Reportage "Ça m'avait tellement manqué" : à Mayotte, les élèves reprennent les cours sous l'œil attentif de leurs professeurs

Au lycée des Lumières, à Mamoudzou, le personnel éducatif a organisé au mieux la rentrée et reste attentif aux angoisses des élèves, un mois après le passage du cyclone Chido.

Article rédigé par Noémie Bonnin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Les 2 800 élèves du lycée des Lumières de Mamoudzou retrouvent le chemin des cours, lundi 27 janvier. (NOEMIE BONNIN / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Les 2 800 élèves du lycée des Lumières de Mamoudzou retrouvent le chemin des cours, lundi 27 janvier. (NOEMIE BONNIN / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

C'est enfin la rentrée scolaire à Mayotte. 117 000 élèves retrouvent progressivement le chemin de leur établissement scolaire à partir de lundi 27 janvier, un mois et demi après le passage du cyclone Chido, et les innombrables dégâts qu'il a provoqués. Une rentrée organisée notamment dans le lycée des Lumières, à Mamoudzou, qui accueille 2 800 élèves.

Les élèves sont invités à se regrouper devant le panneau qui correspond à leur classe. Pour la majorité d'entre eux, ils sont arrivés avant 7h, heure officielle de la reprise des cours. Après un mot du proviseur, chaque classe retrouve son professeur principal. "Je suis très content de vous avoir là, avec nous, confie un enseignant à ses élèves. On sait que vous vivez encore beaucoup de difficultés. Sachez, comme je vous l'ai toujours dit, qu'on fera tout ce qu'il faut pour que vous ayez des conditions qui se rapprochent de la normale."

Comme la plupart des adolescents, Abou était impatient de revenir en classe. "Très hâte, parce que ça m'avait tellement manqué. Je suis ravi de revenir en classe et de revoir mes profs", raconte-t-il. Avec son ami, il range les fournitures qui ont été distribuées aux jeunes qui ont tout perdu dans le cyclone.

Ces sacs de fournitures sont distribués lundi 27 janvier aux élèves du lycée des Lumières à Mamoudzou, dont certains ont tout perdu avec le passage du cyclone Chido. (NOEMIE BONNIN / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Ces sacs de fournitures sont distribués lundi 27 janvier aux élèves du lycée des Lumières à Mamoudzou, dont certains ont tout perdu avec le passage du cyclone Chido. (NOEMIE BONNIN / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Des ados stressés pour leur avenir. "Ça me fait de la peine pour mon bac. On a perdu deux semaines d'école, on a pris beaucoup de retard", regrette l'un d'eux. "On va s'y mettre à fond pour réussir à avoir des super notes", promet un autre.

Mais pour pouvoir travailler, il faut avoir l'esprit apaisé, ce qui n'est pas le cas de tous les lycéens. "Je leur ai demandé de m'écrire sur des fiches comment ils se sentaient", explique Malik. Ce professeur d'arts appliqués est fatigué, mais heureux d'être là. Comme ses collègues, il a pris le temps d'écouter les besoins de ses élèves : "Certains me disent par exemple qu'ils réfléchissent plus à leur bac, qu'ils angoissent. Est-ce qu'ils vont y arriver ? Est-ce que ça va marcher pour eux ? D'autres me parlent de membres de leur famille qui sont décédés, ou de ce genre de choses", décrit Malik.

Les problèmes personnels se mêlent aux considérations habituelles des adolescents. Par exemple, c'est en ce moment qu'ils doivent formuler leurs vœux sur Parcousup. "C'est un casse-tête, ils angoissent, c'est compliqué. Ils me demandent plusieurs fois ce qu'ils doivent faire, comment s'y prendre. Beaucoup n'ont pas accès à internet, aussi", détaille le professeur. L'enjeu pour les équipes éducatives, c'est de reproduire au mieux une certaine normalité. Les révisions vont vite démarrer.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.