La liberté de la presse dans le monde est au plus bas depuis 50 ans, selon un rapport

Le groupe de réflexion Idea, basé à Stockholm, estime plus largement que l'état actuel de la démocratie est "inquiétant", après avoir analysé plusieurs critères.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des journalistes manifestent devant l'ambassade de Birmanie à Jakarta (Indonésie), le 7 septembre 2018. (EKO SISWONO TOYUDHO / ANADOLU AGENCY / AFP)
Des journalistes manifestent devant l'ambassade de Birmanie à Jakarta (Indonésie), le 7 septembre 2018. (EKO SISWONO TOYUDHO / ANADOLU AGENCY / AFP)

"L'état actuel de la démocratie est inquiétant." Voici le bilan alarmant du rapport publié jeudi 11 septembre par le groupe de réflexion International Idea, selon les mots de son secrétaire général Kevin Casas-Zamora. Ainsi, plus d'un pays sur deux dans le monde (54%) a enregistré entre 2019 et 2024 une baisse de l'un des cinq indicateurs clés de ce qui définit une démocratie, établit ce document qui fait référence dans ce domaine.

"La conclusion la plus importante de notre rapport est probablement la détérioration très grave de la liberté de la presse dans le monde", ajoute Kevin Casas-Zamora. Entre 2019 et 2024, elle a connu "sa plus forte baisse enregistrée au cours des 50 dernières années". C'est la première fois que le groupe Idea, basé à Stockholm, observe "une détérioration aussi grave d'un indicateur clé de la santé démocratique", précise le responsable.

La liberté de la presse s'est dégradée dans 43 pays répartis sur tous les continents, dont 15 en Afrique et 15 en Europe. Afghanistan, Burkina Faso et Birmanie, déjà mal classés, enregistrent les plus forts reculs à ce chapitre.

"Cela n'augure rien de bon"

"Un mélange toxique se met en place, qui implique, d'une part, des interventions musclées de la part des gouvernements dont certaines sont l'héritage de la pandémie", explique Kevin Casas-Zamora. D'autre part, "il y a l'impact très négatif de la désinformation, dont une partie est réelle et dont une autre est utilisée comme prétexte par les gouvernements pour restreindre la liberté de la presse", ajoute-t-il. Idea s'inquiète en outre du phénomène mondial de concentration des médias traditionnels mais également de "la disparition dans de nombreux pays de médias locaux qui jouent un rôle très important dans le soutien au débat démocratique", ajoute le secrétaire général.

Le quatrième plus fort déclin vient de la Corée du Sud, selon le rapport, qui cite "la multiplication des procès en diffamation intentés par le gouvernement et ses alliés politiques contre des journalistes, et les perquisitions au domicile de journalistes". Le rapport n'intègre pas les premiers effets du deuxième mandat de Donald Trump mais "certaines des choses que nous avons vues pendant les élections à la fin de l'année dernière et au cours des premiers mois de 2025 sont assez inquiétantes", anticipe Kevin Casas-Zamora. "Comme ce qui se passe aux États-Unis a tendance à se propager à l'échelle mondiale, cela n'augure rien de bon pour la démocratie dans le monde."

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