"Madoff des livres manuscrits" : ouverture du procès lundi de la société Aristophil, derrière une escroquerie inédite de près d'un milliard d'euros
La société Aristophil proposait d'investir dans des manuscrits de grands auteurs avec des taux d'intérêt très attractifs. L'affaire, jugée au tribunal correctionnel de Paris, rappelle le fonctionnement de l'escroquerie de l'homme d'affaires américain Bernard Madoff.
/2023/07/07/64a7df4c5fe71_placeholder-36b69ec8.png)
/2025/09/06/maxmatinnews294499-68bc8d0d61190258175007.jpg)
Les chiffres donnent le tournis : au moins 6 000 victimes, près d’un milliard d’euros de préjudice. Cette escroquerie inédite est jugée à partir du lundi 8 septembre (et pour quatre semaines) devant le tribunal correctionnel de Paris, appelée l’affaire Aristophil. Cette société proposait d’investir dans des manuscrits de grands auteurs, avec des taux d’intérêt très avantageux. Près de 9% par an, une promesse très alléchante, et quand on a des courtiers rodés et convaincants, difficile de ne pas se laisser tenter.
C’est comme cela qu’au début des années 2010 Jean-Marie Lecomte a été piégé. Il a aujourd’hui 81 ans et préside l’Adilema, l’une des associations de victimes qui représente 600 parties civiles. "Le but, c'était de mettre les gens confiance pour pouvoir les escroquer, leur retirer le maximum d'argent, raconte-t-il. Moi, j'ai investi dans des grands auteurs français, Raymond Queneau, Charles Baudelaire, Napoléon, Victor Hugo... J'ai ressenti que je m'étais fait avoir, mais je ne connaissais pas encore l'énormité de l'astuce !"
Une entreprise avec 60 salariés et un réseau de courtiers
Une astuce, ou plutôt une escroquerie, pour des victimes qui, en moyenne, ont mis 80 000 euros de leur poche, certaines ont investi près d’un million d’euros. Mais Aristophil était une vraie entreprise et pas du tout une coquille vide. Avec une soixantaine de salariés, un réseau de courtiers et surtout un catalogue, réel, de 130 000 manuscrits originaux, certains exposés dans une sorte de musée dans Paris, avec des parrains de renom comme Patrick Poivre d’Arvor. Aristophil a eu le premier Manifeste du surréalisme d’André Breton, Les Cent Vingt Journées de Sodome écrits par le marquis de Sade dans sa prison de la Bastille, entre autres.
Le fondateur d’Aristophil, Gérard Lhéritier, 77 ans aujourd’hui, avait acheté ces écrits et proposait aux investisseurs d’en être propriétaires, via des systèmes de lots et d’indivisions. Des investisseurs qui pouvaient revendre leurs parts à Aristophil au bout de cinq ans.
"C'était du vent"
Sauf que le coût de ces manuscrits était, pour beaucoup, largement surestimé. Aristophil assurait que ces écrits, d’intérêts forcément très variables, allaient prendre de la valeur, 10% par an, d’où cette promesse de taux d’intérêt importants. Par exemple, un manuscrit d’Albert Einstein avait été acheté initialement 600 000 euros et réestimé plusieurs dizaines de millions d’euros. Mais tout cela était artificiel, comme l’explique Philippe Julien, avocat de plusieurs centaines de victimes. "C'était du vent. Ça a été démontré, puisqu'on a revendu, sur une période de six ans, les 130 000 manuscrits, et vous avez à la fin une cagnotte, qui représente 7 % à 8 % du montant global qui avait été investi par les investisseurs", explique-t-il.
"Un écart de plus de 90% entre la valeur d'investissement et le prix de revente. C'est la démonstration que derrière la pyramide de manuscrits se cachait une pyramide de Ponzi."
Philippe Julien, avocat de plusieurs centaines de victimesà franceinfo
Pyramide de Ponzi ou encore "escroquerie à la Madoff" : les derniers investisseurs payent pour les premiers. Une bulle spéculative jusqu’à la faillite. Le stock d’Aristophil a été revendu aux enchères pendant six ans pour indemniser au mieux les victimes. Une escroquerie, d’après l’accusation, entretenue avec l’aide de plusieurs complices : un libraire, un comptable, un notaire, un professeur de droit...
Sept personnes en tout sont renvoyées devant le tribunal. Le premier d’entre eux, le patron d’Aristophil, Gérard Lhéritier, mis en examen il y a dix ans déjà, est un personnage haut en couleur. Pour la petite histoire, il avait gagné, en 2012 à l’EuroMillions, près de 170 millions d’euros.
À regarder
-
Donald Trump lance de (très) grands travaux à la Maison Blanche
-
Glissement de terrain : des appartements envahis par la boue
-
Emmanuel Macron sème la confusion sur la réforme des retraites
-
Tornade meurtrière : scènes d'apocalypse dans le Val-d'Oise
-
Nicolas Sarkozy : premier jour en prison
-
La lutte sans relâche contre les chauffards
-
L'OMS alerte sur la résistances aux antibiotiques
-
Les frères Lebrun, du rêve à la réalité
-
Que disent les images de l'incarcération de Nicolas Sarkozy ?
-
Algospeak, le langage secret de TikTok
-
Une Russe de 18 ans en prison après avoir chanté des chants interdits dans la rue
-
Cambriolage au Louvre : d'importantes failles de sécurité
-
"Avec Arco, on rit, on pleure..."
-
Wemby est de retour (et il a grandi)
-
Arnaque aux placements : la bonne affaire était trop belle
-
Une tornade près de Paris, comment c'est possible ?
-
La taxe Zucman exclue du prochain budget
-
Un ancien président en prison, une première
-
Normes : à quand la simplification ?
-
La Terre devient de plus en plus sombre
-
Cambriolage au Louvre : d'importantes failles de sécurité
-
Louis Aliot, vice-président du RN, et les "deux sortes de LR"
-
Nicolas Sarkozy incarcéré à la prison de la Santé
-
Décès d'une femme : les ratés du Samu ?
-
Louvre : cambriolages en série
-
Grues effondrées : tornade meurtrière dans le Val d'Oise
-
De nombreux sites paralysés à cause d'une panne d'Amazon
-
Hong Kong : un avion cargo quitte la piste
-
Quand Red Bull fait sa pub dans les amphis
-
Ces agriculteurs américains qui paient au prix fort la politique de Trump
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter