Classes surchargées, postes supprimés, manque d'AESH... Des écoles, collèges et lycées en grève pour la rentrée scolaire
Des enseignants, et parfois des membres de l'administration, ont fait grève lundi. Des mouvements sociaux qui reflètent les maux de l'Education nationale, comme des effectifs trop élevés ou la pénurie d'accompagnants pour les élèves handicapés.
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Les douze millions d'élèves français n'ont pas tous pu retourner en classe, lundi 1er septembre. La première raison a été météorologique : dans les Bouches-du-Rhône et le Var, la rentrée a été reportée à mardi à cause des orages et des risques de fortes pluies et d'inondations. La seconde raison, elle, est liée aux maux de l'Education nationale. En cette semaine de reprise des cours, des grèves ont lieu dans plusieurs établissements, à Paris, dans le Tarn ou encore dans la Loire. Dans un contexte de pression budgétaire, le Premier ministre en sursis n'ayant promis qu'une maigre rallonge de 200 millions d'euros pour l'enseignement scolaire en 2026, des enseignants et parents d'élèves dénoncent des classes surchargées et une pénurie de personnel.
"Pas question de faire une rentrée dans des conditions dégradées"
Au lycée Colbert, dans le 10e arrondissement de la capitale, les professeurs dénoncent un nombre d'élèves par classe supérieur à ce qui était prévu, conséquence de l'ouverture d'une Unité pédagogique pour élèves allophones arrivants (UPE2A) en seconde. Au nombre de 24, ces jeunes, originaires d'Iran, d'Afghanistan ou de Chine, doivent progressivement intégrer les classes dites "ordinaires", d'ici la fin du mois de juin.
"Nous ne sommes pas du tout hostiles à ce dispositif", explique Emmanuelle Jean-Baptiste, enseignante en histoire-géographie et représentante CGT Educ'Action. "Mais il était prévu de maintenir les effectifs de nos classes de seconde à 32. Vendredi, lors de la prérentrée, nous nous sommes rendu compte qu'il y avait d'ores et déjà entre 29 et 32 élèves." En répartissant les 24 élèves allophones dans les classes de seconde, "on va aboutir à 33, 34, voire 35 élèves", calcule Emmanuelle Jean-Baptiste.
Dans cet établissement, les 47 enseignants titulaires ont voté pour la grève lundi. Un mouvement qui pourrait être reconduit en fonction des réponses apportées par le rectorat. Les professeurs principaux ont aussi démissionné de leurs fonctions.
"Si nous sommes autant remontés, c'est aussi parce que cette situation se cumule à d'autres : l'année dernière, nous avons déjà vu fermer une classe de première et une classe de terminale, ce qui a fait monter les effectifs à 35."
Emmanuelle Jean-Baptiste, enseignante au lycée Colbert à Paris et responsable CGT Educ'Actionà franceinfo
Au collège Louisa-Paulin de Réalmont, dans le Tarn, la rentrée a tourné court, là aussi en raison des effectifs. Parents et enseignants ont acté un appel à la grève illimitée, faute d'avoir obtenu l'ouverture d'une classe de sixième supplémentaire, rapporte France 3 Occitanie. Au collège Jean-Moulin de Saint-Jacques-de-la-Lande, en Ille-et-Vilaine, une grève est prévue mardi. "Il n'est pas question que nous acceptions la fermeture d'une classe de cinquième et d'une classe de quatrième, et de faire une rentrée dans des conditions dégradées", témoigne Julien Salliot, l'un des enseignants, auprès de Ouest France.
Ces situations illustrent une réalité. Un rapport de 2024 publié par la Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (Depp) montre que la France possède les classes les plus chargées de l'Union européenne. Dans le premier degré, 22 élèves en moyenne travaillent dans une même classe, alors que la moyenne européenne est de 19. En collège et lycée, cette moyenne des effectifs atteint 26 en France, contre moins de 18 en Lettonie.
"L'équivalent de 2 500 professeurs" manquants
Face à ce constat, la forte diminution des effectifs d'élèves prévue entre 2025 et 2029, liée à la baisse démographique, ne doit pas servir de "variable d'ajustement", prévient Emmanuelle Jean-Baptiste. Autrement dit : qu'elle justifie des fermetures de classe ou des refus d'en ouvrir de nouvelles. Sur RTL lundi matin, la ministre de l'Education nationale, Elisabeth Borne, a fait savoir qu'il y avait, en cette rentrée, "100 000 élèves de moins" par rapport à 2024.
En ce début d'année scolaire, la pénurie d'enseignants inquiète à nouveau, même si la ministre s'est voulue rassurante. "On a 99,9% des postes qui sont bien pourvus dans le premier degré, quasiment pas de postes non pourvus dans le second degré", a-t-elle déclaré sur RTL, reconnaissant qu'il y aurait "comme chaque année, des heures d'enseignement qui ne sont pas totalement couvertes". Il y a en cette rentrée "l'équivalent de 2 500 professeurs" manquants, soit "moins que l'an dernier", a affirmé Elisabeth Borne.
Le Snes-FSU, principal syndicat du second degré, en a donc la certitude : "Il n'y aura pas un professeur devant chaque classe lundi", a réagi auprès de l'AFP sa secrétaire générale, Sophie Vénétitay. "On est extrêmement inquiets qu'il n'y ait pas assez de profs", a renchéri Grégoire Ensel, vice-président de l'association de parents d'élèves FCPE.
"On sait qu'on est soutenus par les parents"
Lundi, les grèves ont surtout concerné les pénuries de personnel de direction. A la cité scolaire Albert-Camus à Firminy, dans la Loire, les enseignants et membres de l'équipe administrative ont fait barrage devant l'établissement, pour dénoncer la suppression du poste de proviseur adjoint pour le lycée professionnel. "On a appris la nouvelle mercredi dernier, alors qu'il s'agit d'un poste clé dans l'organisation pédagogique", soupire Emmanuel Martellino, professeur de mathématiques et sciences et représentant CGT Educ'Action. "C'est lui qui gère les emplois du temps, les sorties scolaires, le lien avec les familles et la vie scolaire, mais aussi les réorientations d'élèves en cours d'année." La grève est prolongée au moins jusqu'à mardi soir.
"Personne n’avait envie de faire grève à la rentrée. C'est un jour très important pour nous, pour les élèves, mais nous avons à cœur de bien les accueillir."
Emmanuel Martellino, enseignant au lycée professionnel Albert-Camus à Firminy et responsable CGT Educ'Actionà franceinfo
Dans les Pyrénées-Atlantiques, au collège Jean-Sarrailh de Monein, l'ensemble des professeurs proteste contre la suppression du poste de principal adjoint, et un préavis de grève a été déposé pour la semaine. "On sait qu'on est soutenus par [les parents] et qu'ils ont pris conscience de l'impact sur leurs enfants de cette décision administrative", expose Régis Daniel, professeur de français, auprès de ICI Béarn Bigorre.
A Champigny-sur-Marne, dans le Val-de-Marne, l'équipe enseignante de la maternelle Joliot-Curie a, de son côté, décidé de ne pas ouvrir lundi en raison du manque d'accompagnants d'élèves en situation de handicap (AESH), peut-on lire dans un communiqué du Snes-FSU 94. Alors que six à huit élèves ont besoin de cette aide en classe, "seulement deux AESH se sont présentées" lors de la prérentrée. "Nous avons à cœur d’accueillir tous les élèves dans des conditions respectueuses pour chacun d’entre eux", écrivent les professeures.
Dans le même département, à Ivry-sur-Seine, un appel à la grève a été lancé pour jeudi par plusieurs syndicats et la FCPE. Fait rare : il concerne tous les établissements de la ville. L'une des revendications concerne aussi la pénurie d'AESH. "L'année dernière, il en manquait un peu partout, et on sait d'avance que cela n'a pas pu être amélioré d'un seul coup cet été", rapporte Léo Morel, enseignant en physique-chimie au collège Georges-Politzer et représentant au Snes-FSU. En plus de la grève, il est prévu une manifestation jusqu'à la direction des ressources humaines de l'Education nationale, dans le 13e arrondissement de Paris.
Cette mobilisation prolonge un mouvement engagé dès l'année dernière par les professeurs et parents d'élèves d'Ivry-sur-Seine. Ils demandent aussi une médecine scolaire "au complet", des remplacements "systématiques" au premier jour d'absence, et le placement en réseau d'éducation prioritaire de l'ensemble des écoles et collèges de cette commune du Val-de-Marne. Un dernier point qui permettrait d'alléger les effectifs dans les classes.
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