"Violeur de la Sambre" : que sait-on des nouvelles accusations pour lesquelles Dino Scala a été mis en examen ?

Condamné en 2022, ce criminel sexuel a sévi pendant trente ans près de son domicile et autour de la rivière Sambre, dans le nord de la France.

Article rédigé par Violaine Jaussent
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
La salle d'audience lors de l'ouverture du procès de Dino Scala devant les assises du Nord à Douai, le 10 juin 2022. (DENIS CHARLET / AFP)
La salle d'audience lors de l'ouverture du procès de Dino Scala devant les assises du Nord à Douai, le 10 juin 2022. (DENIS CHARLET / AFP)

Des accusations de violences sexuelles qui refont surface. Dino Scala, surnommé "le violeur de la Sambre", a été mis en examen, jeudi 15 mai, pour 13 nouveaux faits, après avoir été entendu par la justice. Un rebondissement qui intervient près de trois ans après sa condamnation à 20 ans de réclusion criminelle pour une série de 54 viols, tentatives de viols, agressions sexuelles ou tentatives d'agressions sexuelles commis pendant trente ans près de son domicile, dans le nord de la France mais aussi en Belgique.

Dès son arrestation en 2018, les enquêteurs avaient eu la conviction qu'il ait pu commettre d'autres crimes sexuels. Durant l'enquête judiciaire, certains faits avaient été dans un premier temps écartés. "Des femmes dont les plaintes avaient été égarées, des femmes que la justice avait oubliées en chemin ou sciemment écartées", affirme la journaliste Alice Géraud, autrice du livre-enquête Sambre, radioscopie d'un fait divers, qui a également co-écrit la série consacrée à cette affaire hors norme diffusée sur France 2.

Mais des investigations complémentaires, confiées à un juge d'instruction de Valenciennes (Nord) à partir du 15 mars 2023, ont permis de retenir 13 faits de violences sexuelles imputables à Dino Scala sur les 16 dont le magistrat était saisi.

Un mode opératoire similaire

L'une de ces nouvelles victimes, qui relate une agression sexuelle en 1987 à Aulnoye-Aymeries (Nord), a expliqué que la série Sambre avait été un déclic pour elle, lui ayant permis de faire "un éventuel rapprochement avec Dino Scala" et de se signaler à la justice, avait révélé la procureure de Valenciennes en avril 2024.

Grâce au procès qui s'est tenu à l'été 2022, les enquêteurs ont aussi pu mieux cerner "le mode opératoire spécifique adopté par Dino Scala", souligne le parquet de Valenciennes dans un communiqué publié jeudi soir. Les débats qui se sont déroulés devant les assises du Nord ont aussi permis de faire des rapprochements avec des affaires de violences sexuelles survenues sur le "secteur" où "le violeur de la Sambre" a sévi.

Ainsi, Dino Scala a été mis en examen jeudi pour viol, tentative de viol, attentat à la pudeur avec violence, tentative d'attentat à la pudeur avec violence, atteinte sexuelle avec violences et tentative d'atteinte sexuelle avec violences. "La mise en examen pour les 13 faits ne repose en réalité que sur l'idée d'un prétendu mode opératoire unique, mais nous sommes en mesure d'établir que de nombreux agresseurs agissaient dans la région selon un mode opératoire similaire", a rétorqué Margaux Mathieu, l'avocate de Dino Scala, interrogée par l'AFP.

Des victimes ignorées à l'époque

Au contraire, pour Caty Richard, avocate de plusieurs parties civiles, "on reconnaît son mode opératoire, le lieu où il sévissait et l'époque". "C'est lui !" a-t-elle assuré vendredi matin au micro de franceinfo. L'avocate a également retracé l'histoire de l'une de ses clientes, qui dénonce des faits pour lesquels Dino Scala vient d'être mis en examen : "En 1990, elle avait 16 ans, elle se levait à 4 heures du matin et à 5h30 elle prenait son train. Elle marchait sur la route à 5 heures du matin quand un individu l'a attrapée par-derrière, par le cou, lui a parlé de ses seins, lui a touché les seins. Ensuite il l'a poussée contre le mur et l'a tapée très violemment la tête, trois fois contre le mur, elle s'est évanouie. Elle s'est réveillée plus tard elle avait le bas des vêtements descendus. C'était exactement dans le périmètre où sévissait Dino Scala."

Dans cette affaire tentaculaire, certaines femmes ont été malmenées lors de leur dépôt de plainte, pas crues, ou pas prises en compte. La cliente de Caty Richard, qui a déposé plainte en 1990, n'a jamais eu de nouvelles par la suite.

"Lorsqu'elle a vu Dino Scala en 2018 à la télévision, elle a été parcourue d'un frisson et a pensé que ça pouvait être lui."

Caty Richard, avocate

sur franceinfo

"Elle est retournée là où elle avait déposé sa plainte, on lui a répondu : 'Ahah, écoutez depuis 1990, madame, votre plainte elle est à la poubelle'. Elle est repartie sans rien dire. Puis, en 2022, il y a eu le procès. (...) Elle y est retournée, elle a été entendue et a pu parler de ce qui lui était arrivé", a ajouté Caty Richard. "Dino Scala a sévi pendant 30 ans. C'était un chasseur. Il a reconnu se coucher le soir en disant qu'il mettait son réveil une demi-heure plus tôt pour aller chasser", a encore plaidé l'avocate. Et de conclure : "Bien évidemment il y a d'autres victimes de Dino Scala, peut-être des victimes qui s'ignorent et qui s'ignoreront toujours."

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