Disparition de Delphine Jubillar : ex-compagnes, codétenu… Ces témoignages selon lesquels Cédric Jubillar a avoué être impliqué

Article rédigé par Catherine Fournier
France Télévisions
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Temps de lecture : 9min
Cédric Jubillar lors d'un rassemblement à Albi (Tarn), le 11 janvier 2021. (REMY GABALDA / MAXPPP)
Cédric Jubillar lors d'un rassemblement à Albi (Tarn), le 11 janvier 2021. (REMY GABALDA / MAXPPP)

Depuis l'arrestation du peintre-plaquiste, plusieurs personnes ont rapporté ces dernières années qu'il s'est confié sur le meurtre de son épouse. Mais jusqu'à présent, ces propos rapportés n'ont pas permis de retrouver le corps de la disparue.

Cédric Jubillar se montrera-t-il aussi prolixe devant la cour d'assises du Tarn, où il sera jugé pour le meurtre de son épouse à partir du 22 septembre ? Depuis son placement en détention dans l'affaire de la disparition de sa femme, Delphine, le suspect de 38 ans s'est épanché à plusieurs reprises sur les faits, selon plusieurs personnes qui ont témoigné auprès des enquêteurs et des médias. Dernière en date : son ex-petite amie. Cette jeune femme a affirmé auprès du Parisien avoir recueilli des confidences au parloir sur la manière dont Cédric Jubillar aurait "étranglé" Delphine Jubillar-Aussaguel le soir de sa disparition, la nuit du 15 au 16 décembre 2020.

Ces accusations sont balayées par les avocats de la défense, qui rappellent que leur client n'a cessé de clamer son innocence depuis sa mise en examen. "Ce n'est pas la première fois que Cédric Jubillar fait des déclarations soi-disant fracassantes de ce type, qui n'ont rien donné", glisse également une source proche du dossier. Franceinfo revient sur ces propos rapportés, qui n'ont jusqu'à présent jamais permis de retrouver le corps de la disparue. 

Un ancien voisin de cellule assure que Cédric Jubillar lui a dit qu'il s'était "débarrassé" de sa femme

En septembre 2021, un détenu de la prison de Seysses, près de Toulouse, demande à être entendu par les enquêteurs(Nouvelle fenêtre). Pendant près de deux mois, un mur le séparait de Cédric Jubillar dans le quartier d'isolement. Selon cet homme prénommé Marco, son voisin de cellule a fini par se confier sur les faits survenus la nuit de la disparition. D'après son récit, réitéré devant les équipes d'"Envoyé spécial" de France 2 depuis le Portugal où il vit désormais, Cédric Jubillar a "pété les plombs" après avoir trouvé sa femme en train d'envoyer des messages à son amant. "Je m'en suis débarrassé", aurait-il lâché, faisant appel à l'expérience de Marco, condamné dans le passé à quinze ans de réclusion criminelle et qui purgeait alors une courte peine (pour menaces de mort sur des surveillants pénitentiaires).

Toujours selon cet ex-détenu, Cédric Jubillar s'est inquiété de savoir "dans combien de temps" "une boîte dans la terre" "peut être découverte, par rapport aux inondations", précisant qu'il s'agissait d'un terrain "en pente", situé près d'un "endroit brûlé". Les lieux, à Cagnac-les-Mines (Tarn), proches d'une ferme effectivement en partie détruite par un incendie, ont été fouillés, en vain.

Une autre piste, émanant également de Marco, a attiré l'attention des enquêteurs : celle d'une voiture blanche que le suspect aurait pu emprunter à l'un de ses voisins pour transporter le corps. Une piste vérifiée par les enquêteurs et qui n'a rien donné. "Les recherches menées depuis décembre démontrent que cet homme a raconté n'importe quoi", a déclaré Alexandre Martin, l'un des avocats de Cédric Jubillar, auprès de France 3 Occitanie. En mai 2022, une confrontation entre les deux hommes, qui ont campé sur leurs positions, n'avait pas permis d'avancée majeure dans l'enquête. 

Une ancienne compagne affirme que Cédric Jubillar lui a déclaré avoir "enterré" Delphine

Quelques temps avant sa mise en examen, en juin 2021, Cédric Jubillar s'affiche sur Facebook avec une nouvelle compagne, Séverine L. Selon La Dépêche du midi, cette aide à domicile a fait connaissance avec le couple Jubillar lorsqu'il vivait à Arthès, petite commune du Tarn, avant de s'installer à Cagnac-les-Mines. Elle a participé aux recherches pour retrouver Delphine et s'est alors rapprochée de Cédric Jubillar. Pendant deux mois, cette femme va partager son quotidien, avant son placement en détention provisoire.

Un jour, Séverine L. lui demande : "Dis-moi ce que tu as fait de ta femme…" "Il m'a répondu du tac au tac, très sérieusement : 'Je l'ai enterrée dans la ferme qui a brûlé !'", raconte-t-elle en septembre 2022 à Paris Match. "Je lui ai aussi demandé pourquoi il avait appelé les gendarmes aussi rapidement, vingt minutes seulement après la disparition de sa femme : 'A 6 heures, je me levais pour aller bosser, je n'avais pas que ça à foutre'. Sa réponse était si naturelle… Un coupable dirait ça ?", s'interroge-t-elle. Elle rapporte qu'il lui disait souvent, en parlant des gendarmes : "ils me prennent pour un con, ils veulent jouer, alors on va jouer". Et pense que "la médiatisation de l'affaire lui est un peu montée à la tête".

Séverine L. a été placée en garde à vue pour "complicité de recel de cadavre" en décembre 2021. Comme le rappelle La Dépêche du Midi, l'ancien codétenu Marco avait affirmé qu'elle connaissait l'endroit de la sépulture. Elle a cependant été relâchée sans aucune poursuite.

Une récente petite amie témoigne avoir reçu des confidences sur le meurtre lors d'une visite au parloir

Une femme se présentant comme la récente petite amie de Cédric Jubillar affirme jeudi au Parisien(Nouvelle fenêtre) et à France Télévisions que le suspect lui a avoué avoir tué son épouse. Mercredi, La Dépêche du Midi(Nouvelle fenêtre) a révélé l'existence du témoignage de cette femme. Selon celle-ci, qui dit fréquenter Cédric Jubillar depuis plusieurs mois et assure avoir pris ses distances récemment, le détenu lui a confié au parloir de la prison de Seysses avoir "étranglé" son épouse sur "le canapé" à leur domicile de Cagnac-les-Mines, mimant même ses gestes. 

Selon son récit, le peintre-plaquiste lui a expliqué avoir ensuite embarqué le corps dans une voiture, profitant de la pente pour ne pas allumer le moteur, et avoir caché la dépouille "sur une exploitation agricole" située "au sud d'Albi", repérée un mois plus tôt à l'occasion d'un de ses chantiers. "Il m'a fait comprendre qu'il avait eu le temps de préparer le lieu où il l'a enterrée""bien avant" les faits, ajoute-t-elle auprès du Parisien

La Dépêche relève toutefois plusieurs incohérences au regard des éléments du dossier. Notamment le fait que, selon ce témoignage, le suspect ait "jeté le téléphone de Delphine par la fenêtre" de la voiture en allant se débarrasser du corps de son épouse. Selon les enquêteurs, l'appareil a été réactivé plusieurs fois dans la nuit. Dans son interview au Parisien, l'ancienne petite amie livre un récit un peu différent sur ce point : "Il m'a dit avoir recherché des photos dans le téléphone de Delphine", le déverrouillant avec le doigt de la victime, puis, "à je ne sais quel moment", l'avoir "caché dans un lieu situé 'en hauteur'".

Contacté par franceinfo, Jean-Baptiste Alary, l'un des avocats de Cédric Jubillar, évoque "une version qui n'est pas corroborée par les éléments du dossier". "C'est une tempête dans un verre d'eau", estime-t-il. Pour la famille de la disparue, il s'agit d'une énième "jubillardise", une façon, selon elle, pour Cédric Jubillar, de chercher toujours plus de notoriété. Le parquet général de Toulouse a tout de même transmis jeudi à la présidente de la cour d'assises du Tarn un procès-verbal sur ces déclarations. Il a été établi le 12 juin par les gendarmes à partir de l'appel téléphonique d'un "individu rapportant les confidences de la compagne de Cédric Jubillar". Il revient désormais à la magistrate qui présidera le procès d'ordonner ou non de nouvelles investigations ou auditions.

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