Qui est Olivier H., le suspect dans l'assassinat d'Aboubakar Cissé, poignardé dans une mosquée du Gard ?

Ce Français de 21 ans, qui s'est rendu dimanche dans un commissariat du centre de l'Italie, nie avoir agi par haine de l'islam, a déclaré son avocat italien à l'AFP.

Article rédigé par Juliette Campion, Agence AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
La police bloque l'accès à une route, à La Grand-Combe, après l'assassinat d'un homme dans une mosquée, le 25 avril 2025. (SYLVAIN THOMAS / AFP)
La police bloque l'accès à une route, à La Grand-Combe, après l'assassinat d'un homme dans une mosquée, le 25 avril 2025. (SYLVAIN THOMAS / AFP)

Sa traque a duré trois jours. Olivier H., le suspect de l'assassinat d'un jeune Malien, Aboubakar Cissé, à la mosquée de La Grand-Combe (Gard), a finalement été interpellé dans le centre de l'Italie. Il "s'est rendu de lui-même dans un commissariat de Pistoia", non loin de Florence (Toscane), "dimanche vers 23 heures", a déclaré le procureur de la République d'Alès, Abdelkrim Grini, lundi 28 avril à l'AFP.

"Les moyens déployés ont été tels que celui-ci se savait activement recherché. Il a été pris dans un étau, et la seule issue pour lui était de se rendre", s'est félicité le magistrat. Plus de 70 policiers et gendarmes étaient mobilisés depuis vendredi pour "localiser et interpeller" cet homme considéré comme "potentiellement extrêmement dangereux".

Une information judiciaire a été ouverte pour meurtre avec préméditation et à raison de la race ou de la religion, a annoncé la procureure de Nîmes, Cécile Gensac,  lundi après-midi. Cette enquête va être désormais conduite sous sa houlette par un juge d'instruction du pôle criminel de Nîmes. La magistrate précise que le transfert d'Olivier H. pourrait prendre "de quelques jours à quelques semaines". Voici ce que l'on sait du suspect à ce stade.  

Il était inconnu des services de police 

Ce Français de 21 ans, né à Lyon en 2004, de nationalité française, était "domicilié sur le secteur de La Grand-Combe", non loin donc de la mosquée Khadidja où le drame s'est déroulé vendredi matin, a fait savoir la procureure de Nîmes lundi.

Contrairement à sa victime, l'homme "ne fréquentait absolument pas [la mosquée de La Grand-Combe] et n'y était a priori jamais venu auparavant", a précisé le procureur de la République d'Alès. Sans emploi, il était inconnu de la police et de la justice.

"C'est quelqu'un qui n'avait pas d'activité particulière", lors d'un point-presse devant la sous-préfecture, au côté du ministre de l'Intérieur. "A aucun moment, jusqu'à ces faits tragiques qui lui sont reprochés, il n'avait fait parler de lui", a-t-il souligné. Interpellé samedi, le petit frère du suspect a été placé quelques heures en garde à vue avant d'être relâché sans aucune charge, en début de soirée.

Il a laissé une vidéo des faits

Dans une vidéo de près de 30 secondes, postée après le drame, Olivier H. se félicite de son acte et insulte la religion de sa victime. "Je l'ai fait (...) ton Allah de merde", lance-t-il à deux reprises, alors qu'il est en train de filmer la victime agonisante avec son téléphone portable, avant de réaliser qu'il est aussi filmé par les caméras de surveillance à l'intérieur de la mosquée. Sur ces images, l'homme explique par ailleurs vouloir faire au moins deux autres victimes pour devenir un tueur en série.

Le procureur a répété que le suspect était considéré comme étant "extrêmement dangereux parce que le visionnage des enregistrements des caméras de surveillance de la mosquée montre qu'il a agi avec beaucoup de sang-froid et de détermination". Selon Abdelkrim Grini, "il a porté sur la victime quasiment une quarantaine de coups de couteau". "Il a commencé à le poignarder pendant quatre minutes. Une première série, puis une deuxième, à la troisième, il a sorti son téléphone alors qu'Aboubakar était déjà mort, et il l'a encore poignardé en filmant", a témoigné un bénévole de la mosquée qui a pu visionner les images des caméras de vidéosurveillance.

Il aurait pu agir par islamophobie

Bruno Retailleau a souligné que "bien sûr que la piste d'un acte antimusulman n'est pas du tout négligée, bien au contraire". "Il est hors de question de tolérer (...) ce genre d'acte", a martelé le ministre de l'Intérieur.

"Certains éléments pourraient laisser penser que ce mobile n'était peut-être pas le mobile premier (...) ou le seul mobile", a nuancé le procureur dimanche, se refusant à donner plus de détails sur ces autres pistes pour ne pas mettre en péril les investigations. Interrogé lundi sur BFMTV, le magistrat a expliqué  que le meurtrier avait "peut-être également des motivations de fascination de la mort, d'envie de donner la mort, d'envie aussi d'être considéré comme un tueur en série". 

"Les premiers éléments" de l'enquête ont conduit "à exclure l'hypothèse d'un meurtre entre personnes de même confession", a souligné la procureure de Nîmes lundi. Mais Olivier H. nie avoir agi par haine de l'islam, a déclaré Giovanni Salvietti, son avocat italien à l'AFP. Le suspect a affirmé aux enquêteurs "avoir tué la première personne qu'il a trouvée" sur son chemin. L'avocat souligne que son client "n'a rien dit contre l'islam ou contre les mosquées" lors de son audition. Il était "très silencieux, taciturne, renfermé", a ajouté Giovani Salvietti. Le jeune homme "a déclaré hier qu'il souhaite revenir en France". 

Il a pu bénéficier de l'aide de complices pour fuir 

Abdelkrim Grini a révélé sur franceinfo que les enquêteurs savaient "déjà depuis ce week-end" que le suspect avait quitté la France et s'était rendu en Italie. Après avoir commis son crime vendredi matin vers 8h30, le suspect "avait pu bénéficier de trois heures pour quitter les lieux et s’organiser. Nous l’avions repéré dans l’Hérault, nous l’avons manqué que de quelques minutes", a précisé le magistrat sur franceinfo.

Pour ce faire, il a pu bénéficier de l'aide de proches. "On voit mal comment il aurait pu le faire seul", a relevé le procureur. "Il a été certainement pris en charge par certaines personnes. Est-ce que ce sont des membres de sa famille ? Est-ce que ce sont des amis ? Pour le moment, nous ne savons pas", a-t-il expliqué sur BFMTV. Son avocat a simplement précisé lundi qu'il était arrivé sans bagage en train à Pistoia au cours du week-end, pour retrouver une tante paternelle. 

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