Arrestation de Mohamed Amra : ce que l'on sait de la vingtaine de personnes placées en garde à vue
Une majorité a été arrêtée en Normandie, la région d'origine du fugitif. D'autres ont été interpellées à l’étranger, comme le narcotrafiquant, dont la cavale a pris fin samedi en Roumanie.
Elles sont soupçonnées d'avoir porté assistance à Mohamed Amra dans son évasion meurtrière du 14 mai 2024 ou dans sa cavale. Entre dimanche 23 et mardi 25 février, vingt-huit personnes ont été placées en garde à vue, dans la foulée de l'arrestation du multirécidiviste de 30 ans à Bucarest, en Roumanie, samedi. Parmi ces suspects, âgés de 16 à 37 ans, figurent 18 hommes et sept femmes, a fait savoir le parquet de Paris. Six ont été remises en liberté pour l'instant, selon la même source. Les autres peuvent rester en garde à vue jusqu'à 96 heures. Une nouvelle conférence de presse du parquet est prévue vendredi.
"Les investigations ont permis d'établir qu'autour de Mohamed Amra existait le déploiement d'une organisation criminelle déterminée dans sa préparation et dans son action", a indiqué sur franceinfo la procureure de Paris, Laure Beccuau. Il y avait "une équipe de voleurs, de repérage, de logisticiens, de guetteurs, de commando", a-t-elle précisé, ajoutant que "l'ensemble des protagonistes ont eu recours à des armes lourdes et des lignes de téléphone dédiées". Voici ce que l'on sait de leur profil.
Des interpellations en France, notamment en Normandie
Entre dimanche et lundi, dans les heures qui ont suivi l'arrestation de celui qu'on surnomme "La Mouche", vingt-deux personnes ont été interpellées en France, selon le parquet de Paris. Une partie l'a été en Normandie, selon les informations de "ici Normandie" : deux personnes à Rouen (Seine-Maritime), dans les quartiers de Grammont et Saint-Sever, où Mohamed Amra a grandi, deux personnes à Sotteville-lès-Rouen, une à Petit-Couronne et trois à Évreux (Eure). Des armes de poing et au moins un fusil de type kalachnikov ont été retrouvés lors des perquisitions. Des téléphones portables ont également été saisis et vont être exploités par les enquêteurs. Mardi, deux autres personnes ont été placées en garde à vue, sans que la localisation de leur interpellation soit précisée par le parquet.
Quatre personnes extraites de prison
Dans ce vaste coup de filet de l'Office central de répression de la criminalité organisée ont aussi été prises des personnes déjà détenues dans d'autres affaires. "Quatre ont été extraites de leur lieu de détention" pour être interrogées, a annoncé le parquet de Paris. Parmi elles, Alexandre G.-B., 28 ans, placé en garde à vue à Nanterre, dans les locaux de la police judiciaire.
Les enquêteurs le soupçonnent d'avoir été présent le jour de l'évasion, dans un café situé juste en face du palais de justice de Rouen, où Mohamed Amra était entendu par un juge d'instruction pour une autre affaire, raison pour laquelle il avait été extrait de sa cellule. Selon une source proche de l'enquête à France Télévisions, Alexandre G. B. surveillait le départ du convoi pénitentiaire et aurait prévenu, par téléphone, ses complices, positionnés au péage d'Incarville, à 30 km de là, et qui se tenaient prêts à donner l'assaut.
Les enquêteurs sont remontés jusqu'à lui en examinant les images de vidéosurveillance. Ils ont découvert que dans les jours précédents l'attaque du convoi, Alexandre G.-B. avait fait plusieurs fois le trajet entre Rouen et Incarville, à grande vitesse, comme s'il voulait calculer le temps de parcours du convoi pénitentiaire.
Impliqué dans une affaire de meurtre dans une boîte de nuit au nord de Paris quelques mois plus tard, en octobre 2024, il avait fui au Sénégal, avant de revenir en France pour des raisons personnelles, la mort de trois proches dans un accident de voiture. Il avait alors été interpellé.
Trois suspects arrêtés à l'étranger, dont un homme soupçonné d'être l'auteur des tirs mortels
Preuve de la dimension internationale de cette enquête, trois personnes ont été interpellées à l'étranger. Un homme âgé de 32 ans était l'une des cibles prioritaires des enquêteurs français depuis son départ précipité en Espagne, à l'été 2024. Sa luxueuse villa, une vraie forteresse avec de hauts murs, des grilles, de la vidéosurveillance et des détecteurs de mouvement, a été perquisitionnée en pleine nuit à Mijas dans la province de Malaga, dans le sud du pays. Originaire d'Evreux et surnommé "Abe" ou "Le Prof", il est soupçonné d'être l'auteur des tirs qui ont coûté la vie à deux surveillants pénitentiaires lors de l'évasion.
Lors de la perquisition, les enquêteurs ont notamment retrouvé deux armes à feu chargées, dont un fusil à pompe, des munitions, des brouilleurs d'onde, des plaques d'immatriculation françaises dont le numéro a été usurpé et un véhicule de luxe volé en France.
Deux autres personnes ont été interpellées au Maroc et sont également suspectées, selon une source proche du dossier à franceinfo, d'avoir fait partie du commando. Il s'agit de deux Français âgés de 28 et 38 ans, interpellés dimanche soir à Marrakech, a rapporté à l'AFP la direction générale de la sûreté nationale du Maroc. Ils faisaient l'objet d'une notice rouge d'Interpol. Ils sont en "rétention" et la "procédure diplomatique de demande de remise [à la France] est en cours", a précisé le parquet de Paris.
Des membres du groupe BMF, une organisation criminelle spécialisée dans le trafic de stupéfiants
Parmi toutes ces personnes, certaines, au lourd casier judiciaire, sont soupçonnées d’appartenir à un groupe criminel appelé BMF ou Black Manjak Family. Une organisation inspirée de la Black Mafia Family américaine et qui, d'après un connaisseur du dossier joint par franceinfo, se livre au trafic de stupéfiants en Normandie et gravite aussi dans le monde du rap, notamment dans l'entourage du rappeur Koba LaD. Des malfaiteurs "chevronnés", commente cette même source, qui sont soupçonnées d'avoir joué un rôle de premier plan dans l'évasion de Mohamed Amra.
La procureure de Paris a confirmé que dans l'environnement du fugitif, "il y a effectivement un certain nombre de personnes qui peuvent appartenir" à la Black Mafia Family et "dont l'activité mérite d'être creusée".
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