Mort du streamer Jean Pormanove : "On ne pouvait pas s'attendre à ce que ça aille à un tel extrême", réagit la journaliste de Mediapart qui a enquêté sur les vidéos
Les investigations de Marie Turcan, journaliste de Mediapart, avaient débouché en décembre 2024 sur l'ouverture d'une enquête préliminaire.
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"On ne pouvait pas s'attendre à ce que ça aille à un tel extrême, on est sous le choc", réagit mardi 19 août sur franceinfo Marie Turcan, journaliste à Mediapart, qui a coécrit l'enquête sur Kick et Jean Pormanove en décembre 2024. Connu sous ce pseudo, Raphaël Graven, de son vrai nom, 46 ans, est décédé dans la nuit de dimanche à lundi, lors d'une vidéo en direct sur la plateforme Kick.
Fin 2024, Mediapart avait mis en lumière les brimades, les humiliations et les violences subies et retransmises en direct par Jean Pormanove de la part des influenceurs Naruto et Safine, qui apparaissaient régulièrement dans ses vidéos. Une enquête préliminaire avait été ouverte par le parquet de Nice à l'encontre des deux hommes, ils avaient été placés en garde à vue puis relâchés.
Environ 15 000 personnes en direct chaque soir
"On a enquêté pendant des mois en s'infligeant des heures et des heures de contenu, en contactant les responsables de la chaîne", déclare Marie Turcan. La journaliste de Mediapart se souvient de "l'inconséquence" et de la "complète irresponsabilité de ce qu'ils faisaient en direct", dans ces vidéos, qui, soutient-elle, attiraient "environ 15 000 personnes en direct chaque soir".
Cette enquête ne s'est pas faite sans remous, affirme Marie Turcan. La journaliste parle d'une "communauté autour qui a beaucoup encouragé [Naruto et Safine] et qui après la publication de l'article de Mediapart s'est beaucoup retournée contre nous, les journalistes qui ont écrit sur le sujet, en déversant un grand lot de cyberharcèlement, d'injures, de menaces de mort".
"C'était leur pré carré, il ne fallait pas y toucher, ils ne se rendaient pas compte que ce qu'ils faisaient était extrêmement grave".
Marie Turcan, journaliste à Mediapartà franceinfo
La journaliste de Mediapart rappelle que le streameur décédé, "JP", était "quelqu'un de connu dans le monde du streaming", à l'origine pour ses lives sur les jeux vidéo et notamment Fortnite. "À la base le concept de leur émission, c'était de jouer aux jeux vidéo, rappelle Marie Turcan, Mais, ils ont compris que quand JP s'énerve, ça fait des vues, ça fait de l'argent. Ces internautes payaient pour insulter JP en direct, se réjouir de la violence". Elle soutient que cette activité rapportait des "dizaines de milliers d'euros par mois".
La plate-forme Kick "attire tous les affreux jojos qui n'avaient plus leur place ailleurs"
Pour Jean Pormanove, c'était "la garantie d'avoir beaucoup d'argent et quelque chose de social", explique Marie Turcan, ce qui est important "quand on est un ancien sans-abri abîmé par la vie : ça lui donnait aussi une espèce d'entourage toxique dans lequel il s'enfermait". La journaliste pense que Jean Pormanove se "sentait extrêmement valorisé d'avoir des internautes" qui le suivaient régulièrement.
Concernant la plate-forme Kick, une société australienne, Marie Turcan pointe du doigt le fait qu'elle n'a "quasiment pas de représentation dans l'Union européenne". La journaliste de Mediapart la décrit comme une "plateforme qui s'est forgé une réputation d'attirer tous les affreux jojos qui n'avaient plus leur place ailleurs". Pourtant, soutient-elle, "il y a des outils forts, des manières d'agir", non pas, dit-elle, en bannissant une plateforme "mais les responsables, avec une réponse judiciaire". Alors que la ministre du Numérique a saisi l'Arcom dans la foulée du décès du streamer, Marie Turcan rappelle que Mediapart "avait contacté la ministre [Clara Chappaz] en décembre 2024 au moment du remaniement, ils avaient essayé de nous répondre mais ça n'était clairement pas la priorité".
Le parquet de Nice a ouvert une enquête pour provocation publique par un moyen de communication au public par voie électronique à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes à raison de leur handicap, violences volontaires en réunion sur personnes vulnérables ayant entraîné une ITT inférieure à 8 jours et diffusion d’enregistrement d’images relatives à la commission d’infractions d’atteintes volontaires à l’intégrité de la personne. La justice a également requis une autopsie.
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