Reportage "Ils vont devoir plier" : à Paris, les chauffeurs de taxi espèrent encore faire céder le gouvernement

Plusieurs centaines de chauffeurs de taxi, mobilisés depuis une semaine contre une convention qui va modifier leur rémunération pour le transport de malades, attendent un revirement de situation lors d'une réunion prévue mardi soir au ministère de la Santé.

Article rédigé par Louise Buyens
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Une voiture de taxi à Paris, le 24 mai 2025. (FIORA GARENZI / HANS LUCAS via AFP)
Une voiture de taxi à Paris, le 24 mai 2025. (FIORA GARENZI / HANS LUCAS via AFP)

Les taxis poursuivent leur mobilisation mardi 27 mai, comme depuis une semaine, boulevard Raspail à Paris. Après la réunion au ministère des Transports dans la matinée, le ministre Philippe Tabarot a confirmé que le gouvernement va intensifier les contrôles des VTC contre la maraude et les "racolages" illégaux. Mais l'autre gros motif de colère des chauffeurs concerne la réforme du transport sanitaire. Sur cette question, une réunion est prévue mardi soir au ministère de la Santé.

Le premier ministre François Bayrou a rappelé mardi matin que la réforme du transport sanitaire va bien s'appliquer au 1er octobre et que des économies encore plus importantes étaient possibles sur ces dépenses de santé. Des mots que les chauffeurs de taxi, en pleine manifestation, n'ont pas appréciés.

"Pas toujours les mêmes"

Participer à l'effort budgétaire, ils y sont prêts, mais pas question de tout faire reposer sur les chauffeurs de taxi, estime Michel. Ce taxi travaille dans l'Ain, à la frontière avec la Savoie. "Nous, on correspond à 0,003% du budget de la Sécurité sociale. Je pense qu'on pourrait faire du tri sur les médecins qui prennent des sommes exorbitantes sur les traitements, au détriment du transport des patients, les laboratoires... Tout ce qui tourne autour, c'est du gavage. On est prêts à faire des efforts, mais pas toujours les mêmes", assène-t-il.

À côté de lui, une collègue, qui souhaite rester anonyme, travaille aussi en milieu rural et ne voit pas bien comment faire des économies sur le transport sanitaire. Selon elle, cela équivaudrait à mettre en danger les patients qu'elle transporte. "Est-ce qu'on préfère avoir un transporteur qui vous accompagne à une consultation ou avoir une personne âgée qui va avoir un grave accident de voiture peut-être parce que cette personne âgée aura pris son véhicule ? Il y aura peut-être plusieurs blessés, avec ensuite des frais d'hospitalisation et de rééducation. Qu'est-ce qui coûte le plus cher ?", argumente-t-elle.

Comme pour beaucoup de monde à la manifestation, le transport de personnes malades représente 85% des trajets effectués par Anthony, venu de la banlieue de Clermont. Avec les nouvelles règles voulues par le gouvernement, il risque de perdre son activité, alors il mise tout sur les concertations de ce mardi soir. À ses yeux, elles doivent impérativement déboucher sur des annonces concrètes.

"Ils vont devoir plier, ils n'auront pas le choix."

Anthony

à franceinfo

"On n’est pas près de quitter le terrain. Les politiques reculent sans cesse après avoir dit des choses. Ils ne devaient rien lâcher aux agriculteurs et finalement, ils ont bien travaillé avec eux", insiste Anthony, qui est prêt à rester boulevard Raspail à Paris encore plusieurs jours. Il a déjà passé deux nuits sur place dans son taxi et beaucoup de chauffeurs assurent qu'ils resteront le temps qu'il faudra pour mettre la pression sur le gouvernement.

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