Yvelines : quatre dentistes soupçonnés d'escroquerie à l'Assurance maladie et de blanchiment de plus de 2 millions d'euros

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Un modeste pavillon de Gargenville (Yvelines), reconverti en clinique dentaire. Quatre chirurgiens, parmi la dizaine qui exercent sur place, sont aujourd'hui poursuivis pour une escroquerie présumée, dont le montant est estimé à plus de 2 millions d'euros, dont 500 000 au préjudice de la Sécurité sociale. Les premiers soupçons remontent à l'automne dernier, lorsque la caisse d'Assurance maladie saisit la justice après avoir noté le nombre très élevé de protections, de couronnes et d'implants, soit cinq à huit fois plus que dans un cabinet de même taille, selon les enquêteurs.

Nous avons retrouvé une patiente qui a consulté l'un des spécialistes incriminés : "Pour lui, c'était ferme. On ne pouvait pas soigner la carie. On ne pouvait rien faire. Le nerf avait été touché. Il fallait vraiment dévitaliser la dent et mettre une couronne. Mais vu qu'on leur fait confiance parce qu'ils sont médecins, c'est vrai qu'on se dit que, de toute façon, il n'y a pas le choix. Je crois qu'il y en avait pour plus de 1 600 euros", se souvient-elle.

Pris d'un doute, elle s'adresse à un autre praticien. Son diagnostic est tout autre : "Il m'a expliqué que, pour lui, ce n'était pas nécessaire de mettre une couronne sur cette dent-là parce qu'elle n'était pas attaquée, qu'on pouvait faire des soins et qu'il n'y avait pas besoin de faire autant", raconte-t-elle encore.

Argent liquide et biens de luxe

Soupçons de prestations indues et même d'actes fictifs, les dentistes sont poursuivis pour escroquerie en bande organisée, abus de biens sociaux, travail dissimulé ou encore blanchiment. Au cours de leur enquête, les gendarmes saisissent de l'argent liquide et des biens de luxe. "Les investigations ont pu démontrer des circuits d'abus de biens sociaux, de blanchiment. Et là encore une fois, on en arrive à des saisies record d'1,4 million d'euros", explique le colonel Denis Hebinger, commandant de la section de recherches de Versailles (Yvelines).

Ces actes à la chaîne pourraient également avoir des conséquences sur la santé des patients, selon cette spécialiste de la Sécurité sociale. "Il peut y avoir des lésions infectieuses qui peuvent avoir des répercussions non seulement sur la santé bucco-dentaire du patient. On peut être amené à extraire la dent si la lésion est trop importante. Mais il y a également un passage de bactéries qui peut se faire dans le sang", indique la praticienne, conseil à l'Assurance maladie.

Les quatre dentistes ont été placés sous contrôle judiciaire avec interdiction d'exercer. Contactés, ils n'ont pas donné suite. Leur procès devrait se tenir au printemps prochain.