutes les mesures nécessaires".
La situation envenime la relation de la Chine avec les Etats-Unis. Le président américain, Joe Biden, a assuré en septembre que Washington défendrait Taïwan "si une attaque venait à se produire". Pékin avait considéré cette position comme une "grave violation de l'engagement important des Etats-Unis à ne pas soutenir l'indépendance de Taïwan".
Si Xi Jinping n'a pas mentionné explicitement Washington lors de son récent discours, il y a fait référence en déclarant s'opposer "à toute forme d'hégémonisme (...), à l'ingérence dans les affaires intérieures d'autres pays". La situation pourrait se tendre dans les semaines à venir, surtout si Pékin décide d'envahir militairement l'île, comme le redoutent de plus en plus les Taïwanais.
2Des vagues de Covid-19… et de contestation
Xi Jinping a persisté depuis le début de la pandémie de Covid-19 à appliquer une politique de tolérance zéro, orchestrée à l'aide d'une surveillance massive des citoyens (enregistrement des déplacements) et des mesures coercitives (tests PCR imposés, isolement strict, lourdes sanctions en cas de non-respect du confinement…). Le dirigeant chinois s'en est félicité au congrès du parti, estimant avoir "protégé au plus haut point la sécurité et la santé du peuple et (...) atteint des résultats positifs significatifs en coordonnant la prévention et le contrôle de l'épidémie avec le développement économique et social".
Toutefois, en plus d'un coup porté à la croissance économique du pays, cette stratégie autoritaire a fait naître un fort mécontentement. En avril, alors que les autorités peinaient encore à endiguer une vague du variant Omicron à coups de confinements à répétition, la contestation est montée, sur les réseaux sociaux d'abord, puis dans les rues. A la veille du congrès du parti communiste, une banderole accrochée à un pont de Pékin appelait même les citoyens à se mettre en grève et à chasser "le traître dictateur Xi Jinping".
3La lutte contre le réchauffement climatique
Le pays est le plus gros pollueur du monde et le premier émetteur de gaz à effet de serre. Il fait face sur son sol à des problèmes importants de sécheresse et de pollution, qui se répercutent sur la santé publique. Parallèlement, la Chine est aussi une championne mondiale des énergies renouvelables. Elle est devenue en une dizaine d'années le premier investisseur mondial sur l'éolien et le solaire. En mars 2021, Pékin a promis d'augmenter à 25% la part des énergies renouvelables utilisées dans le pays en 2025 et ambitionne la neutralité carbone d'ici à 2060.
Malgré la suspension de sa coopération avec les Etats-Unis dans la lutte contre le réchauffement climatique le 1er août, Xi Jinping a réaffirmé ses objectifs écologiques, en ouverture du congrès du parti communiste chinois. "Nous participerons activement à la gouvernance mondiale sur le changement climatique", a-t-il déclaré.
Le pays reste toutefois très dépendant aux énergies fossiles et pas près de s'en défaire. Pékin a annoncé, en avril 2022, que la production chinoise de charbon allait augmenter de 300 millions de tonnes supplémentaires pour l'année en cours. Une contradiction pointée par de nombreux observateurs internationaux.
4Une position délicate entre la Russie et l'Ukraine
La Chine étant un allié historique de la Russie et l'un des principaux partenaires commerciaux des Occidentaux, Xi Jinping a longtemps conservé une posture ambiguë vis-à-vis de l'annexion d'une partie de l'Ukraine par les troupes de Vladimir Poutine. Le 7 mars, le dirigeant chinois assurait que l'amitié entre Pékin et Moscou était "solide comme un roc" et il a longtemps tenu une posture ambivalente : pas de soutien direct à la Russie, mais pas de condamnation de l'invasion non plus.
Le 21 septembre, Pékin est sorti de sa réserve en appelant la Russie à un cessez-le-feu. Quelques jours plus tard, à l'Assemblée générale de l'ONU, le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, appelait "toutes les parties concernées à empêcher la crise de déborder". "La priorité est de faciliter des négociations de paix", insistait-il, appelant à des discussions "justes et pragmatiques" pour une "résolution pacifique de la crise". Le ministre chinois a d'ailleurs rencontré à New York son homologue ukrainien Dmytro Kouleba, l'assurant que Pékin appelait à respecter "l'intégrité territoriale de tous les pays".
5La persécution des Ouïghours
Les Ouïghours, une minorité musulmane de Chine, subissent des exactions dans la province du Xinjiang, au nord-ouest du pays. Le 24 mai, un consortium de médias publiait des documents accablants pour le pouvoir chinois, quelques mois avant la publication d'un rapport de l'ONU dénonçant, parmi les atrocités commises, des détentions arbitraires, des actes de tortures, des avortements forcés. L'organisation qui dénonce de possibles "crimes contre l'humanité" a demandé une attention "urgente" de la communauté internationale sur cette question.
La Chine pourrait être sommée de s'expliquer et de faire cesser ces exactions qui la place sous les feux critiques de nombreuses organisations non gouvernementales œuvrant pour les droits de l'homme.
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