Procès des geôliers d'ex-otages français : le parquet requiert la perpétuité pour "oublier" le "criminel sans états d'âme" Mehdi Nemmouche

Les représentants du parquet antiterroriste avaient laissé peu de doute pendant leurs huit heures de réquisitions sur la peine qu'ils réclameraient mercredi contre celui qu'ils ont défini comme l'un des jihadistes les "plus dangereux" de France.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le procès de Mehdi Nemmouche s'est ouvert à Paris, le 17 février 2025. ((ELISABETH DE POURQUERY / AFP))
Le procès de Mehdi Nemmouche s'est ouvert à Paris, le 17 février 2025. ((ELISABETH DE POURQUERY / AFP))

Le procès des ex-otages du groupe Etat islamique (EI) en Syrie touche à sa fin. Sans surprise, l'accusation a requis, mercredi 19 mars, la réclusion criminelle à perpétuité contre Mehdi Nemmouche, ce "véritable sociopathe dénué de toute empathie" méritant une peine "qui protège définitivement la société". "Face à ce criminel sans état d'âme, cet homme refusant de reconnaître contre l'évidence" son implication, "vous savez qu'il n'existe aucune lueur d'espoir", a déclaré l'avocat général Benjamin Chambre durant l'audience, à laquelle l'AFP a assisté.

L'accusation a aussi été convaincue que son coaccusé Abdelmalek Tanem, 35 ans, que les ex-otages n'avaient "pas reconnu", faisait pourtant bien partie de "la petite dizaine" de geôliers francophones, et a requis à son encontre 30 ans de prison. Elle a ensuite demandé la perpétuité contre deux accusés présumés morts : Oussama Atar, déjà condamné à la perpétuité pour avoir commandité les attentats du 13-Novembre, qui "supervisait personnellement la gestion des otages", et Salim Benghalem, l'un des chefs des geôliers. Enfin, une peine de 20 ans a été réclamée à l'encontre du Syrien Kais Al Abdallah, 41 ans, identifié comme l'ancien numéro 2 de l'EI à Raqqa, ce qu'il a nié, tout comme son implication dans l'enlèvement des otages français.

"Un des jihadistes les plus pervers et les plus cruels de ces dix dernières années"

Les deux représentants du parquet antiterroriste avaient laissé peu de doute pendant ces huit heures de réquisitions sur la peine qu'ils réclameraient contre celui qu'ils ont défini comme l'"un des jihadistes les plus pervers et les plus cruels de ces dix dernières années", parmi les "plus dangereux" de France. Ils ont demandé que la peine soit assortie de la période de sûreté maximale de 22 ans, pendant laquelle il ne pourra pas demander de libération anticipée.  Mehdi Nemmouche, qui jure n'avoir été que "combattant" de l'EI mais "jamais" geôlier, est "doté d'une véritable intelligence" doublée d'"une absence totale d'empathie et de remords", a martelé Benjamin Chambre.

Les journalistes Didier François, Edouard Elias, Nicolas Hénin et Pierre Torres avaient reconnu la photo et surtout la voix de leur bourreau, après près d'un an dans les geôles de l'EI. A l'audience encore, ils ont été "formels", martèle l'avocat général : Mehdi Nemmouche est "sans l'ombre d'un doute" ce geôlier trop bavard qui leur disait "vous viendrez témoigner à mon procès", ce fan de l'émission "Faites entrer l'accusé" qui leur chantait du Charles Aznavour. "Nous ne retiendrons de lui que l'incarnation d'un jihad barbare", a asséné le procureur face à la cour. Et pour "celui qui rêvait d'être l'un des héros de 'Faites entrer l'accusé', il conviendra, par votre décision, que vous fassiez oublier l'accusé". Le verdict est prévu vendredi, à neuf heures.

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