Cambriolage au Louvre : où en est l'enquête, alors que les voleurs de bijoux courent toujours ?
Aucune piste n'est écartée, mais à ce stade, tous les éléments relèvent de la criminalité organisée, selon le parquet de Paris, et non d'une ingérence étrangère.
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Une centaine d'enquêteurs de la Brigade de répression du banditisme (BRB) sont à leurs trousses. Les quatre individus suspectés d'avoir réalisé le casse du siècle au Louvre sont toujours activement recherchés, mardi 21 octobre, ainsi que leur butin historique : huit bijoux royaux de l'époque napoléonienne, d'une valeur patrimoniale inestimable. Le temps presse pour retrouver ces joyaux intacts, le risque qu'ils soient dépecés pour être écoulés à l'étranger étant élevé. Voici où en est l'enquête, dirigée par les magistrats de la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Paris.
La piste de la grande criminalité privilégiée à celle de l'ingérence étrangère
Les quatre hommes sont arrivés à bord d'un camion-nacelle et de deux scooters T-Max pour commettre leur forfait en plein jour, à 9h30 du matin. Malgré le caractère symbolique de ce vol, ciblant un pan de l'Histoire française, l'hypothèse d'"une ingérence étrangère" n'est pas privilégiée par les autorités judiciaires. "Rien ne permet d'établir de parallèle avec les neuf dossiers d'ingérence déjà connus, qui étaient manifestement commandités depuis l'étranger, et sans dommage matériel réel", indique le parquet de Paris.
Pour l'instant, tous les éléments recueillis par les enquêteurs relèvent de la criminalité organisée, ajoute la même source. "La criminalité organisée peut avoir deux objectifs, soit d'avoir agi au bénéfice d'un commanditaire, soit d'avoir" voulu obtenir "des pierres précieuses pour pratiquer des opérations de blanchiment", a relevé lundi la procureure de la République de Paris, Laure Beccuau, sur BFMTV.
Si le mode opératoire interroge, dans la mesure où les cambrioleurs ont paru avoir ciblé deux vitrines en particulier dans la galerie d'Apollon, l'objectif financier, avec le démantèlement des bijoux pour revendre l'or fondu et les pierres précieuses au détail, semble s'imposer. "Tout comme lorsque des bijoux sont volés dans des bijouteries de la place Vendôme, on les démonte et on extrait les pierres", souligne une source policière à franceinfo, glissant que le Louvre est finalement moins sécurisé que ces bijouteries.
Des cambrioleurs "chevronnés" qui pourraient être "étrangers" et connus pour des faits similaires
Mardi, la procureure Laure Beccuau a confirmé sur RTL le chiffre de "quatre personnes identifiées comme étant présentes sur les lieux", tout en ouvrant la porte à ce qu'"autour d'eux", il y ait "tout un tas d'équipes" qui les aient "aidés à perpétrer ce vol". Pour le ministre de l'Intérieur, Laurent Nuñez, il s'agit de cambrioleurs "chevronnés" qui pourraient être "étrangers" et "éventuellement" connus pour des faits similaires. Les caméras de surveillance les ont pistés jusqu'à l'autoroute A6, qu'ils ont empruntée après avoir longé les quais et le boulevard périphérique. Ils peuvent être loin dès à présent.
L'Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC) et ses 34 enquêteurs viennent ainsi en appui à la BRB pour orienter les recherches à l'international, grâce à un réseau des polices européennes.
Europol met par exemple à disposition "sa messagerie sécurisée pour que les différents pays puissent communiquer en direct, rapidement et en toute sécurité". Son spécialiste en charge de la coordination internationale des enquêtes liées au trafic des biens culturels met aussi "au profit des enquêteurs son expertise et sa connaissance du marché de l'art", explique l'agence européenne de police criminelle à franceinfo.
Un gilet jaune, des gants et d'autres objets retrouvés sur place soumis à des analyses
Ces quatre individus ont beau avoir fait preuve de sang-froid pour mener ce casse en plein jour, à deux pas de la préfecture de police de Paris, ils ont laissé un certain nombre d'indices dans leur fuite. Comme le signale le parquet de Paris, un gilet jaune que l'un d’eux portait pour se faire passer pour un professionnel du bâtiment a été retrouvé, ainsi qu'une bouteille de liquide en partie versée dans le camion-nacelle, sans doute pour y mettre le feu.
Selon nos informations, les policiers ont également découvert sur les lieux les deux disqueuses qui ont servi à découper la vitre de la fenêtre et les deux vitrines, ainsi que des gants, un talkie-walkie, un chalumeau et une couverture. Tout ce matériel est soumis à des analyses, notamment pour identifier d'éventuelles traces ADN qui permettraient d'identifier les suspects s'ils sont déjà connus des services de police. La procureure a dit sur RTL "attendre avec intérêt de savoir si, selon le jargon policier", les empreintes retrouvées "vont matcher ou pas" : "Elles sont en cours d'analyse."
La nacelle obtenue via une "pseudo-location" pour "un prétendu déménagement"
Selon la procureure de la République de Paris, le camion-nacelle qui a servi à commettre le vol a été obtenu par les malfaiteurs via "une pseudo-location sur un prétendu déménagement". "Lorsque l'un des employés de cette entreprise se présentait sur les lieux du déménagement, il s'est trouvé confronté à deux hommes menaçants mais qui n'ont usé à son encontre d'aucune violence", a précisé Laure Beccuau, évoquant un dépôt de plainte le 10 octobre.
La nacelle avait été louée à une entreprise du Val-d'Oise, a appris France Inter mercredi 22 octobre auprès du propriétaire de cet établissement. Le monte-charge avait été réservé le 9 octobre auprès de ce loueur, situé dans la ville de… Louvres. Selon le récit fait auprès de France Inter, le lendemain, un technicien est envoyé sur le lieu de rendez-vous pour livrer l'engin. Deux hommes cagoulés arrivent à scooter et menacent verbalement le salarié, puis repartent avec le monte-meubles et le scooter, sans laisser le chèque. Dimanche, lorsque le patron a vu les images du cambriolage, il a reconnu son camion-nacelle, avec de fausses plaques d'immatriculation et le nom de son entreprise effacé.
Le système d'alarme du Louvre en cours de vérification
Ce vol spectaculaire a déclenché une polémique politique et relancé le débat sur la sécurité du musée. La ministre de la Culture, Rachida Dati, a annoncé une enquête administrative, en parallèle des investigations judiciaires, "pour avoir un vrai déroulé" de "ce qui s'est passé", "à la seconde près". Elle a toutefois assuré mardi, lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, que "les dispositifs de sécurité du musée n'[avaient] pas été défaillants".
Selon un communiqué du ministère diffusé dimanche, "les alarmes respectivement situées sur la fenêtre extérieure de la galerie d'Apollon ainsi que sur les deux vitrines concernées se sont déclenchées". Mais une source policière affirme auprès de franceinfo que les malfaiteurs sont rentrés par une fenêtre "dont le système d'alarme est en panne depuis un mois et demi. Ça suppose du renseignement, des complicités, du repérage. La fenêtre n'a pas sonné…" "Les vérifications se poursuivent sur le fonctionnement des systèmes d'alarme", précise mardi le parquet de Paris. Interrogée sur l'existence d'éventuelles complicités internes au sein du musée le plus visité au monde, la procureure Laure Beccuau a répondu sur RTL ne pas pouvoir "répondre par oui ou par non" à ce stade.
Seule certitude, selon la police, à 9h37, trois minutes après l'intrusion du commando dans la galerie, l'alarme Ramsès a été activée. C'est la plateforme de sécurité qui relie le Louvre au ministère de l'Intérieur. Un vigile assure avoir donné le signal dès l'effraction constatée.
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