"Tu n'es pas moche, tu es juste grosse" : la tendance #SkinnyTok cible les jeunes et inquiète les professionnels de santé
Des dizaines de milliers de vidéos prônant la minceur, à base de phrases chocs et de conseils dangereux, sont rassemblées sous un même hashtag sur TikTok.
"Tu n'es pas moche, tu es juste grosse", "Si la nourriture illumine ta journée, c'est que ta vie est vraiment merdique". C'est le genre de phrases violentes prononcées souvent par des femmes très minces qui prétendent donner des conseils pour perdre du poids dans des vidéos qui pullulent sur TikTok. Des contenus rassemblés sous le nouveau hashtag #SkinnyTok, en vogue depuis plusieurs semaines sur le réseau social. Contraction de skinny, qui signifie maigre en anglais, et de TikTok, il cumule près de 45 000 publications sur la plateforme, dont certaines vont jusqu’à trois millions de vues.
Cet engouement inquiète les médecins et semble très loin du mouvement d’acceptation de tous les corps défendu depuis plusieurs années sur la même plateforme. L'objectif annoncé de ses vidéos : motiver à maigrir avec des messages provocateurs.
Des conseils dangereux
Ellie, élève de terminale, tombe tous les jours sur des contenus marqués #SkinnyTok. "Il y a plein de meufs qui proposent de faire le fasting ensemble. C'est genre tu ne prends pas de petit-déjeuner, tu ne manges pas jusqu'à 16h et après tu prends un repas. Et après tu recommences tous les jours pendant trois mois, raconte-t-elle. C'est de la folie."
Une fois l'algorithme de la plateforme lancé, impossible de l’arrêter. En quelques minutes, le fil d’actualité est envahi de ce genre de contenu : "Si ton estomac gargouille, c'est toi déjà qui t'applaudis" ou encore "Arrêtes de te récompenser avec de la bouffe, tu n'es pas un chien". Charlotte, 18 ans, l’a aussi constaté : "Si on se met à regarder un TikTok en entier là-dessus, après pendant plusieurs jours on peut avoir des recommandations comme ça."
"C'est horrible à dire, mais ceux pour qui ça repasse souvent, ce sont ceux qui regardent et qui sont complexés par ça."
Charlotte, 18 ansà franceinfo
C’est ce qui est arrivé à Gabrielle, 18 ans. À force de tomber sur ce hashtag, et pour, elle l’avoue, "se sentir bien”, elle a essayé. "Je me suis dit que la solution pour perdre du poids facilement, c'était de ne pas petit-déjeuner le matin. J'ai tenu deux mois et j'ai rien perdu du tout. Ça ne servait à rien, parce que remplacer la nourriture par l'eau, c'est complètement débile", témoigne la jeune femme.
Un risque de pathologies mentales graves
Alors est-on en train de voir arriver une résurgence des "pro-ana" ? Dans les années 2000-2010, ces blogs faisaient l'apologie de l’anorexie, notamment sur la plateforme Tumblr. Hugo Saoudi, psychiatre spécialisé dans les troubles alimentaires, redoute les effets de ce hashtag, déjà bien connu de ses patientes. "On est à risque d'avoir des jeunes qui s'affament et qui, au niveau des conséquences, peuvent éventuellement, parce qu'elles se sont restreintes à un moment donné, aller craquer, aller faire des crises de boulimie, des crises d'hyperphagie", détaille le spécialiste. Selon lui, cela peut "entraîner des pathologies psychiatriques, des pathologies mentales, qui sont des pathologies graves".
Sollicité par franceinfo, TikTok n’a pas souhaité communiquer sur sa politique de modération. Quand on tape "skinnytok" sur la plateforme, pas de censure, mais parfois une phrase, en petit en haut de l’écran : "Ton poids ne te définit pas". Ce message est accompagné d'un texte prônant l'acceptation de soi, qui enjoint les personnes à se "confier à une personne de confiance" ou à consulter les ressources mises à disposition par le Centre de sécurité de la plateforme.
Pour obtenir de l'aide, la ligne "Anorexie, Boulimie Info Ecoute", gratuite et anonyme, est joignable au 09 69 325 900.
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