Reportage À Marseille, un marché noir de la cigarette très structuré, aux méthodes comparables à celles du trafic de stupéfiants

Les cigarettes de contrebande, moins chères que chez les buralistes, sont très facilement accessibles dans les rues de la ville. Des vendeurs proposent même des livraisons à domicile via les réseaux sociaux. Une cellule "cigarettes" de la police tente de lutter contre ce marché.

Article rédigé par Mathilde Vinceneux
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Un vendeur de tabac à la sauvette propose à un passant un paquet de cigarettes. Image d'illustration. (LA PROVENCE/MAXPPP)
Un vendeur de tabac à la sauvette propose à un passant un paquet de cigarettes. Image d'illustration. (LA PROVENCE/MAXPPP)

Alors que le tabagisme connaît une baisse historique dans le pays avec quatre millions de fumeurs quotidiens en moins en dix ans, selon les derniers chiffres de Santé publique France, ce sont dans les régions frontalières que l’on continue de fumer le plus. Grand Est, Occitanie, Paca, des régions où il est plus facile de s’approvisionner en cigarettes moins chères, venues de l’étranger, comme à Marseille, où elles arrivent par le port, mais aussi par les airs et par la route.

Dans les mains des fumeurs, les paquets de cigarettes venus de l’étranger sont facilement repérables, ils ne sont pas neutres comme les paquets français, mais colorés. Bilel en sort un blanc et rouge de sa poche, il en rapporte chaque fois qu'il part en vacances. "À chaque fois qu'on fait un voyage vers l'Algérie ou vers l'Italie, on a le droit à deux cartouches quand on rentre en France, raconte-t-il. Et c'est facile à trouver dans les rues de Marseille."

Assia confirme, cette fumeuse achète depuis dix ans des cigarettes sous le manteau, dans le centre-ville de Marseille. "C'est facile, il y a plein de jeunes qui en vendent", lance-t-elle. Et c'est vrai qu’ils sont nombreux à proposer aux passants des cigarettes sur le marché de Noailles. Nous approchons discrètement l'un d’entre eux, qui vient de vendre un paquet à une mère de famille. Il vend les cigarettes 50 centimes à l'unité, 8 euros le paquet, contre 12,5 euros en moyenne chez le buraliste.

Après les "ubershit", les "uber clopes"

Pour lutter contre ce marché noir, une cellule "cigarettes" a été créée au sein de la division Nord de la police marseillaise. Fin septembre, les enquêteurs ont saisi plus d’un millier de cartouches à destination des vendeurs à la sauvette. Les réseaux sont structurés, avec des méthodes comparables à celles des trafiquants de stupéfiants. "Il y a l'usage des armes pour se protéger, en tout cas ils en portent régulièrement", observe le major Stéphane Touquet.

"La vente sur la voie publique, c'est parfois une lutte de territoires pour pouvoir vendre leurs cigarettes aux clients. Il y a des similitudes."

Stéphane Touquet, major de police

à franceinfo

Et après les "ubershit", il y a les "uber clopes". "Certains se proposent via les réseaux sociaux de faire des livraisons en cartons de cigarettes, ajoute Stéphane Touquet. Un carton représente souvent 50 cartouches. Ils font des livraisons à domicile ou à des lieux bien particuliers pour vendre à d'autres personnes."  Le policier rappelle que comme pour les consommateurs de drogues, les fumeurs de cigarettes de contrebande peuvent être verbalisés : l'amende est de 135 euros.

Le marché des cigarettes de contrebande à Marseille : reportage de Mathilde Vinceneux

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.