"Honte", "amateurisme", "gros couac"... Une vidéo du gouvernement générée par IA sur la Résistance épinglée par les internautes

À l'occasion de la Journée nationale de la Résistance mercredi 27 mai, le gouvernement a mis en ligne une vidéo sur ses réseaux sociaux. Générée par intelligence artificielle, elle contenait de grossières erreurs historiques, forçant le service de communication à la dépublier.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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Capture écran de la vidéo partagée par le compte @gouvernement. (RADIO FRANCE)
Capture écran de la vidéo partagée par le compte @gouvernement. (RADIO FRANCE)

C'est raté. La communication gouvernementale voulait s'inspirer d'une tendance sur les réseaux sociaux à l'occasion de la Journée nationale de la Résistance, mal lui en a pris. Comme le rapporte notamment Le Monde, le Service d'information du gouvernement (SIG) a publié mercredi 27 mai, journée nationale de la Résistance, une courte vidéo mettant à l'honneur une résistante sur les comptes TikTok et Instagram du gouvernement. Attention : pas une "vraie" résistante, mais une femme générée par un logiciel d'intelligence artificielle pour les besoins de cette vidéo.

Si l'utilisation de l'IA ne fait pas mystère et semble assumée par le gouvernement, des erreurs se sont en revanche glissées dans les 26 petites secondes que dure cette vidéo sous titrée "POV : tu es une femme résistante pendant la Seconde Guerre mondiale".

Un soldat allemand qui fête la libération

Face au tollé provoqué sur les réseaux, le gouvernement a finalement retiré cette vidéo qui a toutefois été sauvegardée sur certaines plateformes comme BlueSky et que l'on peut donc encore visionner.

Le gouvernement a supprimé ses publications. Mais la vidéo a été sauvegardée. La voici.

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— Marme & lade 🌱 (@marmelade.bsky.social) 28 mai 2025 à 11:29

La plus grossière de ces erreurs n'a pas échappé à l'œil des internautes. Alors que l'on voit la jeune femme célébrer la libération de Paris, la scène de liesse en pleine rue laisse apparaître un homme ressemblant à un soldat allemand, lui-même fêtant donc joyeusement la victoire des Alliés.

"La honte absolue", tance un internaute. "Une vidéo créée par l'IA pour célébrer la résistance française... avec un soldat de la Wehrmacht", s'indigne-t-il sur X. "Le soldat allemand derrière est visiblement content d'être là", ironise un autre.

Comme le relève le site 01net.com, cette erreur est loin d'être la seule. "On aperçoit aussi à une fenêtre un drapeau japonais. Qui à l’époque, était toujours en guerre dans le Pacifique, et pas du bon côté de l’Histoire", épingle le site internet. On aperçoit aussi des étrangetés dans cette vidéo comme ce journal clandestin que la résistante glisse dans une boîte aux lettres. En y regardant de plus près, on peut voir que le journal se déchire en partie, sans raison.

Une "nouvelle version" à venir

Contacté par Le Monde, le SIG, qui a procédé pour le moment au retrait de la vidéo se justifie et prévoit de publier une version corrigée. "Les outils d’IA ne sont jamais utilisés seuls et chaque script est préparé et validé par des agents, ministères et spécialistes, à partir d’éléments fiables et sourcés. La traduction visuelle du script n’a en revanche pas fait l’objet d’un visionnage par ces derniers, mais la nouvelle version qui sera publiée a été vérifiée par des historiens de la Fondation de la Résistance", peut-on lire.

L'historien William Blanc a dénoncé cette démarche sur France Inter et pointe du doigt "un énorme problème". Selon lui, le fait de confier un discours historique à une machine, "c'est comme si on privatisait le discours historique et mémoriel par rapport à la Seconde Guerre mondiale". L'historien estime "sincèrement" que "ça pose un problème" et ajoute qu'il existe "suffisamment d'images d'archives pour illustrer une vidéo comme ça". William Blanc affirme que l'on arrive "dans une ère de post-vérité" dans laquelle on est "bombardés par tellement d'images qu'il devient difficile pour beaucoup de gens de faire le tri entre le vrai et le faux". "Si là, vous avez carrément une institution qui produit du faux, ça pose un énorme problème", insiste-t-il. 

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