Procès des attentats du 13-Novembre : Salah Abdeslam raconte pour la première fois pourquoi il a renoncé à se faire exploser
Depuis le début du procès, en septembre 2021, le dernier membre encore vivant des commandos des attentats du 13-Novembre avait refusé de s'expliquer en détail.
C'est la première fois qu'il s'ouvre devant la cour d'assises spéciale de Paris. Salah Abdeslam, le dernier membre encore vivant des commandos du 13-Novembre, est entré dans le détail de la soirée des attentats. Même s'il avait déjà affirmé avoir renoncé à se faire exploser, il n'était jamais allé plus loin dans ses explications. Lors de son précédent interrogatoire, le 30 mars, le Français de 32 ans avait exercé son droit au silence. "Je ne me suis pas senti écouté", justifie-t-il, mercredi 13 avril en fin de journée. Avant d'annoncer, en préambule de son ultime interrogatoire : "Je décide de faire marche arrière, de m'exprimer, car c'est la dernière fois que je peux le faire."
Le principal accusé du procès tient parole. Il explique avoir appris son rôle dans le "projet" deux jours avant, sur l'ordre d'Abdelhamid Abaaoud, le coordinateur des attentats. "Il me dit que je dois porter une ceinture explosive, que je dois me rendre à un endroit et me faire exploser. C'était un choc pour moi, je ne savais pas comment réagir. J'ai montré que je n'étais pas prêt pour ça", assure-t-il, debout dans le box des accusés, vêtu d'un gilet noir sur un polo rayé, barbe fournie et sans masque. Pris dans une "impasse", Salah Abdeslam, finit par accepter. Avant de changer d'avis, au dernier moment.
"Je vais aller dans un café, je vais rentrer, commander une boisson, je vais regarder les gens autour de moi et je vais dire : "Je vais pas le faire"."
Salah Abdeslamà l'audience
L'accusé assure avoir "roulé avec la voiture", jusqu'à ce qu'elle tombe en panne, place Albert-Kahn, dans le 18e arrondissement de Paris. "Je me suis mis sur le côté et j'ai pris peur à ce moment-là, j'ai vu une voiture de police passer. J'ai essayé de redémarrer, ça n'a pas marché", poursuit-il, avec l'aplomb qui le caractérise. "Je suis sorti de la voiture. Je ne sais pas ce que j'ai fait en premier mais je sais que j'ai marché, j'ai acheté un téléphone, j'ai pris un taxi et j'ai jeté la ceinture explosive", décrit-il. Ce fameux gilet, jaune fluo, a été retrouvé dans une rue de Montrouge (Hauts-de-Seine), le 23 novembre 2015.
"J'ai renoncé par humanité"
Le président de la cour d'assises spéciale, Jean-Louis Périès, tente d'obtenir des détails. "Je suis au courant que de ce que je vais faire moi", se contente de répondre Salah Abdeslam. Pourtant, avant de se rendre dans le 18e arrondissement de Paris, le membre du commando a déposé les kamikazes aux abords du Stade de France à Saint-Denis. "Je les dépose et c'est tout", commente-t-il. Du Bataclan, des terrasses, il assure n'avoir rien su. "Mon frère, il avait une ceinture, une kalachnikov, je sais qu'il va tirer, je sais qu'il va se faire exploser mais je connais pas les cibles."
Il assure avoir renoncé car il n'a "ni l'expérience militaire ni religieuse pour faire ça". "Ils avaient quelque chose que moi je n'avais pas", ajoute-t-il, en parlant de "détermination". C'est tout de même avec son frère, Brahim Abdeslam, qui a activé sa ceinture explosive devant Le Comptoir Voltaire (11e arrondissement de Paris), qu'il avait effectué des repérages. "C'était un bar pas très grand, avec beaucoup de personnes. Il y avait ce bar et il était sur un coin, un angle de rue", détaille Salah Abdeslam. Lorsqu'il s'aperçoit que "des jeunes" le fréquentent, il ne peut appuyer sur le déclencheur. "Je n'ai pas renoncé par peur, j'ai renoncé par humanité", déclare-t-il, avec, toujours, une pointe d'arrogance. "Avec moi, on sait pas à quoi s'attendre. Des fois je parle, des fois je parle pas...", glisse-t-il dans un sourire. Des explications qu'il pourra poursuivre jeudi : le président de la cour d'assises a annoncé que son interrogatoire reprendrait en fin de journée.
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