Tunisie : une marée humaine aux funérailles de l'opposant Brahmi
Ses obsèques ont lieu dans un climat tendu, au lendemain d'une grève générale et de manifestations anti-gouvernementales parfois violentes.
Ils sont venus de toute la Tunisie. Une foule émue de plusieurs milliers de personnes est présente samedi 27 juillet aux funérailles du député opposant assassiné Mohamed Brahmi, enterré à Tunis dans un climat tendu au lendemain d'une grève générale et de manifestations anti-gouvernementales.
La tristesse mais aussi la colère se lisent sur les visages lors de la procession funèbre, partie sous escorte militaire samedi matin du domicile du défunt dans la banlieue de l'Ariana, 10 km au nord de Tunis. Mohamed Brahmi, 58 ans, a été mis en terre à la mi-journée au cimetière d'El-Jellaz dans "le carré des martyrs" au côté de Chokri Belaïd, un autre opposant de gauche assassiné en février dernier.
"Par notre âme, par notre sang, nous te vengerons"
Le cortège a parcouru l'avenue Habib Bourguiba, principale artère du centre de Tunis. Une marée de drapeaux tunisiens était visible, alors qu'un hélicoptère militaire survolait la capitale. "Par notre âme, par notre sang, nous te vengerons", criait la foule. Le défunt était accompagné d'une foule estimée à 10 000 personnes selon une source policière et entre 15 000 et 20 000 selon des journalistes présents alors que les autorités ont déployé un très important dispositif de sécurité, dans Tunis et aux alentours du cimetière.
De nombreux dirigeants syndicalistes et politiques étaient présents, contrairement aux responsables du gouvernement, dont la présence n'était pas souhaitée par la famille. Le président Moncef Marzouki a chargé le chef d'état-major de l'armée de terre, le général Mohamed Salah Hamdi, de présider à ces funérailles. C'est lui qui a lu l'oraison funèbre et un imam a prononcé la prière des morts.Opposant nationaliste de gauche, Mohamed Brahmi a été tué de 14 balles tirées à bout portant devant son domicile, sa famille accusant Ennahda, qui dément. Le gouvernement a nommément désigné un salafiste jihadiste, ajoutant que la même arme avait servi pour le meurtre de Chokri Belaïd.
Explosion d'un engin piégé
L'assassinat a choqué les Tunisiens qui ont manifesté par centaines dans la capitale et dans les régions pour réclamer la chute du gouvernement qu'ils désignent comme responsable de l'assassinat. Un manifestant a été tué dans la nuit de vendredi à samedi à Gafsa (sud-ouest) et des notables de Sidi Bouzid, ont mis en place un conseil pour gérer les affaires de la ville "jusqu'à la chute du pouvoir" actuel, mot d'ordre des manifestants depuis l'assassinat du député.
Par ailleurs, un véhicule de la Garde nationale (gendarmerie) a été visé tôt samedi par l'explosion d'un engin piégé à La Goulette, près de Tunis, a indiqué le ministère de l'Intérieur. Elle a légèrement blessé un gendarme, selon un résident.Sur le plan politique, 42 députés ont annoncé la nuit dernière leur retrait de l'Assemblée nationale constituante, exigeant sa dissolution et la formation d'un gouvernement de salut national.
"Le peuple veut la chute du régime"
"Un scénario à l'égyptienne est-il possible ?" écrivait le quotidien Le Temps, affirmant que la Tunisie est menacée de manifestations massives. "Les masques ont tombés, où va la Tunisie" s'inquiétait de son côté le quotidien anti-gouvernemental le Maghreb.
A Tunis, des centaines de personnes avaient fait le déplacement de Sidi Bouzid, ville natale du défunt et berceau du soulèvement qui a renversé le régime de Ben Ali en 2011, théâtre de manifestations la nuit dernière contre le gouvernement dirigé par des islamistes. "Dieu est le plus grand" ou "Il n'y a de dieu que Dieu et le martyr est son ami", ont crié d'une voix des milliers de personnes rassemblées dans l'enceinte du cimetière au dessus duquel flottaient d'immenses drapeaux, rouge et banc, de la Tunisie.
A côté du cercueil également enveloppé du drapeau national sur un véhicule militaire, la veuve de l'opposant, Mbarka, se tenait debout faisant tantôt le V de la victoire, levant tantôt l'index, geste symbolisant l'unicité de Dieu pour les musulmans.Plus politiques, des milliers de ses partisans scandaient des slogans hostiles au parti islamiste Ennahda au pouvoir, tenu pour responsable de l'assassinat de Brahmi jeudi, comme de celui de Chokri Belaïd."Le peuple veut la chute du régime", ou "Ennahda, bande de terroristes", ont-ils crié derrière Hamma Hammami, leader d'extrême gauche du Front populaire, une coalition comprenant des nationalistes et à laquelle appartenait le défunt.
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