Prix Sakharov décerné à un journaliste emprisonné : "Andrzej Poczobut est un exemple pour les journalistes biélorusses", salue une de ses consœurs
Le prix Sakharov récompense les personnes ou organisations qui défendent les droits humains et libertés fondamentales. Il a été décerné mercredi au journaliste polono-biélorusse Andrzej Poczobut et à la Géorgienne Mzia Amaghlobeli. Une décision saluée par une de leur confrère, Irina Novik, journaliste biélorusse en exil.
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Le prix Sakharov pour la liberté de pensée, remis par le Parlement européen, a été décerné mercredi 22 octobre au journaliste polono-biélorusse Andrzej Poczobut, aux côtés de la Géorgienne Mzia Amaghlobeli.
Selon Irina Novik, journaliste biélorusse pour le média Hrodna.life, qui l'a côtoyé en Biélorussie, Andrzej Poczobut, par son courage et sa ténacité, est un exemple pour tous les journalistes du pays. Ils sont plus de 500 aujourd'hui à vivre en exil et 28 sont actuellement en prison, condamnés par le régime autoritaire du président Alexandre Loukachenko.
franceinfo : Quelle est votre première réaction à l'annonce de la remise de ce prix ?
Irina Novik : En tant que journalistes, nous nous y attendions. Nous avions d'ailleurs écrit un article sur notre média Hrodna.life sur la nomination d'Andrzej Poczobut pour le Prix Sakharov. Et au moment de la remise du prix, pendant la retransmission, tous mes collègues ont bien sûr suivi le déroulement de la cérémonie, et nous avons tous croisé les doigts pour qu'Andrzej remporte ce prix ! Nous sommes très impressionnés. Andrzej le mérite, mais pour nous, ce n'est pas une surprise. Nous nous attendions à ça. Il le mérite.
C'est une façon également de reconnaître le travail des journalistes indépendants en Biélorussie ?
Nous nous réjouissons d'abord parce que c'est un ami proche, que nous venons de la même ville, Hrodna (Grodno, en russe) où la présence de la communauté polonaise est très importante. Ensuite, je me réjouis en tant que journaliste. Parce que la détermination dont fait preuve Andrzej, c'est vraiment de l'héroïsme. Beaucoup d'entre nous avons été placés dans la même position. Dans le milieu journalistique, nous avons une blague qui dit que si vous n'avez pas fait de prison, vous n'êtes pas journaliste. Andrzej est en prison depuis longtemps déjà. [Il a été condamné à de multiples reprises, la dernière fois en 2023, à 8 années de prison, NDLR.] Il aurait probablement pu sortir s'il avait écrit une demande de grâce, ou s'il avait déclaré qu'il allait changer de comportement. Mais il tient bon. Et pour nous, c'est un exemple qui nous montre que nous devons également tenir bon, que nous devons rester debout. Grâce à ce prix Sakharov, notre situation ne passe pas inaperçue, la communauté internationale voit notre travail et l'apprécie.
Sur quel type de sujets travaillait-il en tant que journaliste ?
En tant que journaliste polono-biélorusse, Andrzej écrivait beaucoup sur la vie de la minorité polonaise en Biélorussie, car il y avait une oppression tant sur le plan linguistique que sur la possibilité d'apprendre la langue. Il écrivait également beaucoup sur Alexandre Loukachenko (le président biélorusse, élu sans discontinuer depuis 1994, allié de Vladimir Poutine, qui a sévèrement réprimé un mouvement contestataire dans son pays en 2020) et couvrait de manière générale la situation en Biélorussie afin que notre pays soit visible à l'étranger, en particulier chez nos voisins polonais. Mais il est aussi historien. Il connaît par cœur l'histoire commune de la République des Deux Nations et du Grand-Duché de Lituanie, l'histoire de la Biélorussie, qui a changé d'allégeance et a fait partie de différents États au fil des siècles.
Quelles nouvelles avez-vous de lui en prison ?
La dernière fois qu'on a eu de ses nouvelles, c'était quand Angelika Borys, la présidente de l'Union des Polonais en Biélorussie (une organisation non reconnue par les autorités) a été lui rendre visite. C'était il y a un mois environ. Sa famille, elle, n'a aucune information. La femme d'Andrzej a écrit sur les réseaux sociaux qu'il était très probablement placé à l'isolement. Il n'a donc aucun contact avec sa famille. Elle a également expliqué qu'il avait dû subir une opération. Elle a eu lieu il y a plusieurs mois, mais on ne l'a appris que très récemment. Bien sûr, toutes nos pensées l'accompagnent aujourd'hui. C'est une immense joie que, grâce au prix Sakharov, la Biélorussie soit mise sur le devant de la scène et que le travail des journalistes biélorusses soit mis en valeur. Cela prouve qu'ils peuvent agir, même s'ils sont emprisonnés et placés à l'isolement. Aujourd'hui, 28 journalistes biélorusses sont actuellement derrière les barreaux et nous sommes environ 500 à avoir fui le pays, en particulier en Lituanie et en Pologne.
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