Manifestations : les drones, nouveaux yeux des forces de l’ordre

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Article rédigé par France 2 - H. Puffeney, S. Allec, Y. Amiel, L. du Rusquec, M. Hauville, M. Weil. Édité par l'agence 6Médias
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Les drones se multiplient lors des manifestations, offrant aux forces de l’ordre une surveillance aérienne efficace. Discrets et polyvalents, ils améliorent la sécurité, mais leur usage strictement encadré soulève des questions sur le respect des libertés individuelles et le droit de manifester.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder dans son intégralité


C'est un petit cortège à Ussel, en Corrèze, et pourtant sous la surveillance aérienne d'un drone. Un aéronef piloté par un gendarme qui se trouve à l'écart, sur un parking à quelques centaines de mètres. Son rôle : fournir des images en temps réel à son commandant qui dirige les gendarmes mobiles au sol. Pour eux, l'outil est essentiel.

"Quand on est au sol, notamment lorsqu'on est derrière des gendarmes, derrière des policiers, forcément, on a une vision qui, par définition, va rapidement s'arrêter à quelques centaines de mètres au mieux. Alors que le drone, lui, monte et nous permet d'avoir plusieurs kilomètres de visuel. Donc c'est une aide extrêmement importante qui a beaucoup changé", précise le Colonel Julien Gossement du Groupement de gendarmerie de Brive-la-Gaillarde (Corrèze).

Autre avantage : le drone est plus discret, moins cher qu'un hélicoptère et plus polyvalent que la vidéosurveillance. Résultat, le ministère de l'Intérieur en a acheté 965 pour ses gendarmes et 650 pour ses policiers.

Un usage strictement encadré

Un outil prisé, mais dont l'usage est très encadré. Les drones ne peuvent pas enregistrer de son, utiliser la reconnaissance faciale automatique ou encore filmer l'intérieur des domiciles. Pour décoller, ils doivent aussi avoir une autorisation préfectorale, des arrêtés pris au cas par cas.

Une précaution nécessaire selon un collectif d'avocats et de magistrats, car selon eux, les drones menacent la liberté même de manifester. Me Jean-Baptiste Soufron, membre de l’association de défense des libertés constitutionnelles (ADELICO), alerte : "Vous avez un outil qui, en filmant tous les manifestants en même temps, en les suivant, en réalisant une captation de masse, va permettre de savoir quelles sont les opinions politiques des uns et des autres, de savoir que vous avez participé tel jour à une manifestation, tel autre jour à une autre manifestation, et ça, c'est extrêmement dangereux. C'est pour ça que les drones sont encadrés."

Leur usage peut ainsi être interdit par la justice. Selon notre recensement, le 10 septembre dernier, près d’un quart des arrêtés autorisant les drones en manifestation ont été jugés abusifs et annulés.

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