: Entretien Contrôle parental sur ChatGPT : "Les jeunes se tournent vers les IA plutôt que vers des spécialistes", déplore le psychologue Samuel Comblez
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Invité de la chaîne franceinfo, le directeur général adjoint d'e-Enfance est revenu sur le contrôle parental bientôt intégré à l'Intelligence artificielle ChatGPT.
ChatGPT est l'objet de virulentes critiques depuis que des parents américains ont accusé fin août cet agent conversationnel d'avoir encouragé leur enfant à se suicider. L'entreprise américaine OpenAI a réagi, mardi 2 septembre, en annonçant l'installation dans les prochaines semaines d'un dispositif de contrôle parental. Invité de franceinfo, mercredi, Samuel Comblez, directeur général adjoint d'e-Enfance, estime que la mise en place de garde-fous est "centrale". Il faut "faire en sorte que cet objet soit utilisé comme il se doit, mais pas plus", explique le psychologue.
ChatGPT va créer un contrôle parental. Est-ce une bonne chose a priori ?
Samuel Comblez : C'est nécessaire. Les jeunes sont de plus en plus utilisateurs de ChatGPT, ce sont 18 millions d'utilisateurs chaque mois en France. Et c'est vrai qu'on a besoin de contrôler, d'accompagner les jeunes dans la découverte d'une technologie quand même toute récente. Il y a encore trois ans, on ne connaissait pas ChatGPT. Il faut pouvoir aider les parents à faire en sorte que cet outil soit utilisé et ne soit pas préjudiciable pour les mineurs. Certains jeunes n'ont plus confiance en leurs parents, l'école non plus n'est pas considérée comme un lieu refuge.
Le contrôle parental – en tout cas de ce que l'on en sait avant qu'il soit mis en place – permettrait ici de contrôler la façon dont ChatGPT va répondre aux jeunes et être alerté en cas de détresse aiguë d'un adolescent d'au moins 13 ans. En quoi cela est-il central aujourd'hui ?
C'est central parce qu'aujourd'hui on se rend compte que les jeunes se tournent beaucoup vers ces intelligences artificielles plutôt que vers des psychologues, vers des adultes qui seraient plus à même de les aider. Les jeunes nous disent que cela donne l'impression que c'est une vraie personne qui nous parle. L'avantage, c'est qu'on n'a pas besoin de prendre rendez-vous, on n'est pas jugé, on a l'impression que c'est efficace. C'est là où on a besoin de les accompagner et de les alerter sur le fait que ces agents conversationnels, ça reste des robots. Certes, ils progressent en intelligence, mais ça ne peut pas remplacer un être humain, en particulier quand on ne va pas bien.
"Ces jeunes ont besoin de pouvoir être sensibilisés au fait qu'il faut donner sa place à l'intelligence artificielle, mais pas lui déléguer plus qu'elle n'est capable de faire."
Samuel Comblez, directeur général adjoint de e-Enfanceà franceinfo
Ce qui est problématique aujourd'hui, c'est que les jeunes se tournent beaucoup vers l'IA. Et surtout, ils ne parlent plus à d'autres personnes, ils ne se tournent plus vers nous, ils n'ont plus confiance. Ils n'ont plus confiance en leurs parents, l'école non plus n'est pas considérée comme un lieu refuge. C'est peut-être ça qu'il faudrait interroger. Et faire en sorte que cet objet soit utilisé comme il se doit, mais pas plus.
Comment redonner confiance à ces jeunes, comment les sensibiliser à tout ce que vous venez de dire quand on voit que des adultes eux-mêmes utilisent aussi ces robots conversationnels, et parfois pour des questions très intimes ?
Il faut leur expliquer comment fonctionne ChatGPT. En général, les jeunes sont sensibles pour comprendre comment fonctionnent ces IA et jusqu'où elles peuvent aller et ne peuvent pas faire. L'intelligence artificielle, c'est une espèce de miroir de soi-même qui va vous parler, vous renvoyer des informations que vous allez donner. Mais l'IA est toujours bienveillante, va toujours vous dire des choses qui sont plutôt positives, plutôt valorisantes pour vous.
Toutefois, quand on ne va pas bien, il faut pouvoir dire des choses qui ne sont pas forcément bien accueillies, qui ne sont pas forcément valorisantes, mais qui sont utiles. Et l'intelligence artificielle n'a pas cette capacité. Elle est là pour converser, mais elle n'est pas capable de lire les émotions, de reconnaître la communication non verbale, de dire les choses d'une certaine manière, ça peut complètement changer le discours. Et puis, l'IA entend les mots, mais elle n'entend pas les silences. Et les silences sont essentiels pour comprendre l'état psychique d'une personne.
Faut-il aller jusqu'à interdire ces robots conversationnels pour les jeunes ?
On est en 2025, ils sont là, ils rendent des services, il faut être clair, mais il faut encore une fois mettre un certain nombre de garde-fous et ce que propose ChatGPT peut être intéressant. L'idée, ce n'est pas non plus d'alerter à outrance les parents et de tirer la sonnette d'alarme dès qu'un jeune évoque des idées noires.
C'est aussi normal qu'à l'adolescence, on ait des moments un petit peu plus difficiles. Donc il va peut-être falloir paramétrer les choses correctement et surtout continuer à faire de la prévention parce que c'est la clé. Au niveau des parents, des professionnels, des adultes, des enfants et des jeunes eux-mêmes.
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