Libération de Serge Atlaoui : "Il n'est plus dans le couloir de la mort, il est sur le sol français", se réjouit son épouse

Serge Atlaoui est de retour en France après avoir passé 19 ans en prison en Indonésie pour trafic de drogue.

Article rédigé par franceinfo, avec ICI Lorraine
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Sabine Atlaoui, la femme de Serge Atlaoui, en juin 2015. (JOEL SAGET / AFP)
Sabine Atlaoui, la femme de Serge Atlaoui, en juin 2015. (JOEL SAGET / AFP)

"Il y a un énorme poids qui s'est volatilisé, c'est une libération, il est là", déclare avec soulagement mercredi 5 février, sur "ici Lorraine", Sabine Atlaoui, épouse de Serge Atlaoui de retour en France après avoir passé 19 ans en prison en Indonésie pour trafic de drogue. Il a été conduit à la prison d'Osny (Val-d'Oise). "Bien sûr qu'il est en détention, mais il n'est plus dans le couloir de la mort, se réjouit son épouse. Il est sur le sol français et d'une certaine manière, il est près de nous et maintenant, ça va aller".

En 2005, cet artisan soudeur mosellan, aujourd'hui âgé de 61 ans, avait été arrêté dans une usine où des dizaines de kilos de drogue avaient été découverts. Les autorités l'avaient accusé d'être un "chimiste". Il a toujours contesté sa culpabilité. D'abord condamné à la prison à vie en 2005, puis à la peine capitale en appel en 2007, il devait être exécuté aux côtés de huit autres condamnés en 2015, mais il avait finalement obtenu un sursis après des pressions de Paris. Après 19 ans dans le couloir de la mort, il a bénéficié d'un accord de rapatriement conclu fin janvier entre la France et l'Indonésie. 

Son avocat, maître Richard Sédillot, a ressenti "beaucoup d'émotion" quand il a eu la confirmation que Serge Atlaoui était bien arrivé mercredi en France. "C'est probablement le moment le plus émouvant pour un avocat", déclare-t-il sur "ici Lorraine". Il espère maintenant qu'il aura une vie "la plus sereine possible". Il compte sur un aménagement de peine, voire obtenir la libération de Serge Atlaoui. 
L'avocat n'a pas encore pu voir son client, mais il doit le rencontrer jeudi à la prison d'Osny. "Nous allons parler tous les deux de la suite qui va être réservée à ce dossier et de l'audience d'adaptation devant le tribunal correctionnel de Pontoise (Val-d'Oise) qui se tiendra la semaine prochaine", précise Me Sédillot.

Militante "à vie" contre la peine de mort

Sabine Atlaoui n'a pas parlé à son mari depuis sa libération : "Pas encore, c'est une attente qui est assez terrible d'avoir un premier contact. Il y a une explosion d'émotions", avoue-t-elle. La dernière fois que Sabine Atlaoui a vu son mari "c'était en 2019 lors d'un aller-retour très rapide, juste le temps de lui rendre visite et de repartir" en France. "J'ai suivi son vol toute la nuit, il a mis les pieds en France et là, maintenant, je n'ai plus rien à quoi me raccrocher. J'espère juste qu'il va bien", poursuit sa femme. Serge Atlaoui est père de quatre enfants. Son dernier fils Yacine est aujourd'hui âgé de 13 ans. "Il est chamboulé, il est dans l'attente" aussi et "j'espère que ça ne va pas durer trop longtemps", poursuit Sabine. 

Sabine Atlaoui imagine ses retrouvailles avec son mari après 19 ans de séparation, "j'avais 32 ans et serge 41 ans. Ça va être une redécouverte, c'est l'inconnu". "On a besoin qu'il soit libre et ce n'est pas seulement Serge qui sera libéré, c'est toute une famille, des proches qui attendent depuis 19 ans, les enfants, il y a 5 petits-enfants, qui attendent de le voir. La liberté de Serge, c'est la liberté de tous", a confié Sabine Atlaoui.

Avec la libération de Serge Atlaoui, "ce n'est pas seulement Serge qui sera libéré, c'est toute une famille, des proches qui attendent depuis 19 ans". En 2015, il y a énormément de monde dont le cœur a battu pendant des jours et des jours jusqu'à ce qu'il soit retiré de la liste d'exécution. Donc la libération de Serge, c'est la liberté de tous en même temps", estime-t-elle. Malgré le retour de son mari en France, elle "continuera à militer contre la peine de mort, quand on devient militante, on le reste à vie. Ça me colle à la peau jusqu'à la fin de ma vie". 

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