: Témoignages "Cela aurait pu être moi" : des policiers racontent leur choix de se mettre en arrêt maladie après l'incarcération de leur collègue à Marseille
Un mouvement de contestation a lieu au sein de la police depuis le placement en détention provisoire d'un agent de la BAC de Marseille pour des soupçons de violences policières lors des émeutes.
Une incarcération qui ne passe pas. Arthur*, policier marseillais, est en arrêt maladie depuis le week-end dernier. Il connaît le policier de la BAC placé en détention provisoire pour des soupçons de violences policières pendant les émeutes à Marseille. Il était aussi sur le terrain au plus fort des violences urbaines à Marseille lors des faits, cette nuit du 1er au 2 juillet : "Il faut se rendre compte que depuis 20 ans, je n'ai jamais connu ce genre d'émeutes. Ce collègue, ça aurait pu être moi ou tout policier qui, ce soir-là, a travaillé."
>> Le parquet de Marseille ouvre une nouvelle enquête pour des soupçons de violences policières
Pour cet agent, voir son collègue derrière les barreaux, c'en est trop. "Je suis allé voir mon médecin, je ne pouvais plus et je pense même contacter le service de soutien psychologique de l'administration parce qu'on en arrive à bout", confie Arthur. Un mouvement de contestation des policiers a lieu depuis le placement en détention provisoire jeudi 20 juillet du policier marseillais. Une incarcération contestée par Frédéric Veaux, le patron de la police nationale, provoquant l'indignation d'élus de l'opposition et de magistrats. Depuis la Nouvelle-Calédonie, Emmanuel Macron a expliqué comprendre "l'émotion des policiers" après les récentes émeutes tout en rappelant que "nul en République n'est au-dessus de la loi".
"On n'est pas entendu"
Marseille est l'épicentre du mouvement de contestation où de plus en plus de policiers se mettent en arrêt maladie. D'après les chiffres communiqués par les syndicats de policiers, à Marseille et dans les Bouches-du-Rhône, on compte environ un millier de policiers en arrêt maladie contre plusieurs centaines ce week-end. Les propos du directeur général de la police ne suffisent pas pour l'instant à calmer la colère des policiers.
Clara est l'une de ces fonctionnaires actuellement en arrêt de travail. Elle explique ce qu'elle a ressenti à ce moment-là, lors de la décision du juge. "À tout moment on peut venir taper à notre porte et nous dire que pour x ou y interventions, un petit cassage d'ongle ou un mot trop haut ou trop long, on peut y passer nous aussi et sans avoir le droit de dire : 'Oui, mais'. Donc le matin on se lève, on va au travail, et le soir on entend une porte se verrouiller d'un pénitencier, et ça c'est intolérable !"
Les quatre policiers de la BAC de Marseille ont été mis en examen pour "violences volontaires ayant entrainé une ITT supérieure à 8 jours", précise le parquet de Marseille, aggravées par trois circonstances, puisqu'elles ont été "commises en réunion, avec usage ou menace d’une arme et par personne dépositaire de l’autorité publique dans l’exercice de ses fonctions".
L'arrêt de Clara doit durer encore au moins quatre jours. Pour elle, il ne s'agit pas d'un arrêt de convenance et d'un prétexte pour manifester son mécontentement : "C'est un arrêt qui signifie qu'on n'en peut plus. On est au bout du bout et on n'est pas entendu. Chaque fois qu'on interpelle ou que l'on va sur une intervention, potentiellement on se demande si ça ne va pas tourner au vinaigre ou si ça va pas se retourner contre nous."
"Ça a fait plaisir de se sentir soutenu"
De son côté, Arthur s'interroge sur son avenir au sein de la police. "Le nombre de personnes qui ne veulent plus travailler sur la voie publique... Je ne sais pas si c'est mon cas, mais je commence à songer à me reconvertir dans un service tranquille. Mon état d'esprit, pour le moment, n'est pas d'abandonner la population parce qu'au fond de moi, je sais qu'on est utile."
C'est pourquoi les propos de Frédéric Veaux sont les bienvenus pour Arthur : "Je peux vous assurer que ça a fait plaisir aux collègues d'entendre ça, de se sentir soutenu et compris. En fait, on est la profession la plus contrôlée. Je peux vous assurer qu'aucun policier ne se sent au-dessus des lois." Ce policier marseillais voit avec satisfaction le mouvement de grogne commencer à se diffuser notamment en Île-de-France.
*Le prénom a été modifié
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