Disparition de Delphine Jubillar : à deux mois du procès, l'ex-petite amie de Cédric Jubillar affirme qu'il lui a avoué avoir "étranglé" son épouse

Ce n'est pas la première fois que des confidences prêtées au principal suspect, souvent contradictoires, interviennent dans cette affaire.

Article rédigé par Catherine Fournier
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Cédric Jubillar, le mari de Delphine Jubillar-Aussaguel, disparue en décembre 2020, participe à un rassemblement à Albi (Tarn), le 12 juin 2021. (FRED SCHEIBER / AFP)
Cédric Jubillar, le mari de Delphine Jubillar-Aussaguel, disparue en décembre 2020, participe à un rassemblement à Albi (Tarn), le 12 juin 2021. (FRED SCHEIBER / AFP)

Alors que la date du procès de Cédric Jubillar approche, l'affaire connaît de nouveaux soubresauts. Une femme se présentant comme la récente petite amie du mis en examen affirme dans Le Parisien, jeudi 10 juillet, que ce dernier lui a avoué avoir tué son épouse, Delphine Jubillar-Aussaguel, disparue depuis la nuit du 15 au 16 décembre 2020. Mercredi, La Dépêche du Midi avait révélé l'existence du témoignage de cette femme, sans préciser la source de ses informations, connues des enquêteurs selon le journal. Cédric Jubillar doit être jugé pour l'homicide volontaire de son épouse à partir du 22 septembre.

Selon cette femme, qui le fréquente depuis l'automne dernier et dit avoir pris ses distances récemment, le détenu lui a confié au parloir de la prison de Seysses, "en plusieurs temps, entre février, mars et avril de cette année", avoir "étranglé" son épouse la nuit de la disparition, à leur domicile de Cagnac-les-Mines (Tarn), mimant même ses gestes. "Il a posé une main sur mon front et fait une clé de coude avec l'autre bras disponible, affirme-t-elle au Parisien. Il m'a expliqué avoir ensuite serré tellement longtemps que cela aurait provoqué une petite blessure sur son avant-bras."

Selon son récit, le peintre-plaquiste lui a expliqué avoir ensuite embarqué le corps dans une voiture, profitant de la pente pour ne pas allumer le moteur, et avoir caché la dépouille "sur une exploitation agricole" située "au sud d'Albi", repérée un mois plus tôt à l'occasion d'un de ses chantiers. "Il m'a fait comprendre qu'il avait eu le temps de préparer le lieu où il l'a enterrée", "bien avant" les faits, ajoute-t-elle dans Le Parisien.

"Il m'a dit l'avoir étranglée chez eux"

France Télévisions a également recueilli le témoignage de cette femme. "Il m'a avoué avoir tué sa femme. Il m'a dit l'avoir étranglée chez eux, sur le canapé", relate-t-elle devant la caméra, le visage dissimulé. "Il avait brûlé la doudoune blanche de Delphine, ainsi que ses chaussures à lui dont il s'était servi pour cette nuit-là", détaille ensuite l'ancienne compagne de Cédric Jubillar.

Des éléments similaires à ceux rapportés la veille par La Dépêche. Le quotidien local relevait toutefois que plusieurs de ces déclarations prêtées à Cédric Jubillar semblent incohérentes au regard des éléments du dossier. Notamment le fait que, selon ce témoignage, le suspect ait "jeté le téléphone de Delphine par la fenêtre" de la voiture en allant se débarrasser du corps de son épouse

Mais selon les enquêteurs, l'appareil a été réactivé plusieurs fois dans la nuit. Jeudi, dans son interview au Parisien, l'ancienne petite amie du détenu livre un récit un peu différent sur ce point : "Il m'a dit avoir recherché des photos dans le téléphone de Delphine", le déverrouillant avec le doigt de la victime, puis, "à je ne sais quel moment", l'avoir "caché dans un lieu situé 'en hauteur'".

"Ce sont des informations qui nous surprennent et qui sont en contradiction avec la position de notre client, Cédric Jubillar", qui "continue de clamer son innocence, car ce dossier reste totalement vide", ont réagi ses avocats, Alexandre Martin, Emmanuelle Franck et Jean-Baptiste Alary, auprès de La Dépêche du Midi. La défense accuse ainsi la jeune femme d'avoir un "profil sulfureux".

"On considère que c'est un coup monté par l'accusation puisque la meilleure preuve, c'est qu'elle est informée de ces déclarations et qu'elle ne les révèle pas !"

Les avocats de Cédric Jubillar

à "La Dépêche du Midi"

Une source proche du dossier estime au contraire, auprès de franceinfo, que "la multiplication des versions contradictoires permet à la défense de semer le doute et d'essayer de retarder le procès". "Ce n'est pas la première fois que Cédric Jubillar fait des déclarations soi-disant fracassantes de ce type, qui n'ont rien donné", ajoute cette même source.

Un codétenu avait raconté une autre version

Dans un communiqué, le procureur général auprès de la cour d'appel de Toulouse affirme que les gendarmes ont reçu, le 14 mai, "un appel téléphonique d'un individu" leur rapportant "avoir reçu les confidences de la compagne de Cédric Jubillar sur son implication dans les faits qui lui sont reprochés". Cet "évènement" a été acté sur procès-verbal un mois plus tard, "le 12 juin", et transmis seulement jeudi au parquet général, soit le lendemain des révélations de La Dépêche du Midi. Le document en question doit "être communiqué dans les meilleurs délais à la présidente de la cour d'assises du Tarn", la seule habilitée à décider d'ordonner d'éventuelles nouvelles investigations ou auditions.

Celle-ci a déjà refusé une demande de nouvelles fouilles, sollicitées par Pauline Rongier, l'avocate de la meilleure amie de Delphine Jubillar-Aussaguel, au motif que le téléphone de Cédric Jubillar a été, selon elle, localisé à plusieurs reprises dans une zone boisée non explorée par les enquêteurs. En septembre 2021, un codétenu de Cédric Jubillar avait de son côté affirmé avoir recueilli les confidences de son voisin de cellule, qui lui aurait raconté avoir poignardé sa femme et avoir dissimulé sa dépouille près d'une ferme incendiée. Ce codétenu avait également déclaré que la compagne de l'époque de Cédric Jubillar était au courant de l'emplacement du corps de la victime. La garde à vue de cette femme n'avait rien donné. 

Quant à l'avocat de la nouvelle petite amie, Joaquinito Maria Alogo de Obono, il estime dans un communiqué que les propos de la défense sont "diffamants" envers sa cliente, et se réserve le droit d'une action en justice.

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